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Malgré le déclin du français, Trudeau ne veut pas que la loi 101 soit renforcée

Trudeau ne veut pas que la loi 101 soit renforcée
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QUÉBEC - Justin Trudeau ne souhaite pas que la loi 101 soit renforcée, malgré le recul du français au Québec, comme ailleurs au Canada.

De passage à Québec jeudi, le candidat à la direction du Parti libéral du Canada (PLC) a jugé inopportune la volonté du gouvernement péquiste de redonner du muscle à la Charte de la langue française.

Il faut éviter de relancer «les vieux débats» sur la langue, a dit le député de la circonscription montréalaise de Papineau, au deuxième jour d'une visite de 48 heures dans la Vieille Capitale.

«Je trouve qu'on est en train de reprendre de vieux débats sans comprendre que la majorité des gens dans Papineau, à Québec et partout au Québec sont axés sur leur emploi, sur l'économie, la santé et l'éducation de leurs enfants pour pouvoir participer pleinement à cette ère de mondialisation dans laquelle on vit», a-t-il déclaré lors d'un court point de presse.

Celui qui aspire à diriger le PLC et éventuellement le Canada croit qu'un resserrement de la loi 101 aurait pour effet de pénaliser les francophones désireux d'offrir les meilleures perspectives d'avenir à leurs enfants.

«Mon inquiétude par rapport à l'enjeu de renforcer la loi 101, c'est qu'on se retrouve à punir les Québécois francophones qui veulent que leurs enfants développent une capacité en anglais, la langue du commerce international. Je trouve que ce n'est pas aller dans la bonne direction», a-t-il analysé.

M. Trudeau ne voit pas matière à inquiétude devant les plus récentes données de Statistique Canada qui révèlent une nouvelle diminution du poids relatif du français au pays, notamment à Montréal. À son avis, la perte de terrain du français résulte essentiellement de «la crise démographique» et de «la dénatalité qu'on vit au Québec».

D'après Statistique Canada, la proportion de locuteurs qui utilisent exclusivement le français à la maison dans la région de Montréal est passée de 62,4 pour cent en 2001 à 56,5 pour cent en 2011.

À l'échelle canadienne, le déclin du français s'est poursuivi entre 2006 et 2011 alors que la proportion de gens ayant le français comme langue maternelle est passée de 22,1 à 21,7 pour cent.

Le Parti québécois au pouvoir pense que ces résultats justifient son engagement électoral de renforcer la loi 101.

En point de presse, mercredi, la ministre responsable de la Charte de la langue française, Diane De Courcy, a promis une réforme «vraiment costaude» de la loi afin d'assurer la pérennité de la langue officielle du Québec.

Mais Justin Trudeau, citant en exemple la composition ethnolinguistique de sa circonscription, conclut que la loi 101 porte ses fruits dans l'état actuel des choses et n'a pas besoin d'être révisée.

«Si je parle aux parents de gens (originaires) du Bangladesh, du Pakistan ou de l'Inde, oui les parents parlent plus anglais, mais dès que je parle aux jeunes de 5, 10 ou 15 ans, c'est en français qu'on parle parce que la loi 101 fonctionne. (...) Je ne suis pas inquiet, je suis très fier de ma belle langue française», a-t-il dit.

Les propos de Justin Trudeau ont fait réagir le ministre Jean-François Lisée, responsable de la région de Montréal au sein du gouvernement du Parti québécois.

«M. Trudeau veut être chef du Parti libéral du Canada et potentiellement premier ministre du Canada, et il démontre aujourd'hui qu'il ne comprend rien au débat linguistique qui anime le Québec depuis 50 ans», a dit M. Lisée, qui se trouvait à Drummondville pour un caucus des députés péquistes.

«De dire que renforcer la loi 101, ça empêcherait les Québécois d'être bilingues et de connaître l'anglais, c'est ne rien comprendre. Je dis à Justin Trudeau: au Québec, en ce moment, les citoyens québécois sont les plus bilingues en Amérique du Nord», a-t-il ajouté.

«Statistique Canada vient de nous dire que la proportion de francophones sur l'île de Montréal, langue d'usage, est en train de se réduire. Il (M. Trudeau) dit: il n'y pas de problème. À tous les partisans du déni du problème, je demande: à partir de quelle proportion de francophones sur l'île est-ce que ce sera un problème?» a lancé M. Lisée.

Un sondage favorable

Le fils de l'ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau s'est par ailleurs réjoui des résultats d'un coup de sonde Crop-Le Soleil-La Presse qui tend à démontrer un certain «effet Trudeau» dans les intentions de vote au Québec.

À la barre du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau remporterait la mise au Québec avec 36 pour cent du suffrage, contre 30 pour cent pour le Nouveau Parti démocratique dirigé par Thomas Mulcair.

«C'est une indication que les Québécois sont ouverts à une nouvelle politique qui engage, qui écoute et qui est ouverte à tout le monde. Les Québécois et les Canadiens sont fatigués du cynisme encouragé par les politiciens qui préfèrent diviser plutôt que rassembler», a-t-il dit.

Le PLC se donnera un nouveau chef le 14 avril 2013.

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