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Élection 2012: les Québécois élisent un gouvernement péquiste minoritaire

Gouvernement péquiste minoritaire
PC

MONTRÉAL - Le Québec a tourné une page d'histoire, mardi, en choisissant pour la première fois de confier ses destinées à une femme, la chef du Parti québécois, Pauline Marois.

Mme Marois, âgée de 63 ans, a donc réussi à réaliser son rêve de devenir la première femme à pouvoir revendiquer le titre de première ministre du Québec.

Mais c'est une demi-victoire pour Mme Marois qui devra se contenter de diriger un gouvernement minoritaire, de surcroît avec un faible pourcentage d'appui de la population.

À minuit trente, le PQ menait la course avec 54 élus (32 pour cent de votes), contre 50 élus pour le PLQ (31 pour cent) et 19 élus pour la CAQ (27,1 pour cent). Québec solidaire avait deux élus et six pour cent du vote.

Il faut obtenir au moins 35 pour cent du vote pour espérer former un gouvernement majoritaire, qui se traduit par un minimum de 63 sièges à l'Assemblée nationale.

Autre pilule amère pour Mme Marois, sa performance, en termes de pourcentage d'appui populaire, s'annonce pour être inférieure en 2012 (32,1 pour cent) qu'en 2008 (35 pour cent), quand elle formait l'opposition officielle avec 51 sièges.

Au cours des sept derniers scrutins, le PQ a affiché une pire performance une seule fois, en 2007, avec André Boisclair, quand sa formation connaissait son pire score avec seulement 28 pour cent d'appui. Au cours des autres scrutins depuis 1985, le PQ est allé chercher entre 33 (2003) et 44 (1994) pour cent d'appui populaire.

«Quelle belle dose d'amour!», a dit Mme Marois d'entrée de jeu en prenant la parole, à Montréal, vers 23h45.

«Un nouvel épisode de notre histoire commence», a ajouté la première ministre élue, en promettant de gouverner de façon «responsable» pour l'ensemble des Québécois, «y compris la jeunesse».

«Le cynisme a perdu et c'est l'espoir qui a gagné», a encore commenté la chef péquiste, en disant vouloir faire honneur aux femmes.

Aux «amis du Canada», Mme Marois a invité à accepter «avec ouverture» les aspirations du Québec.

«On veut un pays et nous l'aurons!», a-t-elle lancé aux militants survoltés réunis au Métropolis, alors qu'un grave incident est venu perturber son discours et la fête péquiste.

Deux gardes du corps l'ont empoignée, craignant pour sa sécurité. La salle a été évacuée.

Un homme armé a été arrêté. À l'intérieur du Métropolis, à l'arrière de la salle, il avait ouvert le feu et deux personnes ont été blessées, dont une mortellement. De plus, un incendie a dû être contrôlé derrière la salle. Au moment de son arrestation, l'homme a lancé: «Les anglais se réveillent».

Malgré tout, faisant preuve de sang-froid, Mme Marois est revenue sur scène terminer son discours, tandis que la foule se dispersait.

Les libéraux de Jean Charest vont former l'opposition officielle, laissant la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault loin derrière. Mais ils devront composer sans Jean Charest, défait dans sa circonscription de Sherbrooke, qu'il représentait depuis 1998.

M. Charest aura dirigé le Québec pendant près d'une décennie, depuis avril 2003.

À Sherbrooke, il s'est présenté au micro vers 23h15, pratiquement aphone, entouré de son épouse et de ses trois enfants.

Il a semblé laisser entendre son intention de rester à la tête du Parti libéral, même s'il a été défait dans son comté. Le PLQ «se reconstruira», a-t-il dit, en assumant «l'entière responsabilité» de la défaite et rappelant que seulement un pour cent de différence dans le vote populaire le séparait du PQ.

Il a dit qu'il y aurait d'autres «rendez-vous» pour continuer «ensemble» à promouvoir les valeurs du PLQ.

Le suspense, quant à l'issue du scrutin du 4 septembre, aura duré jusqu'à la toute fin, alors que les trois grands partis se sont fait une chaude lutte durant la campagne.

Au moment de la dissolution de la Chambre, qui compte 125 sièges, les libéraux, qui formaient un gouvernement majoritaire, en détenaient 64, le Parti québécois, 47, la Coalition avenir Québec, neuf, Québec solidaire, un, Option nationale, un, deux députés siégeaient comme indépendants et un siège était vacant, celui de Bourassa-Sauvé.

En décembre 2008, lors du précédent scrutin, les libéraux avaient raflé 66 sièges et 42 pour cent du vote, tandis que les péquistes de Pauline Marois avaient obtenu comme prix de consolation l'opposition officielle avec 51 sièges et 35 pour cent du vote.

En 2008, toujours, le taux de participation de la population était de seulement 57 pour cent. C'est bien loin du taux record de 85 pour cent atteint en 1976, lors de l'élection du premier gouvernement péquiste de René Lévesque. En fin de soirée, mardi, le taux de participation atteignait 74 pour cent.

La chef péquiste Pauline Marois (Charlevoix-Côte-de-Beaupré) a été la première des chefs à être déclarée élue.

Élu tardivement dans l'Assomption, le chef caquiste François Legault a été le premier à prendre la parole, pour dire que sa Coalition était «une nouvelle force politique au Québec» qui était là pour rester.

Parmi les premiers élus de la soirée, notons les noms de Geoffrey Kelley (PLQ-Jacques-Cartier), Lawrence Bergman (PLQ-Darcy-McGee), Éric Caire (CAQ-La Peltrie), Bernard Drainville (PQ), Jacques Duchesneau (CAQ), François Gendron (PQ) et Jean-Marc Fournier (PLQ-Saint-Laurent).

Chez les autres élus péquistes, notons les noms de Jean-François Lisée (Rosemont), Léo Bureau-Blouin (Laval-des-Rapides), Pierre Duchesne (Borduas), le Dr Réjean Hébert (Saint-François), Agnès Maltais (Taschereau) et Marie Malavoy (Taillon).

Chez les libéraux, Raymond Bachand (Outremont), Sam Hamad (Louis-Hébert), Yves Bolduc (Jean-Talon) et Pierre Paradis (Brome-Missisquoi) ont été réélus.

Chez Québec solidaire, Amir Khadir (Mercier) est réélu pour un deuxième mandat et Françoise David (Gouin) a réussi à sa troisième tentative de se faire élire, chassant le péquiste Nicolas Girard.

La CAQ a fait élire Christian Dubé (Lévis), et réélire Gérard Deltell (Chauveau) et Sylvie Roy (Arthabaska).

Chez les candidats-vedettes défaits, notons les noms du Dr Gaétan Barrette (CAQ-Terrebonne), du ministre Clément Gignac (Taschereau), François Rebello (CAQ-Sanguinet) et Jean-Martin Aussant (chef d'Option nationale dans Nicolet-Bécancour).

En plein été, ce 1er août, après trois ans et huit mois de pouvoir, plus de six millions de Québécois avaient été invités par le premier ministre Jean Charest à élire un nouveau gouvernement.

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