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Les Mexicains aux urnes pour élire leur nouveau président (PHOTOS)

Les Mexicains aux urnes (PHOTOS)
AP

Enrique Peña Nieto, candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), serait sorti grand vainqueur de l'élection présidentielle au Mexique, a annoncé dimanche soir l'Institut fédéral électoral (IFE).

Selon le premier décompte de l'IFE, M. Nieto a récolté entre 37,93 % et 38,55 % des voix, scellant ainsi le grand retour du PRI après 12 ans d'absence au pouvoir. Il est suivi par le candidat de la gauche, Andres Manuel Lopez Obrador, avec 31 % des suffrages.

Ces chiffres sont basés sur un échantillon de votes recueillis dans 7500 des quelque 144 000 bureaux de vote installés partout au pays, et dont la marge d'erreur est de 0,5 point de pourcentage en plus ou en moins, a indiqué le président de l'IFE, Leonardo Valdes.

« Le résultat est irrévocable », a d'ailleurs indiqué à Reuters l'un des membres du comité de direction de l'IFE, Benito Nacif.

À l'issue des résultats définitifs, Enrique Peña Nieto sera directement élu pour un mandat de six ans non renouvelable et prendra ses fonctions le 1er décembre.

Au centre de la capitale, des centaines de partisans du PRI ont explosé de joie et ont brandi des affiches aux couleurs du parti : « On a gagné, on a gagné ! », se sont-ils exclamés après avoir eu écho des sondages effectués à la sortie des urnes.

Ces résultats représentent une sévère défaite pour la candidate du PAN, le parti conservateur du président sortant, Felipe Calderon. Arrivée troisième avec 25 % des votes, Josefina Vazquez Mota a presque immédiatement concédé la victoire à son adversaire du PRI.

« Je reconnais que la tendance jusqu'à présent ne m'est pas favorable. [...] Le nouveau gouvernement aura l'occasion, mais surtout la grande responsabilité, d'agir et de tenir ses promesses », a-t-elle affirmé à l'annonce des résultats préliminaires.

Felipe Calderon a également félicité son successeur pour sa victoire, tandis que Lopez Obrador a déclaré qu'il convenait d'attendre la publication des résultats définitifs avant de reconnaître sa défaite.

« Nous n'avons pas encore dit notre dernier mot. Nous avons des informations qui indiquent quelque chose de différent de ce qu'ils disent officiellement », a souligné le candidat de la gauche, qui pourrait décider de contester les résultats de l'élection comme il l'avait fait il y a six ans face à Felipe Calderon.

Les trois candidats

Enrique Peña Nieto, le télégénique candidat du PRI, 45 ans, disposait d'une large avance sur ses concurrents dans les sondages d'opinion menés avant le scrutin. Il détenait environ 45 % des intentions de vote.

Ancien gouverneur de l'État de Mexico, il pourrait jouir du bilan positif dans cet État épargné par les violences liées au narcotrafic, selon Yanik Dumont-Baron, envoyé spécial de Radio-Canada au Mexique.

Le parti est toutefois contesté par de larges secteurs de l'opinion publique pour son histoire marquée par l'autoritarisme et la corruption.

Andres Manuel Lopez Obrador, 58 ans, ancien maire de Mexico (2000-2005) et candidat malheureux à la présidentielle en 2006, représentait la coalition de trois partis de gauche. Placé en seconde position dans les sondages, il s'était dit convaincu que sa progression le placerait cette fois-ci en tête à l'arrivée, ce qui aurait été une première pour la gauche au Mexique.

En dernière position dans les sondages arrivait la première femme candidate à la présidence mexicaine pour un grand parti. Josefina Vazquez Mota, 51 ans, était la candidate du Parti action nationale (PAN) du président sortant. Il s'agit d'une femme politique très expérimentée, selon notre envoyé spécial au Mexique, Jean-Michel Leprince. « Le problème, c'est qu'elle va probablement payer pour le bilan mitigé de Felipe Calderon », avait-il estimé.

Les plus de 50 000 morts générés par les violences liées aux narcotrafiquants ont pu peser lourd dans la balance électorale, ainsi que l'accroissement de la pauvreté qui touche 46 % de la population.

Les élections les plus surveillées de l'histoire du Mexique

Près de 80 millions de Mexicains étaient appelés aux urnes dimanche pour élire le successeur de Felipe Calderon, dans le cadre de ce scrutin uninominal à un tour.

Un total de 696 observateurs de 66 pays ont contrôlé la bonne marche des opérations électorales. Ils provenaient en majorité des États-Unis, d'Argentine et du Venezuela.

Près de 1 million de citoyens et de fonctionnaires désignés par l'Institut fédéral électoral (IFE) et représentants des partis politiques ont contrôlé les 143 151 bureaux de vote partout au pays.

« Ce sera la journée électorale la plus contrôlée de notre histoire », avait assuré Lorenzo Cordova, conseiller de l'IFE.

Par ailleurs, une procédure électorale qui donne plus de pouvoir à l'IFE pour réagir aux plaintes éventuelles s'applique pour la première fois. En cas de scrutin serré, cette procédure permet un nouveau comptage bulletin par bulletin, pour éviter une situation équivalente à celle de 2006.

La victoire de Felipe Calderon par une marge de 0,56 % d'écart avait alors été contestée par le candidat de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador, et avait donné lieu à des manifestations massives pour contester la légitimité du nouveau président.

Pour calmer les appréhensions, les candidats à l'élection de cette année ont signé un pacte les engageant à respecter les résultats.

Les mesures prises cette année n'ont pas empêché 71 % des Mexicains de considérer qu'une fraude était possible, selon une étude publiée par l'Université nationale autonome du Mexique. Cette opinion est forgée par une tradition d'achat de votes, des « petits cadeaux » aux électeurs et de bourrage des urnes.

« La dictature parfaite »

Le PRI a jeté les fondations du Mexique moderne et dirigé le pays pendant 71 années au 20e siècle. « On l'avait appelé la dictature parfaite », dit Jean-Michel Leprince.

Corruption, fraude électorale et d'accès d'autoritarisme ont chassé le PRI du pouvoir en 2000 au profit du Parti d'action nationale (PAN) et de son candidat, Vicente Fox. Un autre membre du PAN lui a succédé en 2006, Felipe Calderon, le président sortant.

L'arrivée du PAN au pouvoir avait suscité l'espoir d'une amélioration démocratique au Mexique, mais plusieurs années de faible croissance économique et l'explosion des violences depuis 2007 dans des affaires liées au trafic de drogue ont érodé sa cote de popularité.

Assurant avoir tiré les leçons de ses erreurs passées, le PRI, se veut désormais un parti démocratique moderne. Il a jeté durant cette campagne tout le poids de son appareil derrière le télégénique Enrique Peña Nieto pour reconquérir le sommet de l'État.

Il s'agit en outre d'un « parti qui regarde de très près l'économie, » ajoute notre envoyé spécial Yanik Dumont-Baron.

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