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Pauline Marois et François Legault en duel (PHOTOS/ EN DIRECT/TWITTER)

Pauline Marois et François Legault en duel (PHOTOS/ EN DIRECT/TWITTER)
CP

La chef du Parti québécois (PQ), Pauline Marois, et le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, ont participé, mercredi, au dernier de trois duels électoraux diffusés par le réseau TVA.

Amorcée sur un ton très calme, la joute oratoire est rapidement devenue un dur affrontement entre deux anciens collègues sous les gouvernements péquistes de Lucien Bouchard et Bernard Landry, sans toutefois atteindre l'intensité acrimonieuse des duels précédents.

Les thèmes abordés étaient les mêmes : gouvernance, politiques sociales, économie et identité nationale.

Gouvernance

Les dépenses électorales ont été le principal sujet abordé sous le thème de la gouvernance, mais ont rapidement dévié vers un débat sur l'intégrité.

Interrogée sur l'affirmation du candidat caquiste Jacques Duchesneau selon laquelle 70 % de l'argent consacré aux partis politiques au provincial ne serait pas issu de dons officiels enregistrés, Pauline Marois a répondu que « ce n'est pas possible ». « Il sait qu'il n'y a pas d'argent sale au Parti québécois », a t-elle dit, prenant à témoin son ancien collègue péquiste.

Mme Marois a rappelé les révélations du reportage diffusé mardi par Radio-Canada, où des sources affirmaient que de l'argent récolté lors du lancement de la campagne de Jacques Duchesneau à la mairie, en 1998, n'apparaissait pas dans les états financiers du parti Nouveau Montréal.

François Legault a rétorqué qu'une enquête du Directeur général des élections, qui portait sur d'autres allégations visant cette campagne municipale, avait blanchi M. Duchesneau.

« S'il y a quelqu'un d'intègre au Québec, c'est M. Duchesneau. C'est grâce à M. Duchesneau si on a une commission d'enquête publique. » — François Legault,

Pauline Marois a poursuivi en reprenant des informations ayant refait surface dans un récent pamphlet politique, selon lesquelles M. Legault, à l'époque où il siégeait dans l'opposition péquiste, avait cessé de porter le dossier des irrégularités dans la gestion des Fonds d'intervention économique régionale (FIER) lorsque Charles Sirois, homme d'affaires avec qui il a plus tard fondé la Coalition pour l'avenir du Québec, était impliqué. M. Legault a nié ces affirmations.

« Le Parti québécois, vous l'avez quitté parce que vous trouviez qu'on était trop durs. » — Pauline Marois.

Chacun a fait état de ses promesses pour améliorer la gouvernance et l'éthique au Québec. Si Mme Marois et M. Legault s'entendent sur la réduction du plafond des dons aux partis à 100 $ par personne, ils divergent sur le plafond des dépenses.

M. Legault prône une réduction de ce plafond à 4 millions de dollars. Il est présentement de 11 millions.

Le chef de la CAQ a demandé à son adversaire pouruqoi elle tenait à le garder aussi haut. Mme Marois a soutenu que cet argent était nécessaire pour faire campagne dans toutes les régions, ce que conteste M. Legault.

Les politiques sociales

Les deux rivaux, qui ont tous deux déjà occupé le portefeuille de l'éducation, ont croisé le fer sur cette question.Pauline Marois a accusé son ancien collègue de vouloir faire de la provocation.

François Legault a réitéré que son parti s'engageait à ouvrir les écoles de 9 h à 17 h. « Ce que je souhaite, c'est enlever les ressources dans la bureaucratie pour mettre l'argent dans les services. »

« Pendant que vous vous occupez des structures, moi, je vais m'occuper des enfants! », a rétorqué Mme Marois, qui a mis de l'avant sa proposition de la maternelle à quatre ans dans les milieux défavorisés.

Elle a en outre critiqué son rival de vouloir mettre « 7000 personnes dehors ». M. Legault a répliqué qu'elle était trop près des milieux syndicaux.

« Vous êtes la reine du statu quo, vous avez les deux mains attachées avec les syndicats! » — François Legault.

« Quand vous allez négocier avec les étudiants, allez vous avoir votre carré rouge? Quand vous allez négocier avec les syndicats, allez-vous porter un macaron? », a-t-il poursuivi.

Les échanges se sont corsés lorsque les candidats, qui ont tous deux déjà été à la tête du ministère de la Santé, ont débattu des problèmes du réseau.

Citant en exemple l'Australie et la Grande-Bretagne, François Legault a réitéré sa promesse de doter tous les Québécois d'un médecin de famille.

Pauline Marois a lancé que la promesse de la CAQ était irréaliste, arguant que sa formation pourrait remplir cet engagement en quatre ans.

« Vous en avez pas, du courage », a répliqué M. Legault, qui l'a accusée de plier devant de nombreux groupes de pression.

