Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

FME, vendredi, jour 2: Panache de ruelle (PHOTOS)

FME, vendredi, jour 2: Panache de ruelle (PHOTOS)
Christian Leduc

ROUYN-NORANDA – Au Festival de musique émergente de l’Abitibi-Témiscaminque (FME), déambuler dans les rues pour découvrir l’improbable et le spontané demeure une activité de prédilection pour le mélomane ouvert d’esprit. En ce sens, la soirée de vendredi était justement une occasion parfaite pour s’aventurer sur les territoires urbains et musicaux proposés à Rouyn-Noranda lors de l’événement.

Avec pas d’casque

Pour aller entendre Avec pas d’casque à la salle Évolu-Son, on devait marcher quelques minutes pour rejoindre la rue Principale, dite la « main ». Par une porte située sur le côté de l’édifice logeant notamment un commerce spécialisé en musique, on pouvait pénétrer à l’intérieur du lieu : classique apparence d’un bar de ville de deux étages. L’attrait le plus marquant ici étant finalement la façade extérieure peinte sur toute la surface (il y a quelques années) lors de la création de la salle qui accueille des concerts toute l’année.

Pour ce qui est du quatuor Avec pas d’casque, que peut-on ajouter qui n’a pas encore été dit ? Ce groupe montréalais connaît un succès d’estime bien mérité depuis la sortie de l’album Astronomie, paru en mars. Encore une fois, les gars ont fait dans la discrétion, les nuances, l’équilibre et le lyrisme, approche qui habille sobrement et intelligemment les très beaux textes du chanteur et guitariste Stéphane Lafleur, qui était entouré de ses acolytes habituels : Joël Vaudreuil à la batterie, Nicolas Moussette à la basse et lap steel puis Mathieu Charbonneau au baryton. Exceptionnellement, Simon Trottier (basse et guitare) de Timber Timbre, s’est joint au groupe pour l’expérience FME.

« C’est un champion des ambiances sonores. Il rajoute une couche astronomique !, lancera plus tard en entrevue Stéphane Lafleur. C’est plaisant de pouvoir modifier à l’occasion le spectacle (comme au FME) sans tout changer l’essence. Je me suis surpris à me sentir un peu comme un spectateur. J’avais l’impression de redécouvrir notre matériel. Quand Nicolas fait la guitare, il joue de la basse, et vice-versa. On a déjà fait l’expérience semblable avec Mathieu Veilleux. On aime ça. »

Dans la place, tout était silence sympathique et authenticité contagieuse : Intuition #1, la populaire Talent ou encore la souriante La journée qui s’en vient est flambant neuve, ont été parmi les pièces proposées devant une foule attentive qui débordait pratiquement des portes et fenêtres. Le groupe se donnera aussi en spectacle à la même heure samedi.

Peter Peter

Pour une deuxième année consécutive, Peter Peter était de passage au festival, plus précisément au Cabaret de la dernière chance. Il y était pour lancer son nouvel album Version améliorée de la tristesse, une musique toujours à l’orée de la mélancolie, mais plus poreuse à la gaité que son précédent disque.

« Je flirte encore avec la tristesse, mais c’est plus lumineux, a-t-il raconté. C’est une tristesse lubrifiée. Une sorte d’exutoire. Les textes parlent encore de sentiments et d’expériences de vie, mais peut-être dans un sens plus collectif. La production s’est faite dans le plus beau des positivismes contrairement au premier album. Je voulais des arrangements plus pop, raffinés, esthétiques. J’ai par exemple fait de la place au saxophone d’Adam Kinner, qui est ici avec moi pour la performance. »

Feist sur la 7e rue

Elle est partout la néo-écossaise Leslie Feist. Elle s’est même retrouvée tête d’affiche du FME. Récemment entendue à Osheaga, la rafraichissante et candide chanteuse-guitariste était de nouveau à son aise sur une scène québécoise, mais cette fois-ci sans ses trois choristes. Heureux problème puisque cela a permis de mettre en avant-plan le travail vocal de Feist en plus d’ajouter une touche légèrement plus rock à la proposition générale. Bien entendu, rien n’a profondément changé dans son concert qui amalgame sensualité et folk-rock. La voix, tout en contrôle, est belle et puissante.

