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La Chasse-Galerie au théâtre : une grande idée pour une petite pièce (CRITIQUE/PHOTOS)

Chasse-Galerie: une grande idée pour une petite pièce (PHOTOS)
Victor Diaz Lamich

Présenter une version théâtrale de certains des contes et légendes ayant servi de fondations à l'imaginaire collectif québécois est une très bonne idée. Y ajouter la présence de Biz, des Loco Locass, un artiste appartenant à la lignée du légendaire conteur canadien-français, Louis Fréchette, ne peut que rendre la prémisse du spectacle encore plus intéressante. Malheureusement pour cette œuvre présentée au Théâtre Denise-Pelletier, le manque d'ampleur de la production et le charisme quasi inexistant du descendant de ce défricheur de parlure empêchent les spectateurs de connecter autant qu'ils le devraient avec une partie de leur patrimoine.

Transmis à l'oral de génération en génération, les contes et légendes ont été couchés sur papier par Victor Lévy-Beaulieu dans un livre publié en 1974. Quelque 38 ans plus tard, voilà que le prolifique auteur invite le public à découvrir une partie de son histoire sur les planches. Qu'ils se nomment Tipitte Vallerand, le champion de tous les sacreurs, Tom Caribou, dont la « crignasse y avait blanchi de peur », Joachin Crête le meunier qui n'était pas « craignant de Dieu », Jos Violon le grand raconteur ou Rose Latulipe la créature qui n'avait rien du sexe faible, les voilà mêlés les uns aux autres, avec la légende de la Chasse-Galerie comme toile de fond.

La Chasse-Galerie de Lévy-Beaulieu se partage entre les chantiers du haut Saint-Maurice, où quelques bûcherons sont prêts à vendre leur âme au Diable pour quitter leur campement, voir des femmes et faire la fête, et dans la maisonnée de Jos Violon, à Lavaltrie, un soir de Mardi gras où les histoires, la musique, la danse, le plaisir et la nourriture en abondance permettent aux hommes et aux femmes de faire une pause pendant le carême.

Bien que cette adaptation des contes et légendes permette aux spectateurs de redécouvrir une tradition qui est en voie de s'étioler, force est d'admettre qu'il y a quelque chose qui cloche sur la scène de Denise-Pelletier. Malgré les efforts déployés par le metteur en scène Stéphane Bellavance pour nous imprégner d'une époque et nous faire découvrir une partie de nous-mêmes, le courant ne passe tout simplement pas. Le plaisir des acteurs à faire la fête semble forcé plutôt que ressenti, alors que les diverses reconstitutions de l'imagination de nos aïeuls n'arrivent pas à nous toucher réellement.

Dans une distribution sans grand éclat où les acteurs Denis Trudel et Michel Savard arrivent tout de même à se démarquer, le rappeur des Loco Locass n'a tout simplement pas sa place. Même si on sent l'amour sincère qu'il porte aux mots, à l'histoire du Québec et à la transmission orale, Biz n'a rien d'un acteur. Pendant 110 minutes, on le voit se tenir sur scène sans être capable d'habiter son corps, un peu comme un ado mal à l'aise avec les changements provoqués par sa puberté. On le sait investi d'une volonté véritable, mais sans posséder les outils, ni le talent pour la concrétiser.

Par ailleurs, même si les nombreux adolescents présents dans la salle - en vertu d'une sortie scolaire - apprécient de voir Biz introduire et conclure le spectacle en étant lui-même (chandail avec une fleur de lys, casquette et bagou de rappeur en prime), il s'agit là d'une idée bien maladroite.

Les mots de Victor Lévy-Beaulieu goûtent bon. Son univers est fascinant. Cependant, l'ensemble de l'œuvre peine à nous convaincre.

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La Chasse-Galerie, présentée au Théâtre Denise-Pelletier jusqu'au 26 octobre 2012

Photos de la Chasse-Galerie

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