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Tom Wesselmann, l'exposition du MBAM: cet «inconnu» du pop art (PHOTOS)

PHOTOS: Tom Wesselmann, cet «inconnu» du pop art
Rachel Nadon

Dès le 19 mai, l'oeuvre inclassable de Tom Wesselmann, faite de peintures monumentales et d'explorations formelles, fait l'objet d'une rétrospective au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), une première en Amérique du Nord pour cette figure majeure du pop art.

«Il considère l'art comme une expérimentation continue et sans fin», écrit Tom Wesselmann sous le pseudonyme de Slim Stealingworth, évoquant son propre travail. Leitmotiv personnel, c'est aussi l'angle avec lequel le MBAM a choisi d'aborder son oeuvre. Avec plus de 180 pièces, l'exposition retrace le parcours artistique du peintre de manière chronologique. Des Great Americian Nudes, ces immenses toiles où le corps alangui de la femme est à l'avant-plan, aux Sunset Nudes, où s'effectue un retour à l'art figuratif, se révèle une œuvre puissante et complexe.

Les peintures de Wesselmann multiplient les couleurs intenses et vives, les coups de pinceau, les matériaux. Il joue sur les échelles afin de renouveler le regard du spectateur sur les choses: un rouge à lèvres devient énorme, un sein ou une bouche sensuelle prennent des proportions gigantesques. Wesselmann se décrit toutefois comme un artiste abstrait, précise la directrice générale et conservatrice en chef du musée, Nathalie Bondil. «Matisse était un décorateur, Wesselman c'est quelqu'un qui recherche non pas l'harmonie entre les formes, mais une certaine explosion, la façon dont elles s'agressent les unes les autres. Ce n'est pas un rapport d'harmonie, doucereux et décoratif. C'est un corps à corps, je dirais, avec les œuvres.»

Wesselman est un artiste rigoureux, qui place au cœur de ses réflexions les problèmes de compositions des toiles, de choix de couleurs et d'échelle. Pour Stéphane Aquin, cocommissaire de l'exposition et conservateur en art contemporain du MBAM, le peintre est un «grand classique», avec cette volonté d'exploration qui fait parfois de lui un avant-gardiste. «Le fait de s’associer à l'industrie pour faire ses «steel drawing» (littéralement: des dessins en acier), c'était très avant-gardiste à l'époque. Il n'avait pas peur d'aller dans les usines. Ou alors d'intégrer une télévision dans ses toiles, en 1970.» À l'instar des artistes du mouvement pop art, des icônes de la société de consommation sont intégrées dans ses toiles, agissant comme autant de référents à l'identité américaine.

Le peintre réinvestit les genres traditionnels du nu, de la nature morte et du paysage. Nathalie Bondil croit qu'il s'agit d'abord pour l'artiste d'en renouveler l'intensité et la forme. Les courbes des femmes sont célébrées par un tracé coloré, les fleurs des natures mortes côtoient une bouteille de 7UP. «Cette génération-là [du pop art] s'est posé la question: comment pouvoir réinventer l'art après ce qui s'est fait? Comment peut-on être héritier de toute cette tradition picturale? Du coup, chez Warhol et Wesselmann, il y a cette volonté très forte de relire les codes de l'art et de redéfinir ceux-ci à travers l'art abstrait et figuratif.» Décédé en 2004, Wesselmann a peint pendant plus de quarante ans, toujours avec ce désir de faire de ses toiles «un ring», dit-elle, et d'explorer inlassablement les limites de la toile.

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Tom Wesselmann au MBAM

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