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«Pique», de Robert Lepage: son nouveau spectacle est présenté au festival Luminato de Toronto (PHOTOS/VIDÉO)

«Pique», de Robert Lepage (PHOTOS/VIDÉO)
Érick-Labbé

Le jeu, le vice, l'arnaque, les démons intérieurs: Robert Lepage et sa bande proposent, avec «Pique», une fable sombre avec Las Vegas comme décor. Dans un dispositif scénique plus maîtrisé que jamais, la production nous ramène un Lepage plus fantaisiste, loin de ses récentes créations théâtrales intimistes.

Las Vegas semble avoir laissé à Robert Lepage plus qu'une collaboration encensée avec le Cirque du Soleil. Lepage fait de la ville un lieu de naufrage et de désillusion, où l'on croise entre autres un soldat qui doute de sa mission, un couple québécois venu s'y marier et un joueur compulsif (formidable Tony Guilfoyle). On entre aussi dans les coulisses de cette ville surréaliste: les femmes de chambre, la prostituée en résidence, les valets, barmans et autres employés qui travaillent à maintenir l'illusion d'une ville où tout est permis, où ce qui s'y passe y reste.

Comme souvent lorsqu'il écrit avec ses acteurs, Lepage excelle dans l'art de nous raconter de micro-histoires, de faire d'une scène de quelques minutes une histoire autoportante. Les amateurs des productions plus intimistes du créateur comme «Le dragon bleu» noteront peut-être la rareté des émotions, mais trouveront un Lepage fantaisiste, qui joue avec le mystère et l'illusion.

Au Met de New-York, Robert Lepage a dû défendre ses dispositifs scéniques, jugés trop imposants par certains. Ici, non seulement l'équilibre est parfait, mais la boîte à outils de l'équipe d'Ex-Machina n'a jamais semblé si bien utilisée. «Pique» se déroule sur une scène circulaire surélevée avec juste assez de place dessous pour que les artisans de cette mécanique puissent travailler. Les acteurs sortent toujours du plancher, tantôt complètement, tantôt à demi. Trappes, portes, objets qui descendent du ciel ou qui se déploient en une fraction de seconde: la magie opère totalement et, en plus, pour le bon compte de l'histoire.

La production présentée en Espagne durait 3h20. Celle de Toronto, 3 h. Peut-être que la prochaine version nous épargnera les quelques scènes floues et les personnages moins bien définis. Mais même un brin enfumées, les intrigues s'entrecoupent de façon fluide et on se laisse emporter avec les personnages dans les noirceurs de la nature humaine. Comme dans tout bon casino, tout est là pour que le plus grippe-sou des avares mette quand même une pièce, juste pour voir...

«Pique» est le premier spectacle d'une tétralogie intitulée «Jeux de cartes». Présenté dans le cadre du Festival Luminato de Toronto jusqu'au 17 juin au Joey and Toby Tanenbaum Opera Centre.

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