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Bref: les raisons du succès de la mini-série de Canal+ (VIDÉOS)

Bref: les raisons du succès (VIDÉOS)
Canal Plus

SÉRIE - "On ne pouvait pas prévoir un tel succès", expliquait Kyan Khojandi l'hiver dernier aux médias venu lui demander la recette de Bref. La mini-série de Canal+, diffusée pendant le Grand Journal de Michel Denisot, cartonnait alors en termes d'audience que ce soit sur son créneau ou sur la toile.

Jeudi 12 juillet, Bref touche à sa fin. La chaîne câblée ayant mesuré la réussite de son programme court a réservé une émission -en l’occurrence un Grand Journal entièrement dédié à la série- pour conclure l'unique saison de Khojandi et ses amis. L'équipe entière devrait être présente sur le plateau, préambule à la projection des deux derniers épisodes et à un tchat en direct sur le site de Canal+ à 21h.

Comme le rappelle Marie Turcan dans son billet, "à présent qu'il sait que la mini-série va se terminer, le téléspectateur, nostalgique, réalise qu'il a été trop hardi en jetant la première pierre sur une des seules séries françaises actuelles de qualité.

Pas de retrospective en vue mais un DVD en octobre prochain selon Canal et le lancement d'une application (iPad, iPhone et Androïd) occupera les milliers de fans de la série. Éphémère phénomène culturel Bref aura fait l'objet pendant plusieurs mois d'innombrables parodies sur Youtube et Dailymotion, d'un documentaire ou d'émissions spéciales. En voici ses principaux mécanismes.

Un "zapping" scénarisé

Le format de Bref est une des raisons de sa popularité. Alors que la série aurait pu se noyer au milieu des pastilles qui jalonnent le Grand Journal, son rythme intense qui dénote par rapport au ballet protocolaire de l'émission est parvenu à tenir en haleine le spectateur. Bénéficiant de cet effet de surprise, chaque épisode est construit de manière à ce qu'une succession d'images et de dialogues retracent des scènes du quotidien d'un personnage "Je". Ce montage nerveux tout en cut sied à l'enchaînement de phrases courtes que le narrateur assène comme des punchlines.

"On voulait intégrer ce côté dynamique, qu’on peut retrouver dans les films de David Fincher ou de Guy Ritchie, à de la comédie. Jusque-là, c’était plutôt réservé à des choses pas marrantes" confiait Khojandi aux Inrockuptibles.

Différents modes de consommation

Comme le soulignait Alexis Benoist dans Le Monde, le format condensé de Bref permet par ailleurs sa diffusion "virale" sur les réseaux sociaux où le bouche à oreille lui construit peu à peu un public. Même si le format court n'est pas une nouveauté dans le paysage cathodique - Un gars, une fille sur France 2 - le succès de la série exacerbé par des "gimmicks" efficaces installent le genre et inspirent même les autres chaînes persuadées de pouvoir surfer sur cette réussite en programmant leur propre "shortcom".

Pierre Langlais expliquait sur le HuffPost les différents attraits de ce format: "Quand vous regardez ce genre de série, vous pouvez littéralement zapper et revenir la minute d’après, tomber sur une nouvelle saynète sans jamais perdre le fil.

"Ces "shortcoms" se consomment très bien dans le désordre, ça demande moins d’effort que les feuilletons qu’il faut suivre du début à la fin sinon pour ne pas être perdu. Ainsi, Scènes de ménages peut être vu comme un zapping de la vie quotidienne de couple et Bref un zapping de la vie du mec."

Le "Je" figure générationnelle du trentenaire

En plus de sa forme, Bref a pu se reposer sur son contenu pour séduire, notamment parce que les péripéties quotidiennes de "Je", le personnage incarné par Khyan Khojandi, ont un écho particulier. Comme tous les enfants nés dans les années 1980, "Je" a collectionné des cartes Panini, aimé la culture pop américaine, vu un dunk de Michael Jordan, écouté Michael Jackson et recherché sur Lycos des photos de Tiffany Amber.

Ce ne sont pas des comportements propres à une génération mais plusieurs médias ont pris le partie de lire Bref comme un observatoire des trentenaire. Présenté comme un "gentil branleur, légèrement dégarni et mou", "Je" en serait son plus fidèle représentant. Ce parallèle qui avait valu un débat sur le site de Newsring - "Bref montre-t-il la vraie vie des trentenaires?" -

Les Inrocks ont notamment pris ce partie décrivant une forme de "sociologie du trentenaire désabusé" à travers les différents épisodes et parlant des "errances de toute une génération née sous Mitterrand, qui a fait ses études sous Chirac et qui galère sous Sarkozy."

Inspiré par des comportements universels - le héros devant son ordinateur, sa télévision, au supermarché, sous sa douche ou en soirée - les épisodes de Bref exalte une vie quotidienne saupoudrée d’auto-dérision. Les auteurs y ajoutent une pincée d'influences venues d'outre-atlantique. Comme le souligne ce billet du blog L'Auteur Inspiré, le personnage de "loser magnifique" interprété par Khojandi existe dans la lignée des George Costanza, ce personnage secondaire hilarant de la série Seinfeld.

Fini de rire

Le 19 juin dernier, Brefannonçait brutalement sur son site la fin de la série. "Notre leitmotiv depuis le début était de surprendre, vous comme nous, et nous avons maintenant le sentiment, l'intime conviction que le dessin est fini et qu'il serait dommage de colorier la table" expliquent Khojandi, Bruno Muschio (l'auteur) et Harry Tordjman (le producteur). Dans ce qui restera comme une sorte d'épiphanie, Bref veut éviter la saison de trop. En une saison, la série sera parvenue à faire rire et à agacer. C'était probablement ce qu'on lui demandait.

Découvrez ci-dessous quelques reprises de Bref:

Ainsi que les récupérations politiques, commerciales ou professionnelles:

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