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Ici Chez Soi: «Je souhaite que les gens soient à l'aise avec la façon dont ils sont représentés» - Darryl Nepinak, réalisateur

«Je souhaite que les gens soient à l'aise avec la façon dont ils sont représentés» - Darryl Nepinak, réalisateur
ONF

Darryl Nepinak est un réalisateur accompli qui travaille de près avec la communauté autochtone de sa ville natale, Winnipeg. Il se consacre aux films qu'il réalise pour le projet Ici, Chez soi avec intégrité et intensité. Je me suis entretenu avec Darryl au début du mois de mai, alors qu'il vivait plusieurs questionnements en lien avec son travail dans le cadre du projet.

Comment méritez-vous la confiance des participants dans vos films?

J'essaie de bien leur expliquer qui nous sommes et ce que nous essayons de faire. Je les informe que mon frère fait partie du programme et c'est pourquoi je me suis impliqué - je souhaite aider le projet à avoir du succès et à grandir. Aussi, comme beaucoup de participants du programme à Winnipeg sont d'origine autochtone, comme moi, je souhaite que nos histoires soient présentées avec le plus de vérité possible.

Comment choisissez-vous avec qui vous désirez travailler?

C'est difficile. J'ai envie de faire des films à propos de tout le monde parce que tout le monde a une histoire et qu'elles sont toutes intéressantes. Je fais souvent un choix en fonction de détails pratiques, comme la disponibilité d'un participant.

Les films ne durent que trois ou quatre minutes. Comment sélectionnez-vous ce qui reste et ce qui doit être coupé au montage?

C'est la partie la plus difficile de ce travail. C'est ridicule, d'une certaine façon, de vouloir raconter ces histoires en trois ou quatre minutes. Mais c'est ce que je dois faire, alors je fonce et je raconte cette partie de l'histoire d'un individu du mieux que je peux.

Quels sont les défis auxquels vous avez fait face en réalisant ces films?

Le plus important défi auquel nous avons fait face jusqu'à maintenant est qu'un des deux films que nous avons tourné jusqu'à maintenant ne peut pas être présenté puisqu'en le visionnant, la participante ne se sentait pas à l'aise avec la façon dont nous avons raconté son histoire.

Quelle est l'entente avec les participants?

On ne peut mettre les films en ligne que si les participants donnent leur approbation finale. Et je souhaite que les gens soient à l'aise avec la façon dont ils sont représentés. Alors s'ils ne sont pas confortables avec le résultat, je ne vais pas essayer de les convaincre.

Cela a-t-il changé vos attentes en lien avec le projet?

Oui. Nous devons produire dix films ici à Winnipeg et en ce moment, je me demande sérieusement combien de films verront le jour sur le site. Pour l'instant, nous nous consacrons au prochain film. Je crois que cela dépendra de chaque film et de chaque participant.

Et pourquoi cela?

D'une certaine façon, les participants dans ces films doivent être d'accord pour que leur image soit utilisée pour le projet. Nous leur en demandons beaucoup. J'imagine que parfois, c'est trop.

Comment cette situation aura-t-elle des conséquences sur votre approche dans l'avenir?

D'abord, je crois que je vais présenter un montage préliminaire à chaque participant afin qu'il sache rapidement dans quoi il s'embarque. Je ferai cela avant d'investir trop de temps dans le montage final. Parce que parfois, c'est un choc pour les participants de se voir à l'écran s'ils ne sont pas habitués.

Devrez-vous changer votre façon de choisir quel participant filmer?

Peut-être. Jusqu'à maintenant, notre approche documentaire a été assez traditionnelle, c'est-à-dire que nous trouvons des individus avec qui nous voulons travailler et nous tentons de les convaincre que nous voulons travailler avec eux. Mais en y réfléchissant bien, peut-être que le bon moyen de procéder sera de choisir uniquement des participants qui désirent vraiment être filmés. Je ne sais pas; peut-être que nous n'aurons accès qu'à un type précis de récit, mais au moins nous pourrons être certains de présenter ces histoires.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose?

De la façon dont le projet est structuré, nous avons peu de temps pour connaitre les participants. C'est difficile de bâtir une relation de confiance et sans un engagement des deux parts, c'est plus difficile de communiquer et d'être certains que le sujet du film est à l'aise avec le résultat. Cela veut dire que nous aurons des réussites et des échecs. C'est inévitable, selon moi.

Biographie de Darryl

Fortement attaché l'importance de la représentation des autochtones à l'écran, Darryl Nepinak a oeuvré sur nombreuses productions dans les communautés amérindiennes du Manitoba. En 2006, il a réalisé le court métrage My Indian Name avec l'ONF. Il a aussi vécu durant un an en Nouvelle-Zélande afin de former des jeunes Maoris en production vidéo.

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