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Les gaz non conventionnels, dont le gaz de schiste, pourraient remplacer le charbon d'ici 2035

Le gaz de schiste en forte demande
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La production mondiale de gaz non conventionnel, incluant le gaz de schiste, pourrait tripler d'ici 2035 et prendre la place du charbon si l'industrie modifie ses manières de faire afin de rassurer la population, estime un nouveau rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

L'Agence internationale de l'énergie avait déjà prédit, l'an dernier, un âge d'or du gaz au cours des prochaines décennies. Cela sera toutefois seulement possible avec l'exploitation de gaz non conventionnel, dont les méthodes d'extraction soulèvent l'opposition de nombreux citoyens et de groupes environnementaux.

L'AIE propose donc une série de « règles d'or » pour aider à développer l'exploitation des gisements de gaz de schiste, tout en limitant les impacts sur l'environnement, soit :

  • Une « transparence complète » de la part de l'industrie;
  • Une attention accrue lors du choix des sites de forage pour minimiser les risques de secousses sismiques;
  • Des standards plus élevés dans la conception des puits pour empêcher les fuites dans les nappes phréatiques.

Si elles sont bien appliquées, ces règles permettraient de tripler la production mondiale de gaz non conventionnel d'ici 2035. Le gaz pourrait ainsi fournir 25 % des besoins énergétiques de la planète, déclassant le charbon - plus polluant - comme deuxième source d'énergie après le pétrole.

L'AIE souligne toutefois que si l'exploitation de gaz non conventionnels est bloquée par les citoyens et certains gouvernements, la part du gaz dans la consommation énergétique mondiale stagnera « très loin derrière le charbon », ce qui pourrait faire augmenter les émissions mondiales de CO2.

Au Canada, la production commerciale de gaz de schiste n'atteint à ce jour que 3 milliards de pieds cubes. Le développement de cette filière permettrait de compenser le déclin du gaz conventionnel et de répondre à la hausse de la demande domestique, soutient l'agence.

Le gaz de la controverse

Selon l'AIE, 80 % des ressources du Canada en gaz est de type non conventionnel. Des gisements de gaz de schiste ont été découverts en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.

Le gaz de schiste est un gaz naturel non conventionnel puisqu'il ne peut être extrait selon les techniques de forage dites classiques, étant donné qu'il est emprisonné dans des formations rocheuses situées entre 1 et 3 kilomètres sous terre.

Comme il possède moins d'impuretés que d'autres hydrocarbures, il bénéficie d'une forte demande dans l'industrie.

La fracturation hydraulique, utilisée pour extraire le gaz de schiste de la roche qui l'emprisonne, fait l'objet d'une grande controverse. Répandue aux États-Unis, la technique est interdite en France. Des études ont même confirmé que la fracturation hydraulique peut provoquer des tremblements de terre.

La fracturation hydraulique est présentement utilisée à grande échelle en Alberta et dans le nord de la Colombie-Britannique.

Le Québec a pour sa part imposé un moratoire sur son utilisation, sauf aux fins de l'évaluation environnementale stratégique prévue par le rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sur l'industrie du gaz de schiste, livré en février 2011.

Un rapport qui « manque de nuances »

L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) soutient que le rapport de l'AIE fait fi de ses propres constats quant à l'urgence de s'affranchir des combustibles fossiles pour éviter les changements climatiques.

Le rapport comporte par ailleurs plusieurs omissions, selon l'AQLPA, dont le fait que le gaz entre en compétition avec les énergies vertes et qu'il devient difficile de contrôler les émissions de méthane une fois que les puits de gaz sont fermés.

« On doit rejeter cette approche aveugle pour le Québec, car nous sommes privilégiés de vivre au royaume des énergies vertes et renouvelables par excellence. S'il y a une contribution planétaire que le Québec doit faire face aux changements climatiques, c'est bien dans le domaine des énergies propres », a déclaré André Bélisle, président de l'AQLPA.

« Le rapport de l'AIE manque de nuances et démontre l'absurdité de développer les gaz de schistes, particulièrement au Québec où le potentiel des énergies renouvelables est très grand. Les calculs jovialistes de l'Agence nous confirment que développer des gaz de schiste mènerait à un réchauffement planétaire de 3,5 degrés », a ajouté Patrick Bonin, directeur climat-énergie de l'AQLPA.

Les Québécois jugent sans connaître les règles, selon Boisclair

« Il faut mieux réglementer, il faut avoir des lois claires », estime pour sa part André Boisclair, consultant pour le producteur Questerre Energy, qui salue le rapport de l'Agence internationale de l'énergie.

« La difficulté que nous rencontrons en ce moment au Québec, c'est que nous sommes des millions de Québécois à juger l'industrie sans que l'on ait l'ensemble des règles qui vont s'appliquer à l'industrie. C'est comme si on demandait au Québécois de juger aujourd'hui la prochaine saison du Canadien sans que l'on connaisse le nom du prochain entraîneur », a-t-il dit en entrevue à Radio-Canada.

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