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Le «Travelling Love» d'Elisapie: la chanteuse étoile du Nunavik lance un nouvel album (VIDÉO/PHOTOS)

Le «Travelling Love» d’Elisapie (VIDÉO/PHOTOS)
www.elisapie.com

MONTRÉAL - L’amour voyage sur le second album solo d’Elisapie, Travelling Love, tout comme cette pop dansante, empreinte de féminité assumée (et de toutes ces présences masculines) qui contraste avec le folk velours du précédent opus, There Will Be Stars (2009). La belle étoile du Nunavik est toujours lumineuse, mais elle a irrémédiablement migré vers d’autres contrées, résultante avouée d’un désir de vivre autrement la musique.

Bonne nouvelle: le Beat est agréable et franchement rafraichissant. Nous apprécions par ailleurs cette audace dans la volonté d’explorer. Car expérimenter de nouvelles avenues artistiques laisse toujours planer une part de «danger». Concernant Travelling Love, rien de dommageable, bien au contraire. Délicatesse, sensualité, douceur, raffinement, sensibilité côtoient fraîcheur, luminescence, légèreté et énergie contagieuse. La fille du Nord a du talent et donne un ton plus clair, qui filtre de son dernier disque.

Les arrangements sont réussis (assumés par les multi-instrumentistes Manuel Gasse, Gabriel Gratton qui ont été appuyé par les deux autres gars aux commandes), tout comme les jolies mélodies et la réalisation, assurée par François Lafontaine (Karkwa, Marie-Pierre Arthur et bien d’autres projets) et Éloi Painchaud (Antoine Gratton, Jorane et bien d’autres projets).

«C’est plus aéré, dansant et tourné vers la pop», lance Elisapie Isaac, passionnée. «Mais une pop qui fait du bien, et à mon image. J’avais vraiment envie de changer cette impression de fille réservée, spirituelle, calme, réfléchie qu’on a souvent de moi. Je suis une femme (dans mi-trentaine) très pop, malgré ce que le monde peut croire! J’ai besoin de la liberté de pouvoir changer d’air à chaque projet.»

«Par contre, c’était pour moi impossible de plonger dans une musique convenue (standardisée)», poursuit-elle. «On a travaillé très fort pour faire autre chose et trouver ce que je cherchais. Éloi, avec qui j’avais déjà travaillé, m’a même dit "tu me pousses en criss". Nous avons fouillé ensemble. J’adore la vibe de ce gars, qui a très bien su s’adapter à l’arrivée de François Lafontaine (claviériste et réalisateur). Au fond, c’était un trip d’énergie. Ce qui restera de nous tous est de loin le plus important dans toute cette aventure.»

«Let yourself through»

La production de cet album aura été un processus créatif, teinté de goûts personnels et d’influences musicales qui meublent le quotidien de la chanteuse. La pop des années 1970 (Creedence Clearwater Revival, The Cars, Fleetwood Mac, Steve Miller Band) transcende notamment sur Travelling Love.

Sur la première pièce de l’encodé, Elisapie Isaac chante: «She had to go. Move to a different drum. Had to clear up her emotions. And then she saw the musicians. Sometimes you have to, you have to let yourself through. Wherever the music will take you.» Difficile, après avoir entendu ces paroles, de nier son envie d’apprivoiser un autre son.

Dans cet esprit, nous pouvons dire que les paroles (qui ont reçu une relecture éclairée de Jim Corcoran) racontent autrement la vie. Cette fois-ci, à peu près tous les morceaux visitent les relations humaines ou amoureuses. Que ce soit sur la fausse balade The Earth Moved, l’énergisante Life Is What You Make It et ses ambiances exaltées, ou encore sur la chanson disco-pop-rockThe Love You Gave Me, l’amour, dans son sens générique, y est exploré.

L’autre hémisphère

La mauvaise nouvelle? Elisapie voulait proposer un album animal, cru, «qui a des couilles», selon son expression. Malheureusement, la candeur et l’exaltation qui émergent de Travelling Love rendent très ténu cet univers brut recherché. Elle ne boude pas nécessairement son public avec un tel album, mais il laissera probablement quelques amateurs déçus.

Certes, on retrouve encore les atmosphères aériennes et folk du disque précédent sur It’s All Your Fault (bel hommage à Leonard Cohen) et For Me (avec la collaboration du montréalais d’adoption Brad Barr, cette chanson est un intéressant mélange des genres). On perçoit également quelques traces de cet exotisme du Nord qui apportaient une singularité toute particulière à son défunt duo Taima: dans la langue inultituk, la chanteuse se révèle fragile et touchante sur le morceau Salluit. Mais le paysage musical a changé.

Travelling Love est du travail soigné et très bien orchestré, qui saura réchauffer les mélomanes durant l'hiver canadien. Mais quelque chose, quelque part, sur ce disque fait en sorte qu’on ne sait guère sur quel pied danser. La pop ou pas la pop? L’énergique ou le sentimentaliste? Peut-on vraiment s’en formaliser? Non, pas vraiment. Mais la cohésion n’est pas complète. Comme si la voyageuse n’était pas arrivée à destination.

Peut-être devrons-nous seulement patienter jusqu'au prochain disque pour savourer pleinement cet élan pop inspiré. Tant mieux, puisqu’elle a déjà hâte au prochain projet. Souhaitons qu’elle se lance dans cette continuité pour parfaire son art.

«L'amour, on ne peut pas le posséder. C'est quelque chose qui bouge constamment, en mouvement tout le temps. Ça résume Travelling Love!». – Elisapie.

Voici les autres musiciens (outre qu’Éloi Painchaud et François Lafontaine) qui ont participé à Travelling Love: Robbie Kuster (batterie), Gabriel Gratton (guitare, percussions, chœurs) et Manuel Gasse (guitare).

Love au Time Supper Club

Dans l’atmosphère inusitée du Time Supper Club, situé au centre-ville de la métropole, Elisapie Isaac a offert une performance intimiste (elle était entourée de Gasse et de Gratton) très appréciée par les quelques centaines de personnes compactées dans la salle configurée par l’occasion. La chanteuse a proposé, dans une approche moins dansante que sur l’album, plusieurs compositions qui se trouvent sur Travelling Love. De son propre aveu, elle réserve une version beaucoup plus dynamique pour la rentrée montréalaise qui aura lieu en février.

Après le concert, un party de quelques DJ (Elisapie n’a pu s’empêcher d’y faire entendre «son playlist à elle») attendait les personnes présentes.

L’album est disponible depuis le 30 octobre.

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