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Londres 2012 : le revers de la médaille

Londres 2012 : le revers de la médaille

JEUX OLYMPIQUES - Pour la Grande-Bretagne, la date du 6 juillet 2005 restera dans les mémoires. Ce jour-là, à Singapour, le Comité international olympique (CIO) avait élu Londres, ville organisatrice des jeux olympiques d'été 2012. La capitale pouvait se targuer de devenir l'unique ville à recevoir les Jeux pour la troisième fois, coiffant au passage Paris au poteau.

La joie de la population n'avait d'égale que celle de Tony Blair, premier ministre de l'époque, à qui la réussite de la candidature britannique avait donné des ailes. A l'inverse, le président Jacques Chirac avait clairement exprimé sa déception en allant même jusqu'à railler la cuisine anglaise, ne manquant pas de raviver les éternelles tensions franco-anglaises.

Sept ans après et une crise financière plus tard, l'amertume française semble clairement digérée et ressemblerait presque à du soulagement. Mais l'enthousiasme britannique est-il toujours le même? Les politiques, qui avaient insisté sur les avantages pour un pays d'organiser des JO, ont-ils réussi leur pari et tenu leurs promesses avec lesquels ils avaient convaincu la population et le CIO? Rien n'est moins sûr.

Un budget qui a explosé

Premier point noir, l'argent. Car organiser un tel évènement coûte cher, et souvent plus cher que prévu. En 2005, Londres, tablait sur une addition totale de 3,5 milliards d'euros. Aujourd'hui, l'ardoise a été quadruplée et s'élève à quelque 11,5 milliards d'euros, après que David Cameron a autorisé une révision du budget olympique en 2007. Sans compter près de 7,5 milliards d'euros alloués à la rénovation des transports en commun londoniens et 1,9 milliards provenant de fonds privés.

Notons que la rallonge a tout de même permis de tenir les délais et de livrer les infrastructures sportives à temps. Mais le budget initial largement dépassé n'a en revanche pas vraiment permis de tenir toutes les promesses faites par le gouvernement.

Des Jeux verts?

Parce que des promesses, il y en a eues. Dans un programme intitulé "Our promises for 2012" ("Nos promesses pour 2012", lien en anglais), le gouvernement a détaillé tous les objectifs -souvent liés entre eux- qu'il souhaitait atteindre. Tony Blair n'avait par exemple pas hésité à vendre ces olympiades comme étant les plus "vertes" ayant jamais existé.

Une affirmation controversée depuis. Certes, la construction du site olympique a tenu compte de certains aspects écologiques. Sur le lieu de la construction (une ancienne zone industrielle) près de 2 millions de tonnes de sols pollués ont été assainis sur place puis réutilisés et des milliers de végétaux ont été plantés. De plus, l'organisation a préféré favoriser les transports en commun et a donc choisi de ne pas construire de parking hormis pour "les équipes et les officiels".

Mais les ONG, notamment les Amis de la Terre et Greenpeace, pointent aussi du doigt quelques défaillances. Premièrement, le simple fait que des milliers de personnes prennent l'avion pour se rendre à Londres pour seulement quelques jours n'a rien de très vert. Ensuite, ils regrettent l'abandon de certaines options comme une installation éolienne sur le site ou l'utilisation d'un carburant propre pour alimenter la flamme olympique. La commission pour le développement durable des JO déplore également l'utilisation abusive de matière plastique notamment pour la fabrication des objets dérivés.

Par ailleurs, la présence de certains sponsors est également très critiquée par les écologistes. Premier sur la liste noire, le géant Dow Chemical responsable de la catastrophe du Bhopal en Inde, suivi de près par l'entreprise Rio Tinto -en charge de la fabrication des médailles et poursuivi dans l'état de l'Utah pour pollution- ou encore BP, responsable de la marée noire en 2010 dans le Golfe du Mexique.

Un projet urbain

Cette volonté écologique -avec des résultats en demi-teinte donc- s'inscrit dans un autre objectif, celui de réhabiliter l'est de la capitale anglaise. Le site olympique se situe en effet sur l'ancienne zone industrielle défavorisée de Stratford. Les JO sont donc censés bénéficier en premier lieu aux habitants: infrastructures flambant neuves, transports rénovés, quartiers réhabilités etc etc.

Sauf que la population n'est pas forcément ravie de ce voisinage forcé. Un an avant le début des festivités, le journal The Independant avait interrogé les premiers concernés et force est de constater que les jeux ne font pas l'unanimité. D'autant que pour construire le site olympique, 450 personnes ont été chassées de chez elles.

Par ailleurs l'installation d'un antimissile dans une zone résidentielle pour renforcer la sécurité n'est pas du goût de tous. Le ministère de la Défense britannique a en effet installé le dispositif sans en informer au préalable la population. Et pour ce qui est des transports, il semblerait que la rénovation du réseau de transports londoniens n'ait pas été suffisante pour faire face à l'événement et à l'afflux d'usagers.

Rendre le Royaume-Uni attractif...et sportif

Autre promesse faite aux Britanniques: démontrer que le pays est un endroit accueillant et plaisant aussi bien pour vivre, y faire du tourisme ou encore travailler et investir. Une promesse qui justifiait justement tous les investissements précédents. Là encore, le résultat est incertain. Les retombées économiques sont en effet difficiles à évaluer. Le magazine Challenges rappelle qu'aucune grande entreprise ne s'est manifestée pour s'installer dans le pays et que "le gain net de croissance généré par les JO [est estimé] à moins de 1% du Produit intérieur brut, le tout sur plusieurs années." Côté tourisme, pas de boom en vue, notamment parce que contrairement aux idées reçues, les Jeux Olympiques d'une manière générale n'attirent pas les touristes.

Enfin, les Jeux Olympiques, c'est -quand même- une affaire de sport. Un bon prétexte pour inciter toute sa population à se mettre de manière régulière à l'effort physique. Cependant, selon une étude publiée tous les ans (lien en anglais), la part des adultes qui pratique au moins 30 minutes de sports une fois par semaine a baissé. Ils étaient 35,8% en 2007/2008 contre 34,7% en 2010/2011. L'autre objectif affiché: se classer quatrième en termes de médailles récoltées aux JO et premier pour les Jeux Paralympiques. Reste à voir si cette promesse-là sera tenue.

Quelques polémiques:

A chaque olympiade, ses polémiques. Après Athènes et Pékin, c'est au tour de Londres d'essuyer les critiques. Petit passage en revue.

  • Le village olympique...et autres logements

Le village olympique tient plus des HLM que de l'hôtel de luxe. Un confort basique dont semble s'accommoder tout le monde où presque. Les sportifs australiens, Russell et Lauryne Mark, qui forment un couple à la ville, regrettent de ne pouvoir partager la même chambre. L'équipe américaine de basketball a quant à elle préféré réserver un hôtel rien que pour elle. Mais ce sont surtout les conditions de logement du personnel d'entretien qui posent problème. Le Daily Mail a par exemple révélé qu'il y avait une douche pour 75 personnes, et un sanitaire pour 25.

  • Les transports

Le métro londonien a déjà connu quelques pannes. Mais ce sont surtout les embouteillages qui mettent en colère les habitants de la capitale. En cause, le couloir réservé aux sportifs et autres officiels qui favorisent les bouchons dans cette ville déjà réputée pour sa circulation difficile.

Par ailleurs, l'aéroport d'Heathrow n'est pas en reste. Les douanes britanniques semblent quelque peu dépassées par l'afflux de passagers ces derniers temps. Certains malheureux ont dû faire la queue pendant près de deux heures trente au lieu de 45 minutes maximum en temps normal.

  • La sécurité

Au lendemain de l'acceptation de la candidatures de Londres par le CIO, la ville a été meurtrie par des attentats qui ont fait 56 morts. La sécurité est donc évidemment une des priorités des organisateurs. Ils avaient chargé la société G4S, la plus grande société de gardiennage au monde, de s'occuper de la sécurité du site olympique. G4S devait ainsi fournir plus de 10.000 agents de sécurité pour un contrat avoisinant les 360.000 euros. Le 7 juillet, quelques jours seulement avant le début des festivités, G4S a finalement annoncé qu'elle ne pouvait honorer son contrat; n'ayant à disposition que 4000 agents. Les autorités britanniques ont alors détaché quelques milliers de soldats pour faire face à ce coup dur.

  • Les réseaux sociaux

Aujourd'hui, les évènements sportifs se suivent également sur les réseaux sociaux. Les spectateurs commentent et les sportifs font parfois part de leur impression. Sauf que le CIO a tout bonnement décidé d'encadrer voire d'interdire dans certains cas l'utilisation des réseaux sociaux. La crainte du dérapage? Ou peut-être un moyen de garantir l'exclusivité aux sponsors? Le web guettera en tout cas avec attention le moindre tweet ou statut à potentiel viral.

  • La météo

D'aucuns se sont demandé s'il était astucieux d'organiser les Jeux Olympiques d'été dans une ville aussi pluvieuse que Londres. Car il vrai que le fort taux d'humidité de la capitale britannique pourrait gêner quelques épreuves, ainsi que les spectateurs. Les 250.000 ponchos commandés en catastrophe suffiront-ils pour braver la pluie?

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