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Syrie: plus de 90 morts dans la région de Houla, selon des militants

Syrie: plus de 90 morts dans la région de Houla, selon des militants
AFP

BEYROUTH - Les militants syriens accusent les forces du régime de Bachar el-Assad d'avoir perpétré un massacre dans des villages du secteur de Houla, situé dans la province centrale de Homs, où plus de 90 personnes ont été tuées en 24 heures, selon le bilan avancé samedi par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, basé en Grande-Bretagne.

Les observateurs de l'ONU ont fait état de plus de 90 morts, dont au moins 32 enfants âgés de moins de 10 ans, sans identifier les auteurs de cette «tragédie».

D'après le général norvégien Robert Mood, chef des observateurs de l'ONU dont une équipe s'est rendue sur place, 32 enfants et 60 adultes ont été tués vendredi dans le secteur de Houla. Des obus d'artillerie ont été retrouvés, a-t-il ajouté. «Quiconque a commencé, a répondu, a perpétré cet déplorable acte de violence devra être tenu pour responsable», a-t-il déclaré dans un communiqué samedi.

C'est l'une des attaques les plus meurtrières depuis le début du mouvement de contestation contre le régime du président Bachar el-Assad en mars 2011.

Le massacre a été sévèrement condamné par les États-Unis et les autres leaders internationaux, et d'importantes manifestations ont été tenues dans les banlieues de Damas, la capitale syrienne, de même qu'à Alep, la ville la plus peuplée du pays.

L'ONU a dénoncé les attaques dans un communiqué, laissant sous-entendre que le responsable derrière ce massacre était le président el-Assad, tandis que la Maison-Blanche a qualifié ces violences de «brutalité inhumaine sans nom».

«Ces crimes effroyables et brutaux, qui impliquent un usage de la force discriminatoire et disproportionné, constituent une violation flagrante du droit international et des engagements pris par le gouvernement syrien pour cesser d'avoir recours à l'artillerie lourde et la violence contre sa population. Les responsables de ces crimes doivent rendre des comptes», ont déclaré le secrétaire-général de l'ONU, Ban Ki-moon, et son envoyé spécial pour la Syrie, Kofi Annan.

À la Maison-Blanche, la secrétaire d'État Hillary Rodham Clinton a condamné les attaques dans «les termes les plus virulents possible», et a demandé que «ceux qui ont commis ces atrocités soient identifiés et tenus responsables».

«Les États-Unis vont travailler avfec la communauté internationale pour accentuer la pression sur el-Assad et ses alliés, dont la dictature gérée par les meurtres et la peur doivent cesser», a déclaré Mme Clinton dans un communiqué.

Samedi en fin de matinée, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, basé en Grande-Bretagne, estimait que plus de 90 personnes avaient tuées depuis vendredi à la mi-journée dans le secteur du village de Houla, à environ 40 km au nord-ouest de la ville de Homs, dans le centre-ouest de la Syrie. Contacté via la messagerie Skype, un militant local a affirmé que 12 personnes étaient mortes dans des bombardements sur Houla et 106 autres dans un assaut des milices shabiha, des bandes armées fidèles au régime, sur un village voisin.

Ce militant, qui a donné comme nom Abu Yazan, a raconté que les troupes avaient commencé à bombarder le village de Houla après une manifestation anti-gouvernementale qui avait commencé après la prière du Vendredi. Ensuite, a-t-il affirmé, les shabiha ont donné l'assaut au village de Taldaw, juste au sud de Houla, attaquant des maisons et tirant sur des civils: "ils ont tué des familles entières, des parents jusqu'aux enfants, mais ils se sont concentrés sur les enfants". Selon lui, la plupart des habitants tentaient de fuir samedi dans la crainte de nouveaux massacres.

Sur des vidéos amateures mises en ligne sur Internet, on voit des dizaines de corps, parmi lesquels ceux de nombreux enfants, gisant dans plusieurs pièces et recouverts de draps et de couvertures. L'un des films montre apparemment les cadavres de 14 enfants, alignés sur le sol. Une autre vidéo montre au moins une dizaine d'autres corps, étendus sur ce qui semble être le sol d'une mosquée.

D'après un autre militant Abou Walid, nombre de femmes et d'enfants portaient des blessures par arme blanche.

Toujours selon les militants syriens, les forces fidèles au régime venaient de villages des environs qui sont, eux, majoritairement de confession alaouite, comme la famille Assad, au sud de Houla. «Notre coin est sunnite et les villages avoisinants sont alaouites», comme la famille Assad, expliquait Abou Walid, pour qui cette attaque était clairement motivée par «la haine religieuse».

La télévision officielle syrienne a imputé le «massacre» de Houla à des «groupes terroristes armés», l'expression consacrée par le régime pour désigner les opposants.

Le gouvernement syrien interdisant à la plupart des médias de travailler sur son territoire, ces vidéos, comme les informations données par les militants, ne pouvaient être confirmées de source indépendante.

Ahmad Fawzi, le porte-parole de l'émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie Kofi Annan, a informé l'Associated Press par email samedi que des observateurs de l'ONU étaient en route pour Houla.

Quelque 250 observateurs des Nations unies ont été déployés en Syrie pour vérifier la trêve censée être entrée en vigueur le 12 avril dernier dans le cadre du plan de sortie de crise proposé par Kofi Annan. Mais ce cessez-le-feu est violé chaque jour, malgré leur présence.

L'annonce du massacre a suscité de vives condamnations des groupes d'opposition syriens, dont beaucoup dénoncent les réticences de la communauté internationale à intervenir en Syrie.

Bassma Kodmani du Conseil national syrien, groupe d'opposition en exil, a appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à «examiner la situation à Houla et à déterminer la responsabilité des Nations unies au regard de tels massacres, expulsions, et déplacements forcés de quartiers entiers». L'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme a durci le ton dans une déclaration accusant les pays arabes et la communauté internationale d'être complices des violences «à cause de leur silence sur les massacres que le régime syrien a commis».

Membres permanents du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine ont bloqué jusqu'ici tout projet de résolution condamnant la répression sanglante menée par le régime du président Bachar el-Assad qui a fait plus de 9000 morts, selon l'ONU, depuis le début de la contestation contre son régime à la mi-mars 2011.

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