Avoir, du courage, François, c'est être capable de respecter ses convictions même quand ça va mal! — Pauline Marois.

LA SOIRÉE EN IMAGES: (Suite du texte dessous)

22 août 2012: Duel entre Marois et Legault

22 août 2012: Duel entre Marois et Legault

L'économie

La ligne d'attaque de François Legault sur l'économie était axée sur l'absence de cadre financier du Parti québécois et sur la proximité entre le PQ et les syndicats.

Le chef de la CAQ évalue à 3 milliards de dollars les promesses péquistes d'annuler la hausse des droits de scolarité décrétée par les libéraux, d'annuler le dégel du bloc patrimonial des tarifs d'électricité, de maintenir les tarifs des centres de la petite enfance à 7 $ et d'abolir la contribution santé de 200 $ par année. Il a reproché à Pauline Marois de manquer de courage et de vouloir abolir une mesure du budget provincial de 2010 qui visait à réduire la dette.

« La seule dette qui vous intéresse, c'est la dette envers les syndicats. » — François Legault.

François Legault a aussi défendu son appui au droit de lock-out réclamé par le maire de Québec, Régis Labeaume. M. Legault a estimé à 4 milliards de dollars le déficit des régimes de retraite des employés municipaux et accusant Mme Marois de vouloir « monter les taxes de tout le monde pour financer » ces régimes.

Pauline Marois a rétorqué qu'elle trouverait une solution au « vrai problème » des régimes de retraite avec les travailleurs et les municipalités. Elle a ajouté qu'un lock-out n'avait aucun sens, se demandant si le maire de Québec allait devenir pompier ou aller ramasser les ordures.

La chef du PQ a affirmé que les hausses de tarifs d'électricité préconisées par la CAQ allaient augmenter la facture de chaque Québécois de 344 $. Elle a ajouté que les baisses d'impôt promises par M. Legault ne se matérialiseraient pas, et qu'au moins un million de contribuables n'y auraient pas droit.

« Ce ne peut pas être toujours le citoyen qui ait à supporter un poids supplémentaire. » — Pauline Marois.

Question nationale et identité

La tenue d'un éventuel référendum sous un gouvernement péquiste a monopolisé les débats sur la question nationale. L'animateur Pierre Bruno a demandé à Mme Marois si « oui ou non » elle tiendrait un référendum au cours d'un premier mandat.

« Je le ferais le lendemain, mais ca ne marche pas comme ça », a-t-elle dit. « Il y aura un référendum lorsque la population du Québec souhaitera tenir un référendum », assurant qu'il ne se ferait « pas en cachette ».

« Vous aviez renié vos convictions », a-t-elle lancé à son collègue, ce à quoi il a répliqué qu'il avait « cheminé comme beaucoup de Québécois » et qu'il était temps de mettre fin à 30 ans de division. « Ce que les gens veulent, c'est qu'on fasse un ménage », a affirmé François Legault.

Celui-ci est rapidement passé à l'attaque en pourfendant les référendums d'initiative populaire proposés par le PQ, qui obligeraient le gouvernement à tenir un référendum sur un enjeu, quel qu'il soit, si 15 % des électeurs inscrits (environ 850 000 personnes) signaient un registre en ce sens.

« Ce sont les purs et durs qui vont décider de la date », s'est-il insurgé. « La pire chose qui pourrait arriver, c'est qu'on perde un référendum! »

« Mme Marois va nous précipiter dans le ravin avec les caribous! » — François Legault.

Il a ajouté qu,avec la proposition du Parti québécois, les sujets de référendum pourraient se multiplier. « Ça va être le chaos au Québec », a-t-il prédit. « Le Québec va être immobilisé pendant quatre ans. »

« Je suis une femme responsable », a répliqué sa rivale.

« Vous allez créer des affrontements, moi, j'aime mieux consulter. » — Pauline Marois.

François Legault a dû dire s'il serait chef du camp du non advenant la tenue d'un référendum. « Je ne ferai ni la promotion de la souveraineté, ni de l'unité canadienne », martelant que « les Québécois sont tannés de la chicane ».

Pauline Marois a accusé M. Legault de se mettre à genoux devant le fédéral.

Il a répondu que le PQ n'avait aucune crédibilité devant Ottawa. « Vous faites une liste de demandes pour vous faire dire non », a-t-il dénoncé, assurant que la CAQ négocierait « de bonne foi [...] dans les intérets suprérieurs du Québec ».

Ce sont les purs et durs qui vont décider de la date.

Deux autres duels, ceux entre le chef du Parti libéral, Jean Charest, et Pauline Marois, puis entre M. Charest et François Legault, ont eu lieu en début de semaine. Ils faisaient suite au débat des chefs à quatre, qui incluait aussi la présidente et porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, dimanche soir.

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