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Une criminologue italienne expose l'ABC de la mafia

Elle fait l'ABC de la mafia
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La commission Charbonneau entend mardi la criminologue italienne Valentina Tenti, une spécialiste du crime organisé italien et de ses ramifications montréalaises.

En matinée, Mme Tenti a expliqué comment diverses organisations mafieuses sont nées, comment elles se sont organisées au fil du temps, et comment elles fonctionnent encore aujourd'hui.

Elle a d'abord dressé un portrait de la Cosa Nostra (mafia sicilienne), puis a entrepris de faire de même pour la 'Ndrangheta (calabraise). Elle se penchera ensuite sur la Camorra (napolitaine).

Ces trois organisations, a-t-elle dit d'entrée de jeu, ont démontré leur capacité à infiltrer efficacement l'économie légale en ayant recours à de l'intimidation et en profitant de l'omerta qui en découle.

Ces méthodes, qui s'appuient sur un système de valeur codifié, leur permettent non seulement d'infiltrer l'économie et de s'enrichir, mais aussi d'influencer des résultats électoraux à leur profit.

Mme Tenti a expliqué que le terme mafia n'est jamais utilisé par les criminels eux-mêmes. Ces derniers se définissent plutôt comme des « hommes d'honneur ».

Dans la Cosa Nostra, ce statut est accordé au terme d'un rituel qui s'appuie sur des symboles religieux et sur le sang.

Le défunt juge italien Falcone, assassiné par la mafia, avait par exemple expliqué que, règle générale, le candidat à ce titre est présenté par un autre homme d'honneur.

Une fois introduit dans le cercle d'initiés, le candidat se voit expliquer les règles de l'organisation. On lui entaille ensuite l'index de la main droite de manière à ce que des gouttes de sang soient répandues sur l'image d'un saint.

Le candidat prête ensuite serment de fidélité à l'organisation pendant qu'il tient dans ses mains l'image du saint à laquelle on a mis le feu.

Mme Tenti a cependant précisé que selon les conclusions d'une récente commission parlementaire italienne, la 'Ndrangheta est aujourd'hui plus puissante que la Cosa Nostra. Cela serait attribuable entre autres à sa capacité à se faire plus discrète que la Cosa Nostra.

Selon Mme Tenti, la 'Ndrangheta a réussi à s'implanter ailleurs en Europe, en Australie et en Amérique du Nord. Au Canada, elle est présente dans les régions de Toronto et Thunder Bay, en Ontario. La criminologue dit ne pas avoir d'indication qu'elle est implantée au Québec.

Des policiers attendus à la barre des témoins

La juge France Charbonneau avait annoncé lundi que les travaux automnaux de la commission porteraient principalement sur l'infiltration du crime organisé dans l'industrie de la construction.

La commission, a-t-elle précisé, veut savoir comment et pourquoi le crime organisé infiltre le milieu de la construction ailleurs dans le monde avant de se pencher sur le cas du Québec.

Des enquêteurs de la police de York [NDLR : territoire situé au nord de Toronto], de la GRC et de la Sûreté du Québec doivent aussi venir témoigner au cours des prochains jours, a annoncé lundi la procureure Sonia Lebel, qui dirigera ces interrogatoires.

« Le crime organisé n'attaque pas le système. Il l'utilise, exploite ses vulnérabilités, saisit ces opportunités. Il ne les crée pas », a dit la procureure Lebel, en précisant que « l'infiltration et le contrôle de l'économie légale peuvent prendre plusieurs formes ».

Selon elle, « le partage des contrats, les ententes, les cadeaux ne sont en fait que la façon de faire des affaires » préconisée à l'heure actuelle.

Au total, une cinquantaine de témoins seront entendus par la commission au cours de l'automne.

Les audiences publiques de la commission Charbonneau ont repris lundi. Le directeur de la recherche à la Commission de la construction du Québec (CCQ), l'économiste Louis Delagrave, a livré un témoignage didactique couvrant les caractéristiques de l'industrie de la construction, ses principaux acteurs et les lois et règlements qui l'encadrent.

Pour me joindre :

francois.messier-nm@radio-canada.ca

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