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Guantanamo: l'émission «The Fresh Prince of Bel-Air» remplace «Harry Potter» dans les divertissements préférés des prisonniers

Et le divertissement préféré des prisonniers de Guantanamo est...
AFP

GUANTANAMO - Carol Rosenberg, journaliste du Miami Herald, révèle que les goûts des détenus de Guantanamo ont évolué. Enfermés depuis plus de dix ans dans le camp situé sur la base navale américaine de la baie du même nom, dans le sud-est de Cuba, les 168 prisonniers ont troqué les aventures d'Harry Pottercontre les épisodes du Prince de Bel-Air comme divertissement favori.

Dans ce centre de détention militaire de haute sécurité où vivent recluses des personnes qualifiées de "combattant illégal", capturées par l'armée américaine dans les différentes opérations qu'elle mène à l'étranger - Afghanistan ou Irak - la série télévisée américaine diffusée par NBC avec Will Smith dans le rôle titre est devenue plus populaire que les tomes du sorcier britannique.

Le bibliothécaire de Guantanamo, Milton, salarié du Département de la Défense, a confié au Miami Herald avoir commandé "les six saisons" de la série culte des années 1990 sans pouvoir expliquer le soudain intérêt des prisonniers pour l'histoire du jeune Will fraîchement débarqué de Philadelphie chez les Banks et leur immense maison sur la côte Ouest. Il reconnaît néanmoins que les comédies sont particulièrement prisées parmi les 28 000 livres et vidéos disponibles - en plusieurs langues: anglais, arabe, pachto et français - dans l'espace culturel de la base.

Milton a également relevé que la consommation littéraire et cinématographique avait baissé au moment du 11e Ramadan passé en détention. Les prisonniers passant volontiers leur temps à prier, manger et échanger entre eux lors des périodes consacrées. Il note au passage que les romans de J.K. Rowling n'ont plus autant de succès: "ils sont passés à autre chose, ça fait plus d'un an maintenant."

Ce sont les militaires qui transmettent les œuvres aux prisonniers. Avant Harry Potter, les séries de Bill Cosby avaient, elles aussi, connu leur moment de gloire. Les conditions de consommation varient selon le degré de dangerosité du captif. Les plus coopératifs - soit la majorité des prisonniers - peuvent regarder leur show dans des salles surveillées et équipées d'un écran plat. Ceux classés "sécurité maximum" ont le droit à une cellule individuelle et une à deux heures de télévision, toujours entravés par des menottes.

Alors que les officiers supérieurs considèrent que ces activités - télévision, livre ainsi que la pratique du football - comme la clé d'une cohabitation relativement apaisée entre les gardes et leurs prisonniers, Milton explique que ces derniers utilisent les livres pour parfaire leur anglais, favorisant des éditions avec traduction. 10 copies du Oxford English Dictionary ont par exemple été commandées. Dans les ouvrages les plus consultés, on trouve aussi Audacity of Hope de Barack Obama. Enfin, un avocat avait récemment confié qu'un prisonnier avait servi sa sentence en lisant Decision Points de George W. Bush

"La musique n'est pas une arme"

En mai dernier, le Pentagone avait été contraint de démentir tout acte de maltraitance des prisonniers de Guantanamo incluant l'utilisation de la musique, après la diffusion d'un documentaire diffusé par la chaîne qatarie Al-Jazira affirmant que les militaires imposaient aux détenus l'écoute des heures durant de musique, dont le générique du programme pour enfants Sesame Street.

Découvrez dans le vidéorama ci-dessous, les chansons utilisées durant les tortures à Guantanamo et le documentaire sus-mentionné:

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