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Le duel Charest-Legault dominé par l'intégrité et l'économie (PHOTOS/TWITTER)

Charest et Legault se sont rendus coup pour coup
Agence QMI

Le second face-à-face entre des chefs de parti, opposant ce soir Jean Charest, du Parti libéral (PLQ), et François Legault, de la Coalition avenir Québec (CAQ), au réseau TVA, s'est amorcé sur un ton beaucoup moins incisif que la veille.

Les deux adversaires se sont affrontés sur les thèmes de la gouvernance, des politiques sociales, de l'économie et de l'identité nationale.

La gouvernance

De nouvelles allégations touchant le candidat de la CAQ dans Saint-Jérôme, Jacques Duchesneau, rapportées par Radio-Canada quelques heures avant la tenue du duel, ont notamment été abordées dans le premier segment. Ces allégations, niées par M. Duchesneau, porte sur du financement qui aurait été récolté lors du lancement de la campagne à la mairie de Montréal de l'ex-chef de police, en 1998.

Jean Charest a demandé au chef caquiste s'il appliquerait à son candidat vedette la « tolérance zéro » qu'il prône en matière d'intégrité.

M. Legault a défendu M. Duchesneau, reprochant de nouveau à M. Charest d'avoir, de son côté, attendu deux ans et demi avant de déclencher une commission d'enquête sur l'industrie de la construction.

Il est rapidement passé à l'attaque, questionnant l'intégrité des anciens ministre Tony Tomassi, Michelle Courchesne et Nathalie Normandeau.

« À chaque fois qu'il y a eu des incidents, j'ai agi », a répliqué le chef libéral, précisant qu'il avait relevé Tony Tomassi de ses fonctions « dans l'heure » où il avait appris qu'il avait un compte de dépenses avec une entreprise.

Martelant que son rival n'était « pas fiable », Jean Charest l'a pour sa part accusé d'avoir changé d'idée quant à la commission Charbonneau. François Legault avait critiqué la commission et son procureur en chef, Me Sylvain Lussier, en début de campagne.

Jean Charest, accompagné par son épouse à son arrivée à TVA

Les photos du face-à-face entre Charest et Legault

Politiques sociales

Sur l'éducation, le chef libéral a vanté le taux de diplomation au Québec, et affirmé que son gouvernement avait contribué à l'améliorer de 89 %. Jean Charest a de nouveau évoqué les compressions sous le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard, à la fin des années 90, accusant son adversaire, élu sous la bannière du Parti québécois en novembre 1998, d'avoir « coupé sauvagement dans l'éducation ».

M. Charest a soutenu que la promesse de M. Legault d'augmenter les salaires des professeurs allait ouvrir la porte à de très longues négociations avec 500 000 employés du secteur public qui voudront obtenir des conditions similaires.

« Moi, je m'assume. Pour la Coalition avenir Québec, l'éducation est la priorité absolue », a affirmé François Legault, ajoutant que « la seule fois » qu'il avait vu M. Charest se préoccuper d'éducation, c'est lors de l'annonce de l'installation de tableaux interactifs dans les écoles.

M. Legault a affirmé que ces tableaux étaient vendus par un ancien conseiller de M. Charest, ce qui a fait bondir ce dernier qui a reproché à son adversaire de tomber dans les attaques personnelles.

Sur la santé, Jean Charest a estimé que la promesse de la CAQ de donner accès à un médecin de famille à chaque Québécois en un an est irréaliste. Il a accusé François Legault d'être « si peu fiable qu'il continue de répéter sur les médecins de famille ce qui est totalement irréaliste », et de se faire des illusions en pensant qu'ajouter le nom d'un patient sur la liste d'attente d'un médecin donne accès à ce médecin.

« Il manque 1000 médecins de famille, parce vous les avez mis à la retraite. Vous êtes directement responsable du problème. » - Jean Charest

« Le champion de la non-fiabilité, c'est vous », a répondu M. Legault, soutenant que Jean Charest n'avait pas rempli ses promesses de baisses d'impôt, de gel de la TVQ et de réduction du temps d'attente dans les urgences.

Le chef de la CAQ a affirmé que le chef libéral manquait de courage, et, s'appuyant sur un rapport du CIRANO, que les médecins peuvent en faire plus et que des gains d'efficacité sont possibles dans le réseau de la santé, en coupant dans les structures et la bureaucratie.

