Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Dans ses "choix de victimes", Mohamed Merah poursuivait "un but précis"

Les confessions de Mohamed Merah
REUTERS

MOHAMED MERAH - Mohamed Merah expliquait poursuivre "un but précis" dans le choix de ses victimes, selon ses conversations avec la police lors du siège de son appartement les 21 et 22 mars, échanges dont Libération publie 173 pages mardi 17 juillet sur son site internet (article réservé aux abonnés). "Ce document (...) pose une nouvelle brique factuelle et dissipe une part de l'épais brouillard qui continue à entourer l'affaire", écrit Nicolas Demorand, directeur de la publication et de la rédaction du quotidien. "L'arsenal antiterroriste mondial (...) est-il une passoire ? Et la DCRI une boîte noire ? (...) Une évaluation sereine et sérieuse du renseignement français devient urgente", poursuit-il.

Le quotidien explique avoir eu accès aux retranscriptions de quatre heures de ces conversations, qui s'étalent entre 07h34 et 22h44 le mercredi 21 mars, et dont il a expurgé les "passages les plus abjects". TF1 avait déjà diffusé le 8 juillet les enregistrements des principaux passages de ces conversations, suscitant l'indignation des proches des victimes du "tueur au scooter".

Là encore, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, notamment pour violation du secret de l'instruction et recel, après la publication par libération.fr, des retranscriptions. Cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP), a aussi été ouverte pour violation du secret professionnel et recel de ce délit et au vu de l'article 38 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, qui interdit la publication d'actes de procédure, a-t-on précisé.

"J'avais un but précis. Dans mes choix de victimes", affirme le tueur à son interlocuteur de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). "J'aurais jamais tué des enfants (...) si vous aurez pas tué nos enfants", poursuit-il. Le 19 mars, Mohamed Merah avait abattu trois enfants et un enseignant à l'entrée et dans la cour de l'école confessionnelle juive Otzar Hatorah à Toulouse.

Jean-Marc Manach, journaliste à la OWNI.fr, a tweeté pêle-mêle de nombreux extraits de la retranscription:

"Je tue les militaires en France parce qu'en Afghanistan, ils tuent mes frères. Je tue des juifs en France, parce que ces mêmes juifs-là (...) euh tuent des innocents en Palestine", poursuit-il. "Si j'aurais tué des civils (sic), la population française aurait dit que, heu voilà, c'est un fou d'Al-Qaïda, c'est juste un terroriste".

Quand son interlocuteur le pousse à se confier, Merah, avoue que son premier meurtre, celui d'un parachutiste commis le 11 mars à Toulouse, fut "éprouvant". Mais il dit avoir eu le "coeur apaisé" après la deuxième tuerie le 15 mars à Montauban où il a abattu deux autres militaires et en a très grièvement blessé un troisième. "Et, comme il était apaisé, je voulais refaire ça à chaque fois et (...) de récidiver dans mes opérations, je me sentais de mieux en mieux", poursuit-il.

Merah date par ailleurs sa conversion à l'islam au 18 février 2008. Il purgeait alors une peine de 18 mois de prison quand il est extrait de sa cellule par les gendarmes pour une autre affaire. "C'est là que j'ai invoqué Allah en arrivant à la gendarmerie, je lui ai demandé de m'aider. J'ai vu que les gendarmes étaient à côté de leurs pompes (...) Ça a été une preuve d'Allah", dit-il. "Depuis ce jour-là, le 18 février 2008, je me suis converti sérieusement à la religion et j'ai toujours été assidu dans mes prières", affirme le tueur.

Libéré fin 2009, il part en mai 2010 en Algérie pour tenter de rejoindre des moudjahidine, mais "c'était vraiment difficile de les trouver à cause des intrusions qu'il y a eues dans le groupe". Il dit avoir eu ensuite le projet de s'engager "à la Légion étrangère pour aller en Afghanistan et retourner mon arme contre les légionnaires et rejoindre les talibans".

Incapable de faire aboutir ce projet, il part ensuite en Syrie "pour trouver directement mes frères", et passe ensuite au Liban, en Turquie. "Bon, je sais que c'est pas là-bas qu'il faut chercher, mais comme ça j'ai plein de visas dans mon passeport et si je me fais serrer, eh ben je serai crédible en disant que je suis un touriste", explique-t-il.

Il dit avoir été arrêté "par les soldats algériens en plein maquis", "par les soldats américains à Kandahar [en Afghanistan]", puis "à Mossoul". Il dit s'être également rendu en Palestine, au Tadjikistan. De retour en France, il demande un visa pour le Pakistan. "Ils m'ont donné le visa et à partir de là ça a été très, très, très, très, très, très facile pour les trouver", poursuit-il, en indiquant avoir "rejoint les frères dans le Waziristan, dans les zones tribales, à Miran Shah", où il reçoit un entraînement aux armes. "On ne savait pas grand chose de toi", lâche durant la conversation l'officier du renseignement intérieur qui avait interrogé Merah en novembre 2011.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.