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«J'aime bien Magnotta. Il est gentil.»

«J'aime bien Magnotta. Il est gentil.»
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Luka Rocco Magnotta, surnommé le «dépeceur de Montréal» a cherché toute sa vie une gloire qui lui échappait. Auditions pour la télé, films pornographiques, innombrables photos sexy sur le Web, le jeune homme de 29 ans n'a jamais réussi à percer le brouillard médiatique. Si le présumé meurtre de Jun Lin et sa diffusion en ligne était une tentative désespérée d'entrer dans l'histoire, Magnotta aura réussi son triste pari.

Le «dépeceur» cumule les admirateurs sur le Web depuis la diffusion de sa photo au cours de sa traque internationale. Sur Facebook, Twitter et les blogues, de nombreuses pages célèbrent la beauté et la force de caractère de Luka Rocco Magnotta. Plusieurs internautes le font sous un pseudonyme, mais quelques-uns lui apportent leur soutien à visage découvert.

C'est le cas de Destiney St-Denis, qui a accepté que Le Huffington Post Québec publie son nom et sa photo. La jeune femme de 21 ans a créé le groupe Facebook «Support Magnotta» (Soutenons Magnotta). La page a cumulé plus de 1 400 membres, avant d'être retirée par les administrateurs du site en raison de son contenu inapproprié. Destiney St-Denis promet qu'elle lancera un nouveau groupe sous peu.

«J'ai créé le groupe parce qu'il a besoin de notre soutien, dit-elle en entrevue téléphonique. Je l'aime bien [NDLR: «I like him»]. Il doit croire que personne ne l'aime, alors que nous sommes plusieurs à l'aimer.»

Un ami virtuel

Destiney St-Denis est entrée en contact avec Magnotta sur Facebook après avoir vu sur le Web des vidéos où il tue des chatons. Ils sont devenus amis virtuels et ont discuté sur Skype environ deux fois par semaine pendant les deux mois qui ont précédé la mort de Jun Lin. «C'est quelqu'un de très gentil, dit-elle. Nous parlions beaucoup des designers de mode.» Elle ajoute qu'elle le trouve très beau.

La jeune femme originaire de Saskatoon affirme qu'elle n'approuve pas le meurtre dont Luka Rocco Magnotta est accusé, mais qu'elle continue d'apprécier sa personnalité. Pourtant, Destiney St-Denis a visionné plus de 20 fois la vidéo du meurtre de Jun Lin, où on voit son meurtrier dépecer et profaner le corps de l'étudiant chinois.

Pourquoi l'avoir visionné si souvent? «Parce que j'aime la musique [en trame sonore de la vidéo]», rigole-t-elle. La jeune femme ajoute ensuite: «J'ai vu pire dans les films d'horreur. J'aime bien les films d'horreur.»

Si Luka Rocco Magnotta est condamné pour le meurtre de Jun Lin, Destiney St-Denis prévoit le visiter en prison. «Il a besoin d'aide, dit-elle. Il se sent probablement très seul.» Elle dit compatir avec le passé difficile de l'homme de 29 ans, qui aurait été battu et abusé sexuellement. «Ça n'excuse rien, mais ça a joué un rôle important.»

Destiney St-Denis a quitté Saskatoon pour Toronto récemment, après s'être brouillée avec sa famille en raison de son affection pour Magnotta.

Des centaines de fans

Les admirateurs de Luka Rocco Magnotta se comptent par centaines sur le Web. Sur Facebook, des utilisateurs appuient le présumé meurtrier, parlent de ses charmes ou lui écrivent carrément des mots d'amour. Une des internautes les plus actives, surnommée Lexa, tient un blogue intitulé Luka Magnotta Obsession. La femme affirme être obsédée par le «dépeceur» de Montréal. Elle dit avoir pour le béguin pour lui, «comme une écolière». Son mari connaît cette fixation et lui suggère de consulter un psychologue.

Dans un billet, «Lexa» compare le présumé meurtre de Luka Rocco Magnotta à une vaste téléréalité. «C'est comme si nous faisions tous partie d'une émission de téléréalité dirigée par nul autre que Luka lui-même, écrit-elle. Seulement, ce n'est pas la réalité. La moitié de cette obsession se déroule dans notre tête, à penser à Luka, à rêvasser à des conversations que nous pourrions avoir avec lui.»

Ce type de commentaires n'étonne pas le psychologue québécois Pierre Faubert. «Certaines personnes, surtout des femmes, vont fantasmer sur un personnage comme Magnotta, dit-il. C'est un moyen pour elles d'échapper à une réalité monotone, à travers le fantasme. Évidemment, ce sont des personnalités obsessives-compulsives.»

Le psychologue voit aussi dans cette fixation le désir de côtoyer un dangereux criminel. «En parallèle, Magnotta est un personnage androgyne, ajoute-t-il. Les femmes obsédées par lui peuvent donc y voir un enfant à protéger ou un objet de beauté.»

Pour Pierre Faubert, les personnes affectées par ce type de compulsion devraient consulter un psychologue. «C'est probablement symptomatique d'une carence affective plus grave, qui date depuis l'enfance.»

Toutefois, les proches n'ont rien à craindre d'une telle obsession. «Ce sont des obsédés passifs, dit-il. Ils vivent un fantasme. S'il rencontraient l'objet de leur désir, ils seraient probablement très déçus.»

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