« En 2003, M. Charest avait dit : "Vous ne jugerez sur les résultats en santé." Le 4 septembre, les Québécois auront l'occasion de le faire. » - François Legault

François Legault promet d'investir 500 millions de dollars pour accroître le nombre de patients pris en charge par chaque médecin de famille, une approche critiquée par la Fédération des médecins omnipraticiens, et de réduire de 10 % le coût des achats auprès des fournisseurs.

Le chef de la CAQ a déclaré qu'il existe des problèmes de collusion en santé, en éducation et à Hydro-Québec pour ce qui est des achats auprès de fournisseurs. Jean Charest a minimisé cette affirmation, laissant entendre qu'il s'agissait de paranoïa.

Économie

Jean Charest a notamment critiqué les engagements de François Legault sur les abolitions de postes à Hydro-Québec. « Combien allez-vous en envoyer au chômage? », a-t-il lancé. « Regardez-moi en pleine face et dites-moi qu'il n'y a pas gains d'efficacité à faire », a rétorqué le chef caquiste.

Six mille employés prendront leur retraite d'ici cinq ans, a-t-il martelé, y voyant une « occasion en or ». « 4000 postes seront abolis et personne ne perdra son emploi », a-t-il dit.

Jean Charest a pour sa part réitéré une de ses principales promesse, soit de créer 250 000 emplois d'ici 5 ans, de façon à atteindre le « plein-emploi », a-t-il dit. Il a précisé qu'il comptait notamment atteindre son objectif grâce au Plan Nord et au développement de nouveaux marchés aux États-Unis, en Europe et dans les économies émergentes.

François Legault a accusé le chef libéral d'avoir jusqu'ici créé essentiellement des emplois peu rémunérés. Ce n'est pas la même chose de créer des emplois à 10 $ l'heure qu'à 20 $, 30 $ ou 40 $, a-t-il déclaré.

Jean Charest a répliqué que le taux horaire moyen avait plutôt augmenté de 40 % et que le salaire minimum, lui, avait bondi de 36 %, depuis son arrivée au pouvoir, en 2003.

Citant en exemple la vente d'Alcan à Rio Tinto, François Legault a en outre réitéré que le Québec avait vu 20 % de ses sièges sociaux passer sous un contrôle étranger depuis l'élection de Jean Charest. « Quand allez-vous défendre notre nation? », a-t-il a lancé à son rival.

Celui-ci l'a à son tour accusé de n'avoir rien fait pour bloquer la vente de Provigo à Loblaws alors qu'il était ministre péquiste, en 1998. Son interlocuteur a argué qu'il s'était opposé à la vente.

Identité nationale

Jean Charest a amorcé le débat sur ce thème en faisant référence au passé souverainiste de François Legault.

« Un souverainiste qui dit qu'il va voter non, c'est comme un gars de droite qui dit : "Je vais dépenser 4 milliards pour la campagne électorale. » - Jean Charest

M. Charest a utilisé à son avantage d'anciens propos du candidat de la CAQ dans Sanguinet, l'ex-péquiste François Rebello, qui avait laissé entendre que la souveraineté n'était que mise en veilleuse par son nouveau parti.

François Legault a assuré que la Coalition avenir Québec ne ferait jamais la promotion de la souveraineté, et que son parti accepte que la province fasse partie du Canada. Il a affirmé qu'il fallait pour le Québec un gouvernement nationaliste, prêt à relancer l'économie et à défendre l'identité québécoise.

« On est en train de perdre notre langue, de perdre le contrôle de notre économie. » - François Legault

Le chef libéral a reproché à son adversaire d'avoir une vision sombre de la province et de vouloir réduire le nombre annuel d'immigrants accueillis au Québec. François Legault a rétorqué que le budget en immigration était le même qu'à l'arrivée des libéraux, en 2003, lorsque le Québec accueillait 30 000 immigrants annuellement, une donnée que n'a pas semblé contester Jean Charest.

Ce duel fait suite à celui entre M. Charest et la chef du Parti québécois, Pauline Marois, lundi soir, et à un débat à quatre, auquel participait également la présidente et porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, dimanche.

Pour me joindre :

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