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5 à 8 à saveur pré-électorale
SRC

Un texte de Sophie-Hélène Lebeuf

Des tapas, des cocktails et des représentants de partis politiques. C'est le menu que proposait l'Agence Apéro mardi dans un bar de la rue Sainte-Catherine - dans la circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques - où se côtoyaient notamment des têtes grisonnantes et des étudiants, certains arborant le carré rouge.

Le but de l'événement : informer les citoyens des idées mises de l'avant par plusieurs des formations en lice, le temps d'un 5 à 8 tenu à la veille du déclenchement des élections générales au Québec.

Parmi la soixantaine d'électeurs sur place, dont plusieurs voteront dans d'autres circonscriptions, Alexandre Blackburn, un jeune d'une vingtaine d'années enclin à appuyer le parti Option nationale de l'ex-péquiste Jean-Martin Aussant, mais venu découvrir ce que les partis ont à offrir. Il a d'ailleurs été agréablement surpris des propositions du Parti vert du Québec, dont les préoccupations ne se limitent pas à l'environnement.

S'il a déjà exercé son droit de vote, c'est la première fois qu'il entend suivre une campagne électorale avec attention. « Le conflit étudiant a été le catalyseur qui a éveillé mon intérêt pour la politique. Quand tu commences à t'y intéresser, il n'y a plus de limites », explique l'étudiant en génie civil à Polytechnique qui votera dans Laurier-Dorion.

À ses côtés, Éric Deshaies, un étudiant en actuariat de l'UQAM tout aussi passionné, souligne que les droits de scolarité constitueront pour lui un enjeu important, mais non le seul, citant au premier plan la souveraineté. Malgré des convictions solidement ancrées, lui aussi hésite. Se disant conquis par « la clarté du discours et l'intégrité » de M. Aussant, qu'il a découvert au cours des derniers mois, il pourrait toutefois accorder son vote au Parti québécois, mais seulement pour des raisons stratégiques.

Ghiwa Nakhlé est confrontée au même genre de dilemme. La jeune actuaire est de son côté sensible au discours d'Amir Khadir et de Françoise David, qu'elle juge « intègres dans leurs idéaux ». Elle critique le système de vote actuel, allergique au concept même du vote stratégique... auquel elle pourrait tout de même se résoudre en optant pour le Parti québécois afin d'empêcher la réélection du Parti libéral.

La formation de Pauline Marois pourrait cependant avoir gagné le vote de Catrine Aubé, qui étudie en éducation à l'enfance au Cégep du Vieux-Montréal. La jeune femme avoue qu'elle ne suit pas beaucoup la politique et qu'elle est venue à cette soirée pour apprendre. « Je ne sais pas encore pour qui je vais voter », disait-elle en début de soirée. Mais je sais pour qui je ne voterai pas! », écartant d'emblée la formation de Jean Charest à cause du conflit étudiant.

Quelques heures plus tard, l'allocution du candidat péquiste Daniel Breton, qui se présente dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, l'avait conquise. « Il était convaincant et convaincu », explique-t-elle à propos du cofondateur du mouvement Maîtres chez nous 21e siècle.

Ses propos n'étaient cependant pas suffisants pour persuader une fonctionnaire d'une cinquantaine d'années qui désire conserver l'anonymat. « On a été trahis dans les années 1980 », déplore-t-elle, rappelant les compressions salariales imposées aux employés de la fonction publique par le gouvernement de René Lévesque. Se décrivant aujourd'hui comme « une fédéraliste de gauche », elle voterait avec conviction pour Union citoyenne du Québec (UCQ), un nouveau parti progressiste et fédéraliste qui rallie plusieurs membres du Nouveau Parti démocratique.

Comme la formation ne présente pas de candidat dans la circonscription où elle habite, dans le nord de la ville, son vote pourrait aller à Québec solidaire, mais elle hésite encore.

La candidate de Québec solidaire Manon Massé, qui se présente dans Sainte-Marie-Saint-Jacques pour une troisième fois, a cependant convaincu une autre des citoyennes sur place. Penchant pour l'UCQ à son arrivée, Hélène Bédard est ressortie avec une carte de membre du parti de Françoise David et d'Amir Khadir.

Les représentants des partis n'ont pas croisé le fer au cours de cette soirée. L'un après l'autre, ils ont fait valoir les positions de leur formation. Si certains ont critiqué au passage celles de leurs adversaires, la Coalition avenir Québec disant par exemple qu'il fallait « s'affranchir du débat constitutionnel » que se livrent péquistes et libéraux, le ton est resté courtois.

Tirs groupés contre un adversaire absent

Ils ont réservé leurs flèches pour le Parti libéral - qui n'avait pas délégué de représentant . Les uns ont dénoncé la « fatigue » et la « corruption » du gouvernement sortant, les autres ont notamment critiqué le régime de redevances sur les ressources naturelles, jugé trop favorable aux entreprises.

Thème récurrent, l'éducation a été évoquée abondamment par des partis qui ont voulu se montrer rassembleurs. Plusieurs des représentants ont dépeint leur formation comme celle incarnant le mieux le changement, mot qui est revenu à de nombreuses reprises.

« Ils ont des discours similaires, a résumé Ghiwa Nakhlé. À part le Parti conservateur ». La formation, qui a fait son retour sur la scène politique québécoise après une absence de près de 80 ans, a d'ailleurs détonné un peu dans cet univers où plusieurs défendaient des politiques progressistes. Le secrétaire général du parti, Eric Le Ray, a vanté la « nouvelle droite » du Québec et critiqué la « propagande » de gauche et son « idéologie qui tue le Québec ».

Même si elle n'adhère pas aux priorités des conservateurs, la jeune femme a apprécié le franc-parler de leur porte-parole, soulignant que les autres participants ne se distinguaient pas tant que ça dans leur style et leurs positions. « On dirait qu'ils ont peur de se mettre les pieds dans les plats », a-t-elle conclu, se promettant, à l'instar de ses amis, de suivre la campagne.

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