On aura entendu une douzaine de morceaux issus des albums Metals, Let It Die et The Reminder : Feel It All, How Come You Never Go There, une Mushaboom réinventée, la douce So Sorry, Graveyard, et l’excellente The Bad In Each Other, premier titre du dernier opus. Feist est résolument devenue une référence en sol canadien. Son travail est bien fait et généralement très bien livré sur scène. Elle maîtrise parfaitement les arrangements et les mélodies. En somme, une performance enveloppante et gracieuse pour l’auteure-compositrice-interprète canadienne en ce FME, très fier de la recevoir pour son 10e anniversaire.

Quant à Louis-Jean Cormier (chanteur de Karkwa), qui jouait en première partie de Feist, il a fait fureur, du moins à entendre les commentaires qui ont circulé de bouche à oreille partout durant la soirée. Nous en parlerons dans le cadre du lancement de son album en septembre, à Montréal.

Organ Mood

Superbe surprise du festival, Organ Mood, qui propose un mélange de musique d’ambiances lounge-électro et d’arts visuels. Caché dans la cour arrière du centre d’artistes l’Écart donnant sur la ruelle qui court entre le 7e et la 8e rue, les Montréalais Christophe Lamarche-Ledoux (maître de la console et des synthétiseurs) et Mathieu Jacques (responsable de la création spontanée aux projecteur et acétates) ont offert un bel équilibre entre expérimentation et enveloppants dérapages mystérieux. Ça jasait et dansait dans une atmosphère ultra décontractée. Fort réussi.

Docteur V

En avançant dans une nuit bien avancée et particulièrement fraiche (mais pas pour les gens de la place !), la ruelle est de nouveau la voie la plus appropriée pour se rendre au Cabaret de la dernière chance, par la porte arrière… Sur le chemin, quelle déroutante rencontre que ce Docteur V, flanqué de ses comparses en bordure de ruelle, devant les portes ouvertes d’une van Econoline blanche sur laquelle on peut griffer de sa signature une feuille blanche collée sur la tôle du véhicule. Hein ?

De façon sympathique et humoristique (même le président fondateur du FME Sandy Boutin a signé la démarche), le jeune homme dans la vingtaine vise à se gagner une participation à la programmation 2013… Sur le toit du véhicule, on a peint en noir sur une pancarte : OFFME. En attendant, le gars joue du rock garage avec panache. « Ça crache du bon son » comme dira un badaud de Rouyn.

Juveniles

Ils s’appellent Juveniles, ces jeunes étoiles montantes en provenance de Rennes, qui cartonnent en France avec des succès comme We are Young et Ambitions. Électro pop synthétisée facile à consommer qui fait certainement déhancher, la musique rappelle les années ’80 et l’esprit Depeche Mode, mais avec plus de muscle. Lovers, nonchalants, faux durs et faux ados, ils s’expriment en anglais ces Français. C’est un peu étrange, mais à la mode de l’autre côté de l’Atlantique. Bon, on leur pardonne facilement, puisque ça fonctionne assez bien. C’est cool, agité, flamboyant, ringard et franchement facile à prendre pour ce super soir de bar.

Plants and Animals

Certainement LA performance de la nuit, le groupe phare indie-rock montréalais Plants and Animals commence vraiment, mais vraiment, à prendre beaucoup de place sur la scène musicale canadienne. Surtout depuis que le trio formé par Warren Spicer, Matthew Woodley et Nicolas Basque a ajouté une quatrième corde à son arc pour les spectacles, au nom d’Éric Digras à la basse. Cet ajout sur scène permet aux autres musiciens de relaxer un peu tout en conservant le rythme.

À l’Agora des arts, le son de plus en plus rock du groupe a fait l’unanimité avec ses arrangements épurés teintés de folk.

Au final, une prestation assez lourde et au rythme soutenu, qui se mariait parfaitement avec l'esprit du FME.

INOLTRE SU HUFFPOST

FME 2012, Jour 2

FME 2012, Jour 2

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.