Un texte de François Messier
Le candidat de la Coalition avenir Québec dans Saint-Jérôme, Jacques Duchesneau, croit que des ministres de Jean Charest ont séjourné sur le bateau de l'homme d'affaires Tony Accurso. Il refuse toutefois de les nommer pour des raisons « légales ».
L'ancien patron de l'Unité anticollusion, créée au sein du ministère des Transports, a fait cette déclaration-choc dans le cadre d'un débat l'opposant à la candidate libérale dans Anjou-Louis-Riel, Lise Thériault, sur les ondes du 98,5 FM.
Ce n'est pas la première fois que de telles allégations font surface. Dans une entrevue accordée à Radio-Canada en octobre 2009, l'ex-candidat municipal Benoît Labonté avait déclaré avoir transmis de l'information à ce sujet à Jean Charest. Il disait que deux sources lui avaient confirmé que trois ministres étaient en cause.
L'affaire avait rebondi à l'Assemblée nationale. La députée adéquiste Sylvie Roy, qui défend aujourd'hui les couleurs de la CAQ, avait posé une question à ce sujet au ministre de la Sécurité publique de l'époque, Jacques Dupuis. Ce dernier avait dénoncé une utilisation abusive de l'immunité parlementaire.
Jacques Duchesneau a refusé d'accorder une entrevue à Radio-Canada à ce sujet, mercredi.
Extraits du débat animé par Paul Arcand
- Lise Thériault : « Ici, on en parle plus qu'ailleurs [NDLR: de la corruption] parce qu'il y a eu des allégations. Sylvie Roy qui a dit que les ministres sont allés sur le bateau de Tony Accurso, vous le savez que ce n'est pas vrai. Elle l'a reconnu, elle aussi, que ce n'était pas vrai. »
- Jacques Duchesneau : « Y'en a jamais eu? »
- Lise Thériault : « Pas à ma connaissance. »
- Paul Arcand : « Est-ce que vous pensez qu'il y en a, M. Duchesneau? Est-ce que vous dites qu'il y en a qui y sont allés? »
- Jacques Duchesneau : « Oui. »
- Paul Arcand : « Des ministres du gouvernement actuel? »
- Jacques Duchesneau : « Oui. »
- Paul Arcand: « Ils sont allés sur le bateau de M. Accurso? »
- Jacques Duchesneau : « Oui. »
- Lise Thériault : « Bien, ils répondront en temps et lieu quand quelqu'un aura des preuves. »
- Paul Arcand (quelques instants plus tard) : « Les gens vont dire lesquels? Lesquels? »
- Jacques Duchesneau : « Je ne donnerai pas de nom ici ce matin pour des raisons évidentes. »
- Paul Arcand : « Légales. »
- Jacques Duchesneau : « Oui. »
Charest dément et contre-attaque
En conférence de presse mercredi matin, à Saint-Romain, le chef libéral, Jean Charest, a déploré que Jacques Duchesneau ressasse cette histoire.
« Quand cette allégation-là a été faite, quand quelqu'un m'a dit : "il y a des ministres de votre gouvernement qui sont allés sur le bateau de Tony Accurso", j'ai posé la question à mes ministres. "Est-ce que vous êtes allés sur le bateau de Tony Accurso?" La réponse, c'est non », a-t-il dit.
« Quand la députée de la CAQ, Mme Sylvie Roy, s'est fait demandée si elle avait des preuves à cet effet-là, elle a dit que c'était du ouï-dire », a ajouté le chef libéral.
Jean Charest a ensuite lu un extrait d'un article publié par la Presse canadienne le 19 août et dans lequel M. Duchesneau affirmait que « les citoyens sont lassés des allégations, des tentatives des partis de faire "dérailler la vérité". Les Québécois sont plus préoccupés par les vrais enjeux de la campagne. »
Le chef libéral a ensuite attaqué la crédibilité de la Coalition avenir Québec en matière de lutte à la corruption, en évoquant des informations déjà publiées selon lesquelles Tony Accurso aurait payé une facture de 14 000 $ lors d'une activité de financement organisée par l'Action démocratique du Québec au restaurant Onyx, dans le complexe Tops, à Laval, propriété de Tony Accurso.
« À l'ADQ, qui est maintenant devenue la CAQ, et chez les députés qui étaient là, Tony Accurso leur a payé un lunch de 14 000 $. Ça c'est un fait qui est prouvé. Ça fait cher l'aile piquante, ça! », a-t-il lancé.
« Est-ce que ce n'est pas triste aujourd'hui que M. Duchesneau répète ces allégations-là, qui sont sans aucun fondement? Aucun, aucun, aucun fondement. Et ça sert les intérêts de qui? C'est difficile de penser que ça sert les intérêts de quiconque », a-t-il ajouté.
Pour me joindre :
francois.messier-nm@radio-canada.ca
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