ALIMENTATION - Trop manger, est-ce dans la tête ou dans l'assiette? Les résultats d'une expérience menée par une équipe de chercheurs britanniques suggèrent que ce sont bien les deux qui seraient en cause... mais pas forcément au sens où on pourrait l'entendre. L'expérience montre d'ailleurs que l'obésité s'apparenterait davantage un problème de serpent qui se mord la queue d'ordre biologique, qu'à une pathologique d'ordre purement psychologique ou diététique.
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L'expérience, conduite sur des souris, révèle qu'une nourriture trop riche en acides gras saturés provoquerait des dommages dans les zones du cerveau qui contrôlent l'appétit et l'équilibre énergétique. Soumises à un régime riche en acides gras saturés, les chercheurs ont constaté des dommages cérébraux. Dans une zone cérébrale comme l'hypothalamus, qui opère plusieurs fonctions régulatrices, ces dommages étaient même semblables à ceux qu'aurait provoqué une attaque cérébrale ou une forte inflammation. Les résultats de cette expérience pourraient expliquer pourquoi les personnes obèses auraient du mal à moins manger, et donc perdre du poids.
Perte des fonctions régulatrices de la faim
"Les aliments riches en sucre ou en gras sont des aliments denses, au goût agréable, il est donc facile d'en manger trop et nos résultats montrent pourquoi il est difficile de se mettre au régime, et surtout de le maintenir sur la durée" explique le docteur Lynda Williams, en charge de l'étude à l'Université d'Aberdeen en Grande-Bretagne. En cause donc, l'hypothalamus, zone du cerveau dont les neurones régulent la dépense d'énergie et l'appétit. Manger gras perturberait son fonctionnement, entraînant une consommation excessive de nourriture quand bien même le corps serait suffisamment nourri.
"Chez les obèses, l'hypothalamus perd sa fonction régulatrice, et on ne sait pas vraiment pourquoi cela arrive" admet le docteur Williams. L'année dernière une autre étude, américaine cette fois-ci, avait elle aussi établi un lien entre obésité et dommages causés à l'hypothalamus. "Dans le cas de notre étude, précise le docteur Williams, nous avons constaté qu'en réponse à un régime riche en gras, des gènes et des protéines avaient changé de nature, exactement comme en cas de dommage de l'hypothalamus."
Pas de certitudes pour l'homme
"Les modifications ont eu lieu très rapidement, les protéines ont commencé à changer au bout de trois jours. Il a fallu une semaine pour constater des perturbations génétiques." Mais si l'expérience est concluante sur les rongeurs, rien n'est encore prouvé en ce qui concerne l'homme, et il est possible que les résultats obtenus soient biaisés puisque les souris dont le régime a été modifié, se sont vues administrer 60% de leur énergie sous forme d'acide gras saturés.
Dans ces conditions, difficile de tirer des conclusions de cette nouvelle expérience dont tout indique qu'il s'agit en tout cas d'une piste intéressante à explorer afin de mieux comprendre le processus conduisant à l'obésité. Quoiqu'il en soit, la biologie n'explique pas tout, et il importe d'avoir à l'esprit tous les autres facteurs conduisant à l'obésité à l'instar, par exemple, de la sédentarité.
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