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Rona rejette une proposition d'acquisition présentée par la société Lowe's

Rona dit non à Lowe's
Agence QMI

MONTRÉAL - À la veille du déclenchement d'une campagne électorale au Québec, Rona (TSX:RON) a révélé mardi avoir fait l'objet d'une offre d'achat de la part du géant américain Lowe's, ce qui a inévitablement suscité une surenchère de déclarations politiques teintées de nationalisme économique.

Le ministre des Finances, Raymond Bachand, est allé jusqu'à demander au bras financier du gouvernement, Investissement Québec (IQ), d'acheter des actions du détaillant de Boucherville et de «mener une petite coalition» d'investisseurs canadiens afin de contrer le projet de Lowe's.

«On ne nationalisera pas Rona», a-t-il toutefois assuré au cours d'une conférence de presse téléphonique, en précisant que les sommes consacrées à ces achats d'actions par IQ seraient «raisonnables».

La Caisse de dépôt et placement du Québec, elle, n'a pas tardé à passer à l'action: l'institution a allongé 34,4 millions $ mardi pour acquérir 2,4 millions d'actions de Rona au prix moyen de 14,17 $.

La Caisse a ainsi acheté tout près du cours le plus élevé atteint par le titre pendant la journée, soit 14,49 $. L'offre de Lowe's est de 14,50 $ par action, ce qui donne une valeur de 1,78 milliard $ à Rona. L'action a finalement clôturé à 13,50 $, en hausse de 13,7 pour cent, à la Bourse de Toronto.

M. Bachand a assuré que son intervention, exceptionnelle, n'avait rien à voir avec la campagne électorale.

Quand on lui a demandé pourquoi Québec n'a pas réagi avec autant d'empressement lorsque Rio Tinto a mis la main sur Alcan, en 2007, il a soutenu que les deux situations étaient différentes.

«J'ai travaillé chez Metro-Richelieu longtemps et la première chose qu'on consolide comme grossiste et distributeur, ce sont les achats et ultimement la rationalité économique vous fait faire des achats où c'est plus économique de le faire et ce n'est pas nécessairement au Canada», a-t-il expliqué.

Dans le cadre de la transaction Rio Tinto-Alcan, le gouvernement avait obtenu des engagements écrits quant au maintien des emplois et du siège social des activités d'aluminium. Selon le ministre, il serait beaucoup plus difficile d'obtenir de telles garanties de la part de Lowe's.

Les partis d'opposition se sont aussi lancés dans la mêlée.

«Il faut agir avant de recevoir des offres publiques d'achat hostiles», a ainsi écrit le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, sur Twitter.

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a quant à elle pressé la Caisse de dépôt d'«occuper tout l'espace qu'elle peut occuper» pour faire en sorte que le siège social de Rona demeure au Québec.

Au cours d'un entretien téléphonique, Doug Robinson, chef de l'exploitation internationale chez Lowe's et ancien président du détaillant canadien Le Castor bricoleur, a indiqué que l'entreprise américaine comptait maintenir le siège social de Rona à Boucherville.

Lowe's a précisé que son intérêt pour Rona découlait d'une rencontre tenue dans la région montréalaise il y a un peu plus d'un an, à la demande du détaillant québécois. En décembre, Lowe's a déposé une première offre que Rona a été rejetée en janvier, puis une deuxième le 8 juillet, que Rona a déclinée dimanche dernier.

M. Robinson ne s'est pas montré intimidé par la tempête politique qui a éclaté mardi, soutenant que le principal obstacle à la conclusion d'une transaction était la volonté des membres du conseil d'administration de Rona.

«Nous voulons savoir ce qui préoccupe les actionnaires et les parties prenantes de Rona et comment nous pouvons y répondre efficacement», a-t-il affirmé, disant avoir bon espoir de convaincre les marchands qui siègent au conseil de Rona.

Lowe's promet de conserver les petites quincailleries de Rona au Québec même si l'entreprise n'en exploite aucune aux États-Unis.

Pour ce qui est des fournisseurs canadiens de Rona, Doug Robinson a estimé que la transaction pourrait permettre à certains d'entre eux de voir leurs produits distribués dans les 1745 magasins américains de Lowe's.

L'entreprise, dont le chiffre d'affaires a dépassé les 50 milliards $ US en 2011, n'exclut pas de déposer une offre d'achat hostile pour Rona. Lowe's peut déjà compter sur l'appui d'actionnaires détenant environ 15 pour cent de Rona.

«Le message très clair aujourd'hui, c'est que (Lowe's) n'est pas bienvenue», a rétorqué le ministre Bachand.

Celui-ci a par ailleurs dit voir d'un bon oeil l'adoption d'une loi qui obligerait le conseil d'une entreprise visée par une offre publique d'achat de ne pas tenir compte seulement des intérêts des actionnaires, mais aussi de ceux de la collectivité et des employés.

En 2010, une telle disposition avait pratiquement empêché Alimentation Couche-Tard (TSX:ATD.B) de mettre la main sur la chaîne américaine Casey's. Plus tôt cette année, l'entreprise lavalloise n'a pas eu à faire face à cette difficulté lorsqu'elle a acquis la norvégienne Statoil Fuel & Retail pour 2,7 milliards $.

Rona approvisionne près de 1500 points de vente au Canada et emploie plus de 30 000 personnes.

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