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Un sacré cérémonial d'Ariane Moffatt à l'église Sainte-Rose de Laval (PHOTOS)

Le sacré cérémonial d’Ariane Moffatt (PHOTOS)
Jean-François Cyr

L'église Sainte-Rose de Laval accueillait samedi soir une foule de 700 personnes venue pour le spectacle électro-pop d'Ariane Moffatt, qui avait concocté une mixtion musicale toute particulière pour l'occasion. Au top de la forme, comme toujours, elle a offert une inspirante performance.

Épaulée par le très bon travail des ingénieurs au son et aux éclairages (Mathieu Roy), l'attachante chanteuse a trimé fort pour ce singulier concert. Blancs habits, projections au mur, morceaux choisis spécialement pour l'occasion, Moffatt et ses excellents musiciens (batterie, guitare électrique, basses, claviers, programmation) ont évolué avec belle aisance dans le répertoire de l'auteure-compositeure-interprète : plusieurs morceaux de son cinquième et dernier disque bilingue MA, évidemment, quelques pièces des précédents albums ainsi que quelques surprises fort appréciées.

À chaque présence sur les planches, Ariane Moffatt démontre qu'elle est une des meilleures « performers » au Québec. À Laval, la qualité de son MA n'a fait que se décupler, d'autant plus que l'environnement ajoutait un petit quelque chose de franchement spécial. La densité inventive qui caractérise le fruit de son récent travail en spectacle, s'est magnifiée dans l'antre religieux, offrant en bout de ligne une expérience sensorielle unique. Dans une signature originale qui alterne les langues de Molière et de Shakespeare, ses textes ont coulé de brillante manière sur un fleuve d'arrangements synthétiques et d'ambiances acoustiques.

À 21 h, Moffatt est entrée sur scène pour livrer, seule au piano acoustique, une jolie version de l'immortelle Like a Prayer de Madonna, un choix de mise dans les circonstances. Regroupés derrière elle, ses acolytes musiciens chanteront en chœur quelques passages. Après un silence pieux, les rythmes lourds d'une basse synthétique annoncent Walls of the World et ses mots « I'm out of control ». D'un trait, la jeune femme enchaine avec In Your Body, avec ses gros rythmes sales de clavier. Puissante proposition exaltée, dansante, qui appellent la chanteuse à frapper sur son tambour rétro luminescent. Après Hôtel amour arrive le souffle quasi sacré de Mon corps. Éclairages bleutés, illuminations blanches et sonorités techno.

Viendra ensuite la plus ou moins réussie L'homme automobile. Bien que le rythme soit bon avec les jolis riffs de guitares, cette pièce de style années 1990 ne lève pas, ou peu. Mais bon, ça passe, surtout que la chanson est agrémentée par de beaux éclairages et la diffusion lumineuse d'une douzaine de sphères de verre disposées derrière les musiciens. Projetées sur l'un des énormes murs de la nef situé à l'arrière de la scène, les images d'une route défilent aussi en synchronisme avec la musique.

D'un calme surprenant depuis le début, l'audience se dégourdit finalement, à la requête de la chanteuse qui tapera des mains sur Réverbère (de l'album Tous les sens, paru en 2008). Tout le long du spectacle, elle entretiendra d'ailleurs une sympathique complicité avec le public, faisant allusion à la foi, blaguant de tout et de rien, puis racontant des anecdotes sur la production de l'album et sur ce concert d'église.

Juste après, une bonne décharge de rock-électro est envoyée avec la pesante et dansante Too Late. Ariane Moffatt se décide enfin à quitter ses outils pour se déhancher un peu.

Amour et Hallelujah

L'un des moments les plus forts de la soirée se présente avec l'arrivée de la superbe Running Up That Hill de Kate Bush, dans une version revigorée par les claviers de style années '80 et des lignes de batterie de rock classique.

Mais LE passage par excellence de cette rencontre sera la poignante interprétation solo de la chanson Imparfait, qui fait un magnifique écho au monde perfectible de Daniel Bélanger. Quand Moffatt livre « l'amour est comme je le redoutais, imparfait », les frissons nous envahissent. Sa voix splendide et sensible se marie admirablement bien avec le jeu délicat au piano. Magique ! Et que dire de la sublime Hallelujah de Leonard Cohen qui suivra de belle manière. « Allumez-vous les uns les autres », lance la chanteuse alors que des centaines de lampions s'illuminent et flottent dans l'audience. Participation romantique des fidèles, candeur chaleureuse et touchante humanité en l'honneur de la légende vivante montréalaise.

Quelques dix minutes plus tard, l'atmosphère change pour le folk-rock d'Artifacts et son ambiance cinématographique dramatique (belle guitare). On plongera ensuite dans l'inquiétude électrisante de la pièce Équilibre avant de se recroqueviller dans le sentiment, Le cœur dans la tête. À mi-chemin, toutefois, ce morceau recevra un électro-choc d'instruments. L'organe de Moffatt s'emballera pour livrer des ad lib mélodiques convaincants qui s'évanouiront doucement à la fin de la chanson.

Encore

Les généreux applaudissements n'auront pas de difficulté à convaincre les cinq artistes qui reviendront devant l'hôtel pour offrir une version dansante de Like a Prayer, jouée en ouverture, et la colorée Je veux tout. Une version électro-reggae de Montréal (Le cœur dans la tête, 2006) va clore le bal de ce sacré cérémonial.

C'est BLOOD and GLASS (Lisa Iwanycki, claviériste d'Ariane Moffatt) qui assurait la première partie.

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