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Quelles sont vraiment les chances de Romney face à Obama ?

Quelles sont vraiment les chances de Mitt Romney face à Barack Obama?
AFP

ÉLECTIONS AMÉRICAINES - À près de deux mois de l'élection présidentielle du 6 novembre aux États-Unis, le parti républicain va officiellement introniser ce mardi 28 août Mitt Romney, par acclamation comme le veut la coutume, en tant que candidat du parti face à Barack Obama lors de la convention nationale républicaine, qui se déroule jusqu'à jeudi. La convention républicaine a effectivement ouvert ses portes lundi sans fanfare. Six coups de marteau, un petit hommage à Neil Armstrong, une prière, une courte vidéo à la gloire de Mitt Romney, et c'en était fini pour la journée. Elle a été aussitôt ajournée pour quelques heures à cause de la tempête Isaac.

L'ancien gouverneur du Massachusetts de 65 ans, de confession mormone, devrait ainsi profiter d'une mise en avant médiatique qui pourrait l'aider à confirmer son avance nouvellement acquise sur Barack Obama. Un sondage publié lundi 27 août, jour du lancement de la convention, par le Washington Post, donne un point d'avance au candidat républicain, une première depuis des mois dans cette étude récurrente.

Une nouvelle qui tombe au moment où l'université du Colorado prédit une victoire de Romney avec 52,9% des voix. Une prédiction qui peut faire froid dans le dos de Barack Obama: les analystes de l'université ne se sont jamais trompés depuis 1980, note Marianne. De plus, la convention républicaine devrait aussi permettre de ressouder un parti qui s'est déchiré pendant les primaires organisées de janvier à juillet, afin de soutenir le candidat Romney dans la dernière ligne droite.

Mais Barack Obama est bien décidé à ne laisser aucun répit à son adversaire, et a annoncé qu'il continuerait de faire campagne pendant la convention républicaine, une rupture avec un accord, tacite, traditionnel, entre républicains et démocrates visant à laisser à chaque convention la part belle de l'exposition médiatique au parti concerné.

Obama toujours en avance sur Romney

En l'état actuel des choses, Mitt Romney a clairement réduit l'écart avec Barack Obama dans les sondages nationaux, et l'a même dépassé dans le sondage du Washington Post. Et même si Barack Obama reste devant sur la moyenne des sondages, seul un point sépare les deux candidats, selon le site américain Realclearpolitics.

Pour autant, du fait du système électoral américain, les sondages nationaux ne sont pas les plus importants. Avec le système des grands électeurs, si un candidat arrive en tête dans l'un des 50 États américains, il remporte tous les grands électeurs de celui-ci. Pour être élu, le candidat doit obtenir la majorité absolue des grands électeurs, soit 270. Ainsi, les deux partis doivent cibler en priorité dans leur campagne électorale les États où l'incertitude règne. Actuellement, comme le montre les cartes interactives du Huffington post (que vous pouvez voir ci-contre et dans tous nos articles sur l'élection) et du New York Times, une douzaine d'États sont concernés, tel la Floride (où se passe la convention républicaine), le Colorado, l'Ohio, la Caroline du Nord (où se passe la convention démocrate).

Pour le moment, les sondages locaux donnent à Barack Obama entre 237 et 247 grands électeurs, contre 191 à 206 pour Mitt Romney. Mais la convention républicaine, dès ce lundi et jusqu'au jeudi 30 août, devrait permettre à Romney de monter dans les sondages et de montrer un parti républicain uni. Sauf si la tempête Isaac continue de saborder l'organisation de la convention...

"Après la convention, Mitt Romney devrait prendre deux ou trois points dans les sondages grâce à la couverture médiatique. De plus, sa femme est sympathique et sera mise en avant", précise Nicole Bacharan, politologue spécialise des États-Unis. Mais la convention démocrate devrait avoir le même effet sur les intentions de vote en faveur de Barack Obama.

Paul Ryan, un colistier qui doit faire ses preuves

Surtout, la convention du parti va permettre aux républicains de se montrer unis et de mettre en avant Mitt Romney, encore assez inconnu du grand public américain, et son colistier Paul Ryan. La nomination du candidat à la vice-présidence, le 11 août, en a surpris plus d'un. "Ce choix est étonnant car cela donne un ticket [terme américain pour parler des deux candidats, ndlr] de deux hommes blancs et conservateurs. Son rôle est de rassurer les Américains vraiment à droite et qui ne font pas confiance à Romney", explique Nicole Bacharan, tout en ajoutant: "mais les latinos, un électorat clé, posent un problème important, étant donné que Romney comme Ryan sont ultra durs sur les questions d'immigration".

Une analyse qui n'est pas partagée par Pierre Toullec, président de l'Association des Amis du Parti républicain en France:

"Paul Ryan est un bon choix. C'est un homme qui propose des mesures précises, concrètes. Si les sondages nationaux n'ont pas montré une réelle évolution suite à sa nomination, ce n'est pas le cas de sondages locaux dans certains États comme le Michigan, le Wisconsin, la Caroline du Nord ou la Floride [des États-clés qui peuvent basculer d'un côté ou de l'autre, ndlr]. C'est un bon choix par rapport à Sarah Pallin, la colistier de John Mc Cain en 2008, car il apporte plus de profondeur."

Mais pour Pierre Guerlain, spécialiste de la civilisation américaine, le choix de Paul Ryan tient avant tout du problème qu'entretient Mitt Romney avec un électorat-clé des républicains. "Les chrétiens fondamentalistes ne l'aiment pas, pour diverses raisons. C'est pour cela qu'il a choisi Paul Ryan, vivement opposé à l'avortement", précise-t-il.

Thèmes de campagne: les mauvais choix de Romney ?

Le choix de Paul Ryan, couplé à la polémique déclenchée par le républicain Todd Akin sur le "vrai" viol et l'avortement, a ouvert un véritable débat sur l'avortement et les conditions de la femme aux États-Unis. Et sur cette thématique, on ne peut pas dire que Mitt Romney soit plébiscité. Dans un sondage publié mardi 22 août, seuls 24% des sondés estiment que le candidat républicain défendra mieux le droit des femmes, contre 54% pour Barack Obama.

"L'affaire Todd Akin a aliéné une partie du vote féminin aux républicains", explique Pierre Guerlain, tout en précisant que cet incident a obligé Romney à changer de position sur l'avortement, en critiquant Todd Akin alors que le programme du parti, comme en 2008, est anti-avortement même en cas de viol.

Le social, l'autre grand thème abordé par les républicains ces dernières semaines, est lui aussi à double tranchant. En attaquant la réforme de la santé et de la retraite de Barack Obama, Paul Ryan a certes pu critiquer le président sur le plan économique en affirmant que cette réforme allait creuser le déficit. Mais de telles déclarations peuvent aussi faire peur à un certain électorat.

"Tout le monde sait que Paul Ryan veut couper dans les budgets sociaux. Il fait peur aux personnes âgées", affirme Nicole Bacharan. Paul Ryan a en effet présenté, en 2009, un plan alternatif au budget américain qui s'attaque directement à l'assurance-santé des plus pauvres, à celles des personnes âgées et au système de retraite, qui seraient tous partiellement privatisés, note Le Monde le jeudi 23 août.

Dans le sondage précédemment cité, 30% des personnes interrogées affirment que Mitt Romney se soucie des Américains moyens, contre 52% pour Barack Obama. À l'inverse, 44% estiment que Mitt Romney a de meilleures idées "pour améliorer l'économie", contre 38% pour Barack Obama.

Financement de campagne: le nerf de la guerre

Malgré tout, l'élection n'est pas jouée, loin s'en faut. "Ce qui va compter, ce seront les sondages de fin septembre, une fois les premiers débats entre les deux candidats passés. L'élection va se jouer dans les toutes dernières semaines de la campagne", croit savoir Pierre Toullec, président de l'Association des Amis du Parti républicain en France.

Et dans ces dernières semaines, l'avantage pourrait bien aller à Mitt Romney. "Depuis la nomination de Paul Ryan, les donations ont explosé. Rien que sur Internet, 10,5 millions de dollars ont été récoltés côté républicain, alors que les mois précédents les donations sur Internet ne dépassaient pas les 3 ou 4 millions de dollars", note Pierre Toullec.

Surtout, Mitt Romney dispose d'un matelas impressionnant par rapport à l'équipe Obama. D'après le New York Times, même si Barack Obama a récolté 587,7 millions de dollars depuis le lancement de sa campagne contre 524,2 millions de dollars pour Romney, les démocrates ont dépensé beaucoup plus, par exemple via des clips vidéos anti-Romney. Il reste actuellement 131,2 millions de dollars de réserve aux démocrates contre 197,1 millions de dollars pour les républicains. Plus inquiétant pour le président sortant: depuis le mois de mai, les dons enregistrés en faveur des républicains sont plus importants que ceux en faveur des démocrates.

Pour Pierre Guerlain, spécialiste de la civilisation américaine, cet avantage financier permet à Mitt Romney d'avoir toutes ses chances:

"L'argent va plus vers lui que vers Barack Obama, ce qui n'était pas le cas en 2008. Mitt Romney a une importante fortune personnelle et est soutenu par le milieu des affaires. On ne peut établir un lien direct avec la victoire, mais c'est un facteur important."

Cet avantage financier permettra-t-il à Mitt Romney de devenir le 45e président des États-Unis? Réponse le 6 novembre.

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