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Caïman Fu avec Isabelle Blais: le retour avec un nouvel album, «À des milles» (PHOTOS/VIDÉO)

Caïman Fu: fascinant spécimen (PHOTOS/VIDÉO)
Jean-François Cyr

MONTRÉAL – Disparue dans la brousse depuis quelques années, la formation québécoise Caïman Fu refait surface avec un quatrième album étonnant, comme si l’animal avait changé de peau. De toute évidence, cette formation singulière qui donne dans la pop rock atmosphérique a puisé ailleurs son inspiration, faite davantage de sentiments et de subtilités. La chanteuse Isabelle Blais raconte l’aventure À des milles, disque qui paraît mardi partout au Québec.

Caïman Fu ne s’en cache pas, son travail a pris d’autres couleurs, d’autres sonorités. La composition de son groupe aussi a changé: le guitariste et cofondateur Yves Manseau est parti, tout comme le bassiste Igor Bartula (vivant dans une autre ville, c’était devenu très difficile pour lui) qui a été remplacé par Dominic Laroche. Branle-bas de combat qui n’a toutefois pas miné le moral des troupes, du moins selon Isabelle Blais.

Bien au contraire, c’est comme si la cavale des derniers temps avait donné du vécu à leur musique. «Après trois albums et tous ces changements, on a décidé de s’associer à Virago pour la gérance», explique la chanteuse. «Avec le temps, la boîte est devenue aussi notre maison de disque. C’est un choix heureux qui a apporté du sang neuf, tout comme l’arrivée de Carl Bastien à la réalisation, qui a fait du superbe travail. Il s’est beaucoup investi, surtout au niveau des arrangements (piano, orgue B3, un peu de guitare et de percussions). Il a mis du beau crémage!»

Quelque quatre années après Drôle d’Animal, c’est donc un Caïman Fu brassé, mais revigoré et mature qui revient à l’avant-scène.

«Il s’est passé beaucoup de choses dans ma vie, en commençant par l’arrivée de mon fils qui a maintenant trois ans», confie Isabelle Blais. «Mais je n’ai jamais eu envie d’arrêter la musique. Il suffisait juste de retrouver nos forces et de s’y remettre. C’est certain que cet album est différent. Je me sens moi-même différente. Ma façon de chanter a changé. C’est encore une musique rock, mais plus folk, mélancolique, planante, même légèrement country. Il y a aussi beaucoup plus de piano. C’est moins éclaté que les précédents. Même si le son est encore plein, c’est certainement plus épuré…moins flyé et humoristique que les autres albums. Je dirais que c’est plus intime.»

«Y’a une part de toi…»

«Les textes également ont changé», poursuit-elle. «J’avais envie d’explorer. J’ai même écrit quatre chansons en anglais au départ (dont Volcan Montréal), que j’ai réadaptées en français par la suite [...] Oui, la maternité a eu de l’influence, malgré le fait que je ne parle pas concrètement de mon fils (sinon dans la pièce Ma maison c’est toi qui en est inspirée). Je pense être différente. Depuis quelque temps, je me concentre sur l’essentiel. J’ai fait de meilleurs choix. Peut-être par besoin de canaliser mon énergie et de mieux gérer mon temps. Et puis, les paroles sont définitivement plus près de moi. Je partage des réflexions et des constats sur la vie.»

Parmi les thèmes explorés, certains lui viennent à l’esprit spontanément: le suicide, le temps qui passe, le fait de vieillir, la dépendance (Kiki, ce personnage du film Borderline qu’elle a incarné et qui l’a beaucoup touchée), la déception amicale (Avaler du gravier) la famille (Fou), l’amour maternel absolu ou encore la passion pour Montréal.

«Ces sujets sont effectivement assez personnels (rires!). Je ne suis jamais allée aussi loin dans l’écriture. Avant, le message était plus détaché de moi. J’avais probablement envie de quelque chose d’honnête, qui sent ce que j’ai vécu.»

Entre la pièce de théâtre Midsummer (après 37 représentations à la Licorne, elle sera de nouveau jouée dans les prochains mois), les émissions télé Trauma ou Tu m’aimes-tu? et autres propositions cinématographiques, la charmante Isabelle Blais promet qu’elle a du temps pour la musique: «J’aimerais maintenant faire des tonnes de shows! On verra bien.»

En vrai

Pour le reste, l’album est bien fait. Une pop rock prenante, parfois à la limite de l’exploration(Il faut entendre l’étrange et audacieuse reprise de Ah que la vie est belle de Brigitte Fontaine), qui se laisse lentement apprivoiser.

Pour en jouir pleinement, la musique de Caïman Fu est à entendre sur scène (le groupe était à la Sala Rossa lundi soir, à Montréal, accompagné de Carl Bastien qui est assurément un élément bénéfique en spectacle; restera-t-il pour les autres concerts?), dans une version plus énergique que sur l’encodé. Le magnétisme de la chanteuse n’en sort que grandi.

Quant à sa voix particulière, juste, douce, enveloppante, mais pas magique, elle finit par avoir une force d’attraction difficile à expliquer. Du charisme naturel, probablement…

Caïman Fu sera au Petit Champlain de Québec le 3 octobre pour un lancement gratuit.

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