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Favoriser le français au travail peut accroître la productivité, selon l'OQLF

Travailler en français accroît la productivité, dit l'OQLF
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MONTRÉAL - Devant le recul du français dans la région métropolitaine, les entreprises doivent cesser d'exiger systématiquement le bilinguisme quand ils recrutent de nouveaux employés, a insisté lundi la ministre responsable de la Charte de la langue française, Diane De Courcy.

«Le français a fait d'énormes progrès, oui, mais cette période de progression est malheureusement derrière nous», a-t-elle déclaré dans le cadre d'un colloque organisé par le Conseil du patronat.

À ses yeux, la situation est grandement attribuable au fait que dans plusieurs entreprises de la région de Montréal, le français perd du terrain comme langue de travail.

«Pour la plupart des postes, le bilinguisme devrait être un atout, pas une exigence de base», a martelé Mme De Courcy, en notant que la majorité des travailleurs n'interagit pas au quotidien avec des Canadiens anglais ou des étrangers, mais avec d'autres Québécois.

La ministre a notamment évoqué la situation d'immigrants récents qui ont été admis au Québec en bonne partie grâce à leur connaissance du français et qui sont incapables de trouver un emploi du fait qu'ils maîtrisent mal l'anglais.

Ironiquement, c'est grâce à eux, qui proviennent d'Afrique, du Moyen-Orient, d'Europe et d'Amérique latine, que «la chute du français» a été contenue au cours des dernières années, a souligné Diane De Courcy.

«Lorsque le bilinguisme s'installe au travail pour des raisons qui ne sont pas valables, on s'approche du moment où il s'installera aussi dans la société», a-t-elle avancé, tout en reconnaissant les mérites du bilinguisme individuel.

«Je m'inquiète aussi de ce que les entreprises se privent peut-être de ressources compétentes en inscrivant le bilinguisme dans les préalables à l'emploi davantage par automatisme que par nécessité», a ajouté Mme De Courcy.

Dans certains cas, a-t-elle raconté, des fonctionnaires et des représentants d'organismes communautaires ont dit à des immigrants ne parlant pas anglais qu'ils trouveraient plus facilement du travail à l'extérieur de Montréal, où l'anglais est moins présent.

«Je crois fermement que nous pouvons travailler à une meilleure régionalisation de l'immigration pour contribuer au développement économique, a affirmé la ministre. (...) Mais qu'on en soit rendus à suggérer (aux immigrants) de quitter Montréal pour améliorer leurs perspectives professionnelles parce qu'elles sont faibles en anglais, je crois que nous avons là un sérieux problème.»

Productivité et motivation

Plus tôt lundi, la présidente-directrice générale de l'Office québécois de la langue française (OQLF), Louise Marchand, a estimé que favoriser l'usage du français au travail pouvait permettre d'accroître la productivité et la motivation des employés.

De plus, a-t-elle dit, un environnement de travail francophone peut réduire le niveau de stress chez les employés dont la langue maternelle est le français et faire diminuer leur taux d'erreurs.

Mme Marchand a par ailleurs tenu à assurer que l'OQLF n'avait pas pour objectif de «punir» ni de «stigmatiser» les entreprises qui ne se conforment pas aux exigences de la Charte de la langue française, mais plutôt de les aider à y parvenir.

Le Conseil du patronat a dévoilé lundi une vidéo intitulée «Le français, ça rapporte», qui vise à encourager les entreprises à se franciser.

Le président du Conseil, Yves-Thomas Dorval, a néanmoins profité de sa rencontre avec Diane De Courcy, lundi, pour tenter de convaincre celle-ci de ne pas accroître davantage les obligations de francisation pour les petites entreprises.

Dans sa plateforme électorale, le Parti québécois a notamment promis d'élargir l'application des mesures de francisation de la Charte de la langue française, mieux connue sous le nom de loi 101, aux entreprises de plus de 10 employés.

À l'heure actuelle, l'obligation d'obtenir un certificat de francisation n'est imposée qu'aux entreprises de 50 employés et plus.

Mme De Courcy n'a pas voulu préciser lundi à quel moment elle allait déposer un projet de loi à ce sujet, se contentant de répéter qu'on en saurait plus à ce sujet dans le discours inaugural de la première ministre Pauline Marois, mercredi.

La ministre a toutefois indiqué que «les moyens mis en oeuvre pour atteindre les résultats ciblés» allaient devoir «s'inspirer» de ce que les milieux d'affaires appellent la «réglementation intelligente», c'est-à-dire qui n'est pas excessivement contraignante.

Elle a aussi assuré que les changements proposées allaient tenir compte des «impact économiques» pour les entreprises, répondant ainsi à une demande du Conseil du patronat.

«Le recul du français nous impose une obligation de résultats», a tout de même insisté Mme De Courcy.

Notons que les participants au colloque de lundi n'ont pas pu appuyer leurs discussions sur les plus récentes statistiques sur la langue de travail de l'OQLF, qui ne seront publiées que dans quelques semaines.

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