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Les effarantes révélations du rapport de l'Usada sur le dopage de Lance Armstrong et de l'US Postal

Des témoignages troublants
AFP

SPORT - L'Agence américaine antidopage (Usada) a publié mercredi 11 octobre un dossier accablant contre l'ex-équipe US Postal et Lance Armstrong. Jamais officiellement contrôlé positif, le coureur américain est rattrapé par les témoignages de plusieurs de ses anciens coéquipiers de l'US Postal, avec qui le Texan a couru d 1998 à 2004.

Parmi ces témoignages, certains laissent pantois.

En 1998, tandis qu'éclate l'affaire Festina, le Docteur Celaya, le médecin de l'US Postal, se débarrasse "de dizaines de milliers de dollars de produits dopants en les jetant dans la chasse d'eau du bus" de l'équipe américaine. La même année, quand Lance Armstrong s'injecte sous les yeux une seringue d'EPO sous les yeux de son coéquipier Jonathan Vaughters, qui lui-même se dope, le texan prévient son subalterne: "Maintenant que tu prends de l'EPO aussi, pas question d'écrire un livre dessus".

Durant le Tour d'Espagne, le Texan réclame de la cortisone sous forme de pilule à ses copéquipîers Vaughters et Vande Velde. Impossible d'en trouver, du coup les deux coursiers donnent à leur leader un placebo, une pilule d'aspirine écrasée et emballée dans du papier aluminium.

De l'EPO "tous les trois ou quatre jours"

Quelques semaines plus tard, aux Championnats du monde, le Dr Celaya s'éclipsera discrètement avant un contrôle anti-dopage pour ramener sous sous imperméable un litre d'une solution saline qui doit faire baisser le taux hématocrite du Texan.

L'année suivante, Lance Armstrong, qui fait usage d'EPO "tous les trois ou quatre jours" enjoint son coéquipier Frankie Andreu de suivre à la lettre de le programme de dopage du docteur Ferrari, banni à vie par l'Usada en 2010, à qui le Texan a versé plus d'un million de dollars au cours de sa carrière pour financer ses pratiques dopantes. "Il faut que tu sois sérieux", dit le leader de l'équipe à son compatriote. Rendez-vous sur des parkings d'hôtel et des stations-service, remise de produits dopants à Armstrong dans des petits sacs en papier... Frankie Andreu et son épouse Betsy racontent des scènes étonnantes.

Sur le Tour, un certain "Motoman", suit la caravane à distance et se déplace en cas de besoin des US Postal. Cette année-là, le Français Christophe Basson, connu dans le peloton pour ses prises de position anti-dopage, abandonnera le Tour à la suite de pressions exercées par Lance Armstrong.

"On plaisantait à propos du corps qui absorberait le sang le plus vite"

En 2000, l'US Postal délaisse les piqures et passe aux transfusions sanguines, alors indétectables. "On était dans une chambre avec Kevin [Livingston] et Lance [Armstrong] dans la chambre d'à côté qui communiquait avec la nôtre par une porte. Pendant la transfusion, on le voyait. Le docteur Del Moral faisait des allers-retours pour vérifier l'avancement de la réinjection. Chaque poche de sang était accrochée au crochet d'un cadre ou collée sur le mur, on était allongés sur le lit et on tremblait pendant que le sang froid 'ré-entrait' dans nos corps. On plaisantait à propos du corps qui absorberait le sang le plus vite", raconte Tyler Hamilton.

Des poches de sang cachées dans la chambre du Texan

S'en suivent plusieurs années de dopage, aidées par les médecins complices et des coéquipiers plus ou moins soumis. Lance Armstrong avait donné les clefs de son appartement à Floyd Landis, vainqueur déchu du tour 2006, qui surveillait pendant son absence les poches de sang entreposées dans un réfrigérateur caché dans le placard de la chambre du Texan. En juin 2002, Armstrong a donné à son coéquipier, un paquet de patches de testostérone et lui explique comment utiliser l'EPO. Lors du Tour, le coéquipier est témoin de la réinjection du propre sang d'Armstrong la veille d'un contre-la-montre individuel. "C'est Armstrong qui tirait les ficelles de l'équipe... Ce qu'il disait, on le faisait", témoigne le coureur Christian Vande Velde.

Si la plupart des coureurs du Peloton gardent si le silence, d'autres -comme Christophe Bassons- évoquent les suspiscions sur Armstrong ou avouent s'être dopés. Lors de la 18ème étape du Tour 2004, Filippo Simeoni, ennemi du Texan, se glisse dans une échappée. Ce n'est pas au goût d'Armstrong qui sermonne le fuyard. "Tu as fait une erreur quand tu as témoigné contre Ferrari et tu as fait une erreur quand tu m'as attaqué (en justice). J'ai beaucoup de temps et d'argent et je peux te détruire". L'agence américaine voit dans ce geste une "tentative d'intimidation de témoin" et adjoint une vidéo INA au dossier.

Autre menace, contre son ancien coéquipier Tyler Hamilton, quand il l'accoste dans un restaurant en 11 juin 2011 aux Etats-Unis: "Quand tu vas témoigner, je vais te déchirer. Je vais faire de ta vie un putain d'enfer...". L'Equipe a fait la liste des menaces rapportées par l'Usada.

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