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«Le rêve de Marika»: la Céline Dion du classique

«Le rêve de Marika»: la Céline Dion du classique
Alexander Berg

Surnommée la «Céline Dion du classique», la pianiste montréalaise Marika Bournaki jouait à neuf ans avec l’OSM, à dix ans au Carnegie Hall de New York et à 11 ans comme soliste avec l’Orchestre Métropolitain de Montréal, sous la direction de Yannick Nézet-Zéguin. Nous faisant découvrir son évolution de 12 à 20 ans, le documentaire «Le Rêve de Marika» sort en salle à Montréal le 26 octobre, après avoir été présenté au FIFA et dans plus d’une dizaine de festivals à travers le monde.

S’ouvrant sur des images d’archives où la fillette salue des spectateurs éberlués par son talent, le documentaire se poursuit avec une entrevue où Marika dit rêver d’une carrière de pianiste professionnelle. On accompagne ensuite la jeune fille à New York, où elle doit se rendre 33 fois par année pour suivre les cours du samedi à la prestigieuse Julliard School. On observe sa préparation pour son premier récital solo, pleurant et angoissant sous le regard de ses parents. On assiste, impuissant, aux critiques sévères d’un vieillard qui croit bon distribuer ses opinions sans la moindre considération pour ses sentiments. On sent la retenue de la jeune fille, qui s’empêche de courir vers son père, sachant trop bien qu’elle a le devoir de rester professionnelle.

Parce qu’elle possède un talent comme il s’en fait peut et du feu au fond des yeux, Bournaki délaisse une partie de sa vie sociale au profit d’une carrière qui pourrait la mener très loin. Sa formation lui impose également de quitter sa famille pour de bon en allant vivre seule à New York, dans un appartement aussi grand qu’une garde-robe. Son existence étant presque exclusivement consacrée au piano, elle avoue sa nullité avec le quotidien, le ménage et les responsabilités : «Life gets in my way», dit-elle.

Remplis de moments charmants où l’on voit Marika rieuse, fougueuse, enjouée, fébrile et carrément en transe avec son instrument, le documentaire nous la montre également tendue, fatiguée et un peu princesse. Alors qu’elle s’apprête à rencontrer un agent londonien et qu’elle découvre l’hôtel miteux que son père a loué sans connaître l’état des lieux, la jeune femme pète les plombs. Au lendemain de son arrivée dans la capitale britannique, la voilà qui prépare de fausses réponses sur ses intentions de faire carrière. Quand on apprend que ses parents ont décidé de soutenir son talent, après avoir mis de côté leurs propres aspirations professionnelles en musique et en ballet, on se demande à qui appartient le rêve de Marika. Lorsque la mère raconte que son divorce est en partie causé par la place occupée par la carrière de la jeune fille dans la vie de son ex-mari, on ne peut faire autrement que de penser que ce formidable talent a des conséquences bien malsaines sur la jeune fille et sa famille.

D’un point de vue technique, « Le rêve de Marika » est un documentaire monté avec rigidité, souffrant d’une direction artistique absente et d’une réalisation frôlant l’amateurisme. Par contre, le sujet, les archives, les auditions, les cours, les concerts, les crises d’insécurité, l’évolution d’un être unique pendant huit ans et l’accès privilégié à l’univers du classique confèrent au documentaire un intérêt incontestable.

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