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Le New York Times piraté par WikiLeaks, qui publie un faux éditorial

Le New York Times piraté par WikiLeaks
Flickr: Bosc d'Anjou

MÉDIAS - WikiLeaks a revendiqué la paternité du piratage dont le New York Times a été victime ce week-end. Le quotidien américain avait constaté l'existence d'un faux éditorial signé du nom de Bill Keller, ancien directeur de la rédaction désormais simple journaliste. Dans cette tribune intitulée WikiLeaks, a Post Postscript, Keller défendait Julian Assange et son association contre le blocus organisé par les sociétés Visa, Mastercard ou Paypal empêchant toutes donations vers le site de WikiLeaks.

Une fois la supercherie révélée, WikiLeaks a déclaré sur Twitter être derrière ce piratage:

"Oui. Nous l'admettons. WikiLeaks (Assange & co) et nos soutiens géniaux sont derrière le "hoax" réussi du NYTimes et du blocus bancaire."

"Ce qui n'est pas un "hoax", c'est que WikiLeaks subit une censure économique illégale de la part des institutions financières américaines et le NYTimes ne dit rien. Les rats."

Cet article en faveur d'Assange, affirmait que les journalistes du New York Times qui travaillaient à partir de documents de WikiLeaks devaient être protégés par le premier amendement. Une fois publiée sur internet, la fausse page web du journal a commencé à circuler sur les réseaux sociaux, par l'intermédiaire de collègues du Times - Nick Bilton, spécialiste des nouvelles technologies au sein du quotidien fait partie des journalistes dupés - et de plusieurs tweets provenant d'un faux compte de Bill Keller crée pour l'occasion.

Visuellement, le faux est réussi et ressemble à une des pages du site du New York Times. Police, typographie, disposition des colonnes, photo du journaliste ou publicités, tout est reproduit dans les moindres détails:

Bill Keller a répondu à la supercherie sur Twitter et en majuscule:

"Il y a un faux éditorial qui circule sous mon nom sur WikiLeaks. Souligne le 'faux', comme dans 'c'est pas moi'."

L’intéressé rappelle qu’il a défendu WikiLeaks à de nombreuses reprises "considérant les tentatives de criminaliser la publication des documents de WikiLeaks comme une attaque contre le journalisme". Il a ensuite déclaré au Guardian: "J'y vois plus une blague enfantine qu’un crime contre l’humanité. C’est une satire bancale que j'aurais pris un peu plus au sérieux si elle avait été réellement drôle." En plus de la maquette du New York Times, les auteurs du piratage se sont inspirés du style de Keller et publications préalables reproduisant par exemple un extrait d'un entretien par mail avec Mathew Ingram du site GigaOM.

Forbessouligne l'élaboration aisée du faux compte Twitter de Bill Keller, difficilement repérable puisque composé d'un "i" en capitale ressemblant à un "L" en minuscule.

Alors que l’organisation a laissé entendre qu’elle avait construit ce canular dans l'unique but d’embarrasser le Times en couvrant le blocus financier de WikiLeaks par les entreprises américaines, sur la toile, certaines voix soulignent que cette action pourrait avoir des conséquences sur son image. C'est le cas de l'éditorialiste et universitaire américain spécialiste des nouvelles technologies Dan Gillmor qui s'est d'abord laissé berner:

"J'ai renvoyé vers un 'faux' du NYT. Excusez-moi."

Avant de réagir avec moins d'humour:

"Si WikiLeaks est derrière l'édito de Keller -- SI -- alors ils ont sérieusement entamé leur crédibilité"

Paypal, Visa et Mastercard refusent toujours de faire circuler des donations à l'attention de WikiLeaks. Ces sociétés expliquent ne pas vouloir soutenir l'activité illégale de l'association de Julian Assange, accentuant ses difficultés financières. Si WikiLeaks est bien à l'origine de ce "faux" - aucun élément ne permet dans l'immédiat de vérifier l'identité des manipulateurs - ce comportement peut s'expliquer par les relations tendues qu'entretiennent Assange et le New York Times, le premier reprochant notamment aux seconds la sortie d'un portrait à charge.

Le New York Times faisait pourtant partie des quotidiens qui avaient eu un accès direct aux documents de la diplomatie américaine que WikiLeaks avait diffusé en nombre fin 2010. Depuis cette date, le quotidien est aussi la cible d'une frange conservatrice symbolisée par l'initiative Block The New York Times qui appelle au boycott du journal et l'accuse d'avoir mis en danger les États-Unis en soutenant un terroriste. Le New York Times indique enquêter actuellement pour savoir si ses systèmes Web ont été compromis.

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