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Coup de cœur francophone: Marie-Pierre Arthur

Marie-Pierre Arthur: cœur de rockeurs
Jean-François Cyr

MONTRÉAL -Avec un album très apprécié (Aux alentours), cinq nominations à l'ADISQ et une performance devant un million de téléspectateurs, le choix de Marie-Pierre Arthur était tout désigné pour l'ouverture officielle du 26e Coup de cœur francophone. Au La Tulipe de Montréal, jeudi soir, la jeune chanteuse à l'attitude rock a démontré sur scène qu'elle est présentement à la hauteur du meilleur talent féminin québécois.

La pièce Fil de soie est à peine envoyée dans la salle située sur la rue Papineau que déjà les spectateurs chantent les paroles «pour toi j'aurais voulu changer...mais je ne peux pas tout abandonner». L'indépendance farouche semble avoir gagné sur l'amour. On y croit. Sur scène, les chœurs sont efficaces (Geneviève Jodoin et Nancy Fortin sont aux vocales), la charge électrisante des guitares est géniale (les excellents Joe Grass et Guillaume Doiron) et les rythmes groovy de la batterie (José Major) et de la basse (Marie-Pierre Arthur) donnent vraiment envie de bouger.

À voir également le claviériste François Lafontaine, déchaîné aux claviers, on comprend que l'énergie est ici de mise. Dans un mode debout/assis constant, le gars n'arrête jamais. Il sautille, tape des mains et veille à l'orchestration, tout ça dans une approche cool qui laisse croire qu'il est plus que dans son élément. Il tripe. Et les autres musiciens ne sont pas en reste non plus avec leur joyeuse dégaine contagieuse qui se propage dans les morceaux suivants intitulés Pour une fois et Si tu savais (sur cette pièce, impeccable travail de José Major, qui s'inscrit certainement comme l'un des meilleurs batteurs montréalais).

De rock et de velours

En plus de jouer la presque totalité des chansons issues de son dernier disque, Arthur a offert certaines pièces de son précédent imprimé (éponyme) qui l'avait révélé au public en 2009. La balade Déposer les armes est l'une d'entre elles. Le texte y parle du désir de partir ailleurs sans regret. Sur de très beaux arrangements, la musique commence en douceur, puis fait de la place à une montée rythmique convaincante. C'est nuancé et lourd à la fois. Du solide. Et que dire du clavier psychédélique en finale...

À Encore là, la formation ralentit la cadence pour une pièce aérienne dans laquelle la chanteuse met à profit les aigus de sa voix. À mi-chemin, surprenant solo de guitare de Joe Grass, qui propulse de nouveau l'audience dans une ambiance rock quelque peu introspective. Ici, le batteur est en feu.

Après Elle et ses belles vocalises livrées en complicité avec la foule, Arthur propose une autre «vieille chanson» intitulée Ma tête à off. Sympathique bluegrass avec envolées vocales et jolis grattements de banjo. Le clavier est fou. Certaines des sonorités nous font penser au travail du groupe mythique américain The Doors.

Sur la Chanson pour Dan (son ami décédé), le temps est au sentiment et à la fragilité. L'introduction à la guitare acoustique (Marie-Pierre Arthur) est délicate et intimiste. Les jeux de lumière (Mathieu Roy à la conception) ajoutent un élément dramatique au moment.

La gang

Très à l'aise en spectacle, Arthur démontre depuis le début de sa tournée (hiver 2012) qu'elle est une fille de groupe et de scène. Spontanée, simple, généreuse, elle se plaît à échanger et rigoler avec l'auditoire, tout comme avec ses musiciens (tous des gars). C'est d'ailleurs pendant la reprise de Jealous Guy (paroles et musique de John Lennon) que cette affirmation prend tout son sens. Pendant que les quatre musiciens interprètent des passages de ce morceau d'anthologie, Arthur présente ses hommes de la formation. Trip de «gang» d'un savoureux magnétisme.

Viendront ensuite Chacun pour toi, l'enlevante Emmène-moi (lignes de clavier dévastatrices de Lafontaine), Pourquoi, et la colorée All Right, qui semble mieux réussie que lors de son concert des FrancoFolies (en juin) auquel nous avons aussi assisté. Plus vibrante, pourrions-nous dire.

Sage décadence

Au rappel, on entendra la touchante À partir de maintenant. Regroupés en position assise autour de Joe Grass, au banjo, Marie-Pierre Arthur, José Major (à la voix étonnante) et François Lafontaine (pas mal non plus) ont chanté en chœur une partie de la pièce. Tout est acoustique et sans micro. Côté cour, un peu à l'écart, Guillaume Doiron joue de la guitare, le sourire étampé au visage. Ils s'amusent et leur complicité est rayonnante. Soudain, sur des lignes mélodiques de banjo, tous les musiciens se dirigent à leur position respective pour changer le ton. Livrée sans voix, la dernière partie du morceau est emportée dans un rock planant de haute voltige.

Durant tout le concert, la complicité entre tous les musiciens aura été belle à voir et à entendre. Dans une performance rodée au quart de tour, ils s'amusent, encore et toujours, comme des fous. Ambiances texturées à souhait, chant précis et puissant qui tourbillonne, humour contagieux, musiciens hors pair, passion de la scène, chœurs efficaces, la bande de Marie-Pierre Arthur est un coup de cœur francophone.

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