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Élections américaines: quel est le rôle de la convention républicaine?

À quoi sert la convention républicaine?
AFP

ÉLECTIONS AMÉRICAINES - Ce lundi, en Floride, avant d'être ajournée à cause de la tempête Isaac débutera la convention républicaine qui désignera officiellement Mitt Romney comme candidat pour l'élection présidentielle de novembre aux États-Unis.

Grande messe républicaine, existante depuis 1856, elle précède d'une semaine la convention démocrate qui verra l'intronisation du président sortant Barack Obama. Jusqu'au jeudi 30 août, 2286 délégués et 2125 suppléants de tous les États sont attendus, ainsi que 15.000 journalistes et plus de 50.000 personnes.

L'objectif de ce rassemblement est triple. D'abord, élire le candidat républicain. Ensuite, voter la "plateforme", c'est-à-dire le programme du parti (et non du candidat) pour l'élection. Enfin, et surtout, mettre en avant le candidat dans une opération de communication savamment orchestrée. Il est intéressant de noter que le lieu de la convention n'a pas été choisi au hasard.

Un vote devenu anecdotique

En réalité, le vote qui désignera Mitt Romney est dénué de suspens. Lors des primaires républicaines, qui se sont déroulées du 3 janvier au 14 juillet, ce mormon de 65 ans a réussi à s'imposer face à ses adversaires. Mitt Romney n'est pas une exception. Voilà déjà plus d'un quart de siècle que la convention nationale républicaine ne sert plus à départager des candidats. Avant cela, les primaires américaines n'étaient pas aussi ouvertes et n'avaient pas autant de poids: la convention nationale (et les conventions régionales qui la précèdent dans chaque État) avait alors pour mission de choisir le prétendant.

Un tel évènement ne s'est pas produit depuis l'élection présidentielle de 1976. "Ronald Reagan et Gerald Ford n'avaient pas emporté assez de voix lors des primaires pour s'imposer, c'est alors le vote de la convention nationale qui a décidé du nom du candidat" opposé à Jimmy Carter, explique au HuffPost Pierre Guerlain, professeur de civilisation américaine à l'Université Paris Ouest Nanterre. Pour les démocrates, il faut remonter en 1968, avec la nomination de Hubert Humphrey comme candidat du parti.

Depuis lors, le principe d'élections primaires plus ouvertes et démocratiques s'est généralisé aux États-Unis, de sorte que le vote ait un véritable impact. En 2012, les candidats se sont ainsi désistés (ou presque, dans le cas de Ron Paul) en faveur de Mitt Romney, qui faisait la course en tête depuis le fameux "Super Thuesday" (Super mardi), date à laquelle une dizaine d'États votent en même temps. "Les autres candidats ont appelé leurs délégués [élus locaux devant élire le candidat lors de la convention nationale, ndlr] à voter difficilement et progressivement, quand les grands donateurs et les cadres du parti se sont rangés derrière Mitt Romney car il était le plus à même de l'emporter contre Obama", explique Nicole Bacharan, politologue spécialise de la société américaine contactée par Le HuffPost.

Un couronnement médiatique avant tout

Le vote, anecdotique, mis à part, le rituel de la convention possède encore deux vertus nécessaires au parti: la présentation d'un leader et la création d'un programme commun. Celui-ci permet de souder les différentes tendances du parti, soumis de manière générale à des tensions à la suite des primaires. "Cette année, le parti a été en proie à des conflits énormes de personnes et d'idéologies", affirme Pierre Guerlain, une référence directe à la pression exercée par l'aile droite républicaine, le fameux Tea Party. Le vote de ce programme commun permet donc d'amoindrir ces tensions, de faire des concessions aux différents courants, de dessiner les tendances à l'intérieur du parti.

Vient enfin la partie la plus importante, même si elle n'est pas aussi officielle que les deux précédentes: le couronnement politique et médiatique du candidat Romney. "La fonction essentielle des conventions depuis des années est avant tout de créer une grande messe afin de capter l'attention des médias pour faire de la publicité pour le candidat du parti", note Pierre Guerlain.

Pour Nicole Bacharan, ces conventions ont toujours eu un impact positif sur l'image des candidats:

"La présence médiatique est assez énorme. Le parti fait en sorte qu'il y ait un attrait, qu'il se passe toujours quelque chose. On projette des films sur la vie des candidats, on organise des réunions, des ateliers... Je pense que chaque candidat monte mécaniquement dans les sondages après une convention"

La magie opérera-t-elle pour Mitt Romney? Pas si sûr en réalité, car comme le précisent les deux spécialistes américains, la couverture médiatique devrait être limitée cette année. Le New York Times note que les grandes chaînes de télévision généralistes (CBS, NBC, ABC) ne proposeront à leurs auditeurs que trois heures de direct contre quatre en 2008. En 2008, les chaînes principales étaient en direct environ une heure par soir. Mais cette année, la première journée ne devrait pas être couverte. À tel point que les cadres républicains se demandent s'ils ne doivent pas repousser le discours d'Ann Romney, la femme du candidat républicain, prévu lundi en deuxième partie de soirée.

Brian Williams, le présentateur de NBC News, expliquait ainsi dans le quotidien américain qu'il "aimerait plus de couverture des conventions", mais qu'il "vit aussi dans le monde réel". Une référence directe au fait que les Américains préfèrent entendre parler d'autre chose que de politique. D'autant plus que pour les plus férus de politique, les conventions seront retransmises en direct, minute par minute, sur les différents sites américains (dont le HuffPost).

Cette couverture médiatique un peu plus faible aura-t-elle un impact sur la candidature de Mitt Romney? En tout cas, Barack Obama ne va pas faciliter la tâche du républicain. Rompant avec une vieille tradition, le président américain va faire campagne dans des États-clés pour sa réélection la semaine prochaine.

Jusqu'alors, il était admis que les candidats ne fassent pas activement campagne pendant la convention de leurs adversaires afin de ne pas leur voler la vedette dans les médias. Mais lors d'un dîner de collecte à 20.000 euros la place, organisé mercredi 22 août en compagnie de Michael Jordan, le président américain s'est montré offensif, filant la métaphore sportive: "Il ne reste que sept minutes à jouer. Et personne ne sait mieux que Michael que s'il reste sept minutes, et que vous êtes un peu en tête, alors c'est là que vous les mettez à terre. C'est là que vous brisez la dynamique. Vous ne les laissez même pas se relever du matelas", a déclaré Barack Obama. Reste à voir quel sera la réaction de Mitt Romney lors de la convention démocrate prévue la semaine prochaine.

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