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La débâcle électorale des conservateurs est un revers pour Angela Merkel, fragilisée

Angela pleure, François rit
ODD ANDERSEN / AFP

La débâcle électorale subie dimanche 13 mai par les conservateurs allemands dans l'Etat de Rhénanie du Nord-Westphalie représente un sérieux revers pour Angela Merkel. Si elle ne présage en rien du résultat des élections législatives qui se dérouleront dans 16 mois en Allemagne, cette défaite, dans l'état le plus peuplé du pays, sonne comme un avertissement pour la chancelière. Son leadership en Allemagne et en Europe s'en retrouve fragilisé.

"Un désastre pour la CDU qui met à mal la chancelière allemande Angela Merkel", commentait Bild, le journal le plus lu d'Allemagne, à propos du scrutin régional en Rhénanie du Nord-Westphalie. "La CDU de Merkel tremble", constatait le quotidien conservateur Die Welt, tout en soulignant que rien n'est gagné pour l'opposition. Le quotidien des affaires Handelsblatt détournait quant à lui le célèbre Cri de Munch, avec la chancelière Angela Merkel comme protagoniste pour illustrer son effroi face au résultat du scrutin de Rhénanie du Nord-Westphalie.

Se réjouissant de la victoire de son camp (38,2% des suffrages, soit 3,7 points de plus qu'en 2010), la secrétaire générale du SPD, Andrea Nahles, a évoqué une "défaite cinglante pour Angela Merkel et la CDU". En mars dernier, le candidat socialiste François Hollande avait reçu le soutien du SPD allemand. Quatre mois plus tôt, il se rendait au congrès du SPD à Berlin.

"Cette défaite est amère, nette et elle fait très mal"

De son côté, le chef de file de la CDU dans cette région, le ministre fédéral de l'Environnement Norbert Röttgen, a résumé: "Cette défaite est amère, nette et elle fait très mal". "C'est la défaite de la CDU et avant tout ma défaite", a-t-il ajouté, en annonçant sa démission de la direction régionale du parti. "Ce résultat dépasse de loin nos craintes", a également reconnu l'un des hauts responsables du parti, Peter Altmeier. Lundi, la chancelière allemande a qualifié de "défaite douloureuse et amère" le résultat des élections régionales en Rhénanie du Nord-Westphalie, lors d'une conférence de presse.

Avant la tenue du vote, les observateurs estimaient que l'impact d'un revers électoral serait limité pour la chancelière, qui jouit toujours d'une grande popularité personnelle. Pourtant, estime la presse, les conséquences au niveau européen pourraient s'avérer plus importantes que prévu pour Angela Merkel. Déjà mise sous pression par les résultats électoraux en Grèce et en France, la chancelière voit débarquer un nouveau front contre la politique d'austérité qu'elle entend imposer aux pays de l'Union européenne. Un front intérieur mené par les socialistes du SPD.

Des allures de référendum sur l'austérité

Fidèle à son credo de l'austérité, la chancelière a encore réaffirmé jeudi devant les députés qu'elle excluait une croissance financée à crédit. Mais ces derniers jours, le scrutin en Allemagne avait pris des allures de référendum sur la politique d'austérité en Europe. L'influent hebdomadaire die Zeit se demande cette semaine: "combien de temps encore?". "Angela Merkel est au sommet de son pouvoir (...) et sait que les choses vont maintenant commencer à être difficiles".

"Le travail en Europe n'en sera pas affecté", a dit Angela Merkel lundi lors de sa conférence de presse, affirmant qu'il n'y avait "pas de contradiction entre une politique budgétaire solide et la croissance"

"Une claque" pour le parti d'Angela Merkel selon BFMTV:

"Si en Europe l'impression se propage que Merkel est une chancelière en perte de vitesse, son influence et son pouvoir devraient diminuer", juge le Hamburger Abendblatt. Pour le Financial Times Deutschland (FTD), "Merkel doit composer avec un SPD qui prend clairement ses distances" de la politique d'austérité. "L'adoption du pacte européen budgétaire, qui nécessite les deux tiