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Première montréalaise du film Mars et Avril (VIDÉO/PHOTOS)

Première montréalaise du film Mars et Avril (VIDÉO/PHOTOS)
Huffington Post

MONTRÉAL - Le film québécois Mars et Avril, du jeune réalisateur Martin Villeneuve, était présenté en première montréalaise à l'Impérial de Montréal, jeudi soir, dans le cadre du Festival du nouveau cinéma (FNC). L'ambitieuse fable cinématographique aux assises de science-fiction était enfin projetée dans la métropole, où réside le cinéaste. Quelques figurent importantes du projet telles que Jacques Languirand (Jacob Obus), Paul Ahmarani (Arthur Spaak), Caroline Dhavernas (Avril) et Benoit Charest (concepteur musical) ont accepté de partager leur expérience au sein de cette odyssée inspiré d'un photo-roman fort singulier.

Martin Villeneuve l'a répété à maintes reprises, l'expérience de ce premier long métrage fut vertigineuse et exténuante. Après sept années d'un combat acharné pour mener à terme cette œuvre qui allie poésie, astronomie, musique et science, le cinéaste se dit fort heureux de pouvoir présenter le fruit de son travail.

« J'ai fait 30-40 jobs sur ce projet », raconte-t-il le jour même de la présentation. « J'ai été de tous les combats. Les défis techniques et les grandes difficultés de financement ont été très exigeants. Si j'avais connu l'ampleur de la tâche au départ, j'aurais probablement refusé d'embarquer. Mais bon, j'en suis sorti grandi, sans aucun doute. Travailler avec ces personnes que je respecte (les acteurs principaux étaient au départ des amis) est un privilège. De toute façon, c'est terminé et je suis vraiment content de le présenter au public montréalais. »

À entendre le cinéaste expliquer la genèse de Mars et Avril, on comprend rapidement qu'il y était quelque part destiné. Il y a certes en amont du film les deux tomes du photo-roman de Villeneuve parus en 2002 et 2006. Or, il y a plus : une passion pour la planète Mars - et tout ce qui entoure l'imaginaire spatial - remonte jusqu'à son enfance alors que ses frères l'assoyaient dans une boîte en carton trouée d'un petit orifice. Il voyait défiler des images de l'espace, puisées notamment de la production américaine mythique Star Wars.

« Tous mes projets étudiants en graphisme, de façon consciente ou non, ont eu des marsonautes. J'ai toujours été fasciné par la dimension fantasmagorique de Mars. Revisiter pour le cinéma le photo-roman, que j'ai créé à partir d'une nouvelle de vingt pages en 1999-2000, était une entreprise très stimulante. Surtout que Robert Lepage, qui a toujours été près du projet, m'a sans cesse encouragé à persévérer. »

De Mars à la Terre

Personnage central des tomes 1 et 2 du photo-roman, Jacques Languirand avouait sa nervosité quelques minutes avant la présentation du film : « J'ai un peu peur », a lancé d'entrée de jeu le gentil gaillard de 80 ans. « Je crains probablement la réaction du public. C'est quelque chose de se voir autant à l'écran. C'est la première fois que je vais le visionner avec une audience, en plus. C'est un moment unique pour moi ; je ne suis pas un véritable acteur. Mon amour du cinéma m'a porté jusqu'ici. J'imagine que je vais passer à travers ! Pour me rassurer, je me dis que Jacob Obus est au fond plus près de moi que je ne le pensais au début... Il a ce rapport à la vie qui me ressemble concernant par exemple les thèmes de la réflexion, l'inspiration, la liberté. »

Même son de cloche pour Paul Ahmarani qui a avoué ressentir une certaine fébrilité à l'approche de la projection : « J'ai déjà vu le film dans une salle, mais jamais avec un public. Je n'étais pas des présentations à l'étranger comme en République tchèque. C'est toujours émotif une première. Pas aussi intense que les débuts d'une pièce au théâtre, mais quand même... Je suis très soulagé que Mars et Avril ait pu enfin paraître sur les écrans, pratiquement trois ans après la fin du tournage. Je suis très fier d'avoir participé à un projet si original. »

Quant à Caroline Dhavernas qui incarne Avril (jeune photographe asthmatique de trente ans qui fera la rencontre du célèbre musicien Jacob Obus, de laquelle naîtra une sorte de fracas passionné des âmes), elle affirme avoir aimé la complexité de son personnage : « Elle est à la fois muse et regard. Les deux personnages masculins (Jacob et Arthur) se révèlent à elle, en partie par l'entremise de son appareil. Mais quelque chose de spécial de plus attire Avril vers Jacob Obus. C'est comme si elle cherchait à capter le temps et la vie du musicien en utilisant sa caméra. Elle a une approche définitivement nostalgique des choses. Comme moi dans la vie! », envoie Dhavernas avec un grand sourire.

« C'était mon premier film de science-fiction. Je n'aime pas ce genre, en général, a continué l'actrice. « Mais connaissant Martin, je savais qu'il en ferait une œuvre touchante, originale, poétique. J'aime cette atmosphère rétro qu'il a apportée à ce film futuriste. »

La symbolique dans l'art

À la suite du tournage, Villeneuve a dû, entre autres, faire face au manque de musique, élément pourtant essentiel du long métrage. C'est alors qu'en 2011, il proposa le travail de composition au Montréalais Benoît Charest, notamment connu pour son travail sur le film pour Les Triplettes de Belleville (nommé pour un Oscar en 2004) ou encore Toucher le ciel (qui suit l'envolée de Guy Laliberté dans l'espace).

« Je me suis en partie inspiré de la loi de Pythagore et de ses lois au mouvement des planètes, qui associent les planètes et la musique. J'ai aussi fouillé un peu dans la loi de Kepler, dont le film parle au début. Puis j'ai lu sur d'autres théories. »

Il faut comprendre qu'au début du film un concept original est proposé : la relation entre l'existences des planètes et la création musicale. On y parle notamment de Kepler et de sa théorie qui avance que les planètes en orbite sont comme des instruments sur une portée.

« Cela dit, ça devenait un peu rigide pour créer une musique qui devait porter un souffle lyrique, imagé par le style très rétro du groupe de musique de Jacob Obus », a poursuivi Benoit Charest. « J'ai écouté des musiques expérimentales des années 1940 et 1950 aussi pour arriver à rendre cette ambiance transe, poétique, envoûtante, psychédélique, électronique qu'on retrouve dans Mars et Avril. »

« Je devais aussi être fidèle aussi à ce qu'étaient les instruments. Pour le nouvel instrument de Jacob Obus (qui arrive à mi-chemin du film), j'ai utilisé un trombone avec un mute, et appliqué des effets ultérieurement. Je pouvais pas allé dans la musique carrément synthétique, froide, modulée seulement par ordinateur. Ça n'aurait pas respecté l'esprit. Un minimoog (synthétiseur analogique monophonique) et un ring modulator ont beaucoup aidé... »

De cette musique de film sortira d'ailleurs un vinyle de treize chansons ainsi qu'une version numérique.

La froideur du concept

Avec son esthétique très bande dessinée, son univers rétro-futuriste montréalais (jolis clins d'œil), Mars et Avril propose avec beaucoup d'audace un genre cinématographique très peu exploité au Québec. Quelques idées explorées sont géniales, comme celle de la création artistique à l'aube de la conquête de Mars vers l'an 2050. Malheureusement, la trame narrative aurait gagnée à être resserrée. Le spectateur se perd dans le flot d'explications et de symboles qui meublent tout le film.

Le jeu (parfois touchant et juste, mais souvent gonflé, théâtral, froid, hiératique) très inégal entre Jacques Languirand (peu expérimenté), Paul Ahmarani et Caroline Dhavernas arrive par ailleurs difficilement à atteindre le spectateur. Comme si tout cet univers très complexe et réfléchi nous coupait du sentiment et de la fascination qu'Avril éprouve pour Jacob.

Mars et Avril sera à l'affiche dès le 12 octobre.

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