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Fin de l'ancien classement hôtelier, une cinquième étoile et de nouveaux critères font leur apparition

Une (cinquième) étoile est née
AFP

HÔTELLERIE - Les panneaux octogonaux bleu marine qui ornaient les devantures des hôtels français (comme sur la photo ci-contre) sont bons pour la poubelle. Lundi 23 juillet, ils devront avoir disparu et être remplacés par de nouveaux panneaux (et de nouvelles normes). À leur place, des rectangles bordeaux et argent mat, symboles du nouveau classement décidé en 2008 pour moderniser l'hôtellerie française.

Appelée de longue date par les professionnels de hôtellerie et du tourisme, la réforme dote la France, première destination touristique mondiale, d'une 5ème étoile, une catégorie luxe qui existait à l'étranger mais pas en France. Pour certains hôtels, la réforme aura un effet immédiat: "50% des 2 étoiles anciennes normes sont passés 3 étoiles, et 30% des 3 étoiles sont passés 4 étoiles", souligne Laurent Duc, président de la branche hôtellerie de l'Umih, le principal syndicat hôtelier.

Pas de changements d'ampleur, mais une harmonisation nécessaire (certains 2 étoiles en France correspondaient à un 3 étoiles dans d'autres pays d'Europe) qui corrige également la grille d'attribution des étoiles. Plus de 240 critères -parmi lesquels la superficie des chambres, la propreté, la protection de l'environnement ou l'accueil- contre seulement 30 auparavant seront désormais retenus.

Selon les nouvelles normes, ce que vous êtes en droit d'attendre d'une chambre double dans un hôtel classé une, trois ou cinq étoiles.

: Une chambre de 9m2 (hors sanitaires, pas obligatoires dans la chambre). Une salle de bain ou de douche au minimum pour 8 chambres. Récepteur TV dans 50% des chambres, linge de toilette, éclairage à la tête du lit avec interrupteur indépendant. Deux chaises. Une table/bureau. Un réveil. Une penderie. Du chauffage. Des volets ou des rideaux opacifiants. Un accueil au moins 8 heures par jour. Un petit déjeuner en salle. L'hôtel n'est pas tenu d'accepter les cartes de crédit. Oreillers et couvertures supplémentaires sur demande.

☆ ☆ : Comme pour les une étoile, une chambre de 9m2, mais des parties communes plus grandes (30m2 contre 20m2). Une salle de bain obligatoire dans 75% des chambres et une télévision obligatoire dans une chambre sur deux. Un ascenseur dès 4 étages et un accueil au minimum 10 heures par jour. La connexion internet, la climatisation, et le service de restauration en chambre ne sont pas obligatoires.

☆ ☆ ☆ : Chambre de 13,5m2, sanitaires (obligatoires) compris. En plus des équipements des "une étoile": interrupteur d'éclairage central près du lit, point lumineux sur la table/bureau, meuble porte-bagage, téléphone, télévision (chaînes françaises). Oreillers, couvertures supplémentaires à disposition dans la chambre. Petit déjeuner en chambre non obligatoire. Et dans les parties communes: accès internet, journaux, espace salon, ascenseur dès 3 étages. Paiement possible par carte de crédit. Pas de climatisation obligatoire.

☆ ☆ ☆ ☆ : Des parties communes de 70m2 au minimum et des chambres de 16m2 au minimum. Une salle de bain et la télévision avec des chaînes internationales dans chaque chambre. L'ADSL ou le Wifi dans chaque chambre, ainsi que la climatisation, la restauration en chambre (au moins le petit-déjeuner). Un ascenseur dès deux étages et un accueil 24h/24 dès 30 chambres.

☆ ☆ ☆ ☆ ☆ : Chambre de 24m2 minimum, sanitaires compris. Lits en 160x200, mini bar, coffre-fort, accès internet, télévision avec chaînes internationales et thématiques, nécessaires de correspondance, de couture, à chaussures, penderie fermée, peignoir. Petit déjeuner en chambre possible. Room service 24h/24, sur demande ordinateur, fax ou imprimante dans la chambre. L'hôtel doit proposer un accueil 24h/24, 7j/7 dès 30 chambres, la prise en charge des bagages sur demande, un chariot à bagages, une bagagerie, un service de voiturier, un service réveil personnalisé. Il doit également disposer d'un site internet en deux langues, de personnel parlant deux langues étrangères dont l'anglais et d'un restaurant permettant de dîner 5 jours/7.

Autre changement, le classement n'est valable que 5 ans et non à vie comme le précédent. Tous les cinq ans, un cabinet indépendant accrédité devra vérifier que l'établissement contrôlé respecte ses engagements. Mais à l'heure où les internautes s'échangent avis et bons plans sur des sites spécialisés, le système d'étoiles peut paraître quelque peu obsolète.

Selon une étude du cabinet Coach Omnium, proche du Comité de modernisation de l'hôtellerie, le principal détracteur du classement, "ces sites sont jugés largement plus informatifs que les étoiles", explique Mark Watkins, président du Comité. Et si "18% des clients disent regarder encore les étoiles", au moment de choisir un hôtel, il faut avoir à l'esprit qu'ils étaient "64% en 2009", selon le Comité.

L'Umih demande ainsi à l'État "une large campagne d'information et de sensibilisation des clients" sur le nouveau classement. L'organisation estime que "les hôteliers ne mesurent pas l'impact de la fin des panonceaux bleus le 23 juillet". Et pour cause, au risque d'être accusés de publicité mensongère, ils auront désormais l'interdiction de faire référence aux anciennes étoiles sur l'enseigne lumineuse de l'hôtel, leur papier à en-tête ou leurs cartes de visite.

Le syndicat rappelle aux hôteliers qu'ils doivent décrocher les panneaux, tout en demandant "une certaine tolérance" aux pouvoirs publics. De son côté le Synhorcat, autre syndicat hôtelier, souhaite un "délai de grâce".

hotel

Le nouveau panneau des établissements cinq étoiles

Les contrevenants s'exposent à une amende de 15.000 euros, mais pourtant l'engouement n'est pas au rendez-vous du côté des professionnels. Quelques jours après l'entrée en vigueur définitive du nouveau classement, seulement 8000 hôtels des 20.000 établissements potentiels avaient obtenu les nouvelles étoiles, et 2000 autres avaient entamé les démarches. "C'est insuffisant", a récemment déclaré la ministre du Tourisme, Sylvia Pinel, rappelant "la volonté du gouvernement d'avoir un maximum d'hôtels classés". "A terme, estime Laurent Duc, il y aura autant d'hôtels dans le nouveau que dans l'ancien classement".

En Bretagne par exemple, nombreux sont les établissements qui n'ont pas encore entamé les démarches. "Dans les Côtes-d'Armor, sur 160 hôtels, seulement 54 avaient obtenu à la fin de la semaine dernière leur nouveau classement. Dans le Morbihan, ils étaient, à cette date, 75 sur 300 et dans le Finistère, 87 sur 220", a compté Le Télégramme. En Saône-et-Loire, seuls 30 hôtels sur les 180 que compte le département avaient entamé les démarches au mois de juin selon Le Journal de Saône-et-Loire.

"Le frein, c'est le coût de l'audit", assure Jean-François Sérazin, président de l'Umih dans le Morbihan, cité par Le Télégramme. Un coût qui se situe entre 500 et 1000 euros à la charge de l'hôtelier. Autre frein financier, le coût des investissements nécessaires pour mettre l'établissement aux normes. "Pour les établissements qui n'ont réalisé aucuns travaux depuis vingt ans, ça peut atteindre 40.000 à 50.000 euros", souligne Michel Hellio, président de l'Umih des Côtes-d'Armor.

Un certain nombre d'établissements qui peuvent prétendre à un classement supérieur ont toutefois choisi de rester dans leur catégorie actuelle pour ne pas perturber leur clientèle, note Le Télégramme. "On a le potentiel, il nous manquait 18 points, il suffisait de mettre des cintres à pinces. Mais ça ne nous intéresse pas pour l'instant. Trois étoiles, ça ne correspond pas à notre clientèle", indique un hôtelier de Perros-Guirec (Côtes-d'Armor) cité par le quotidien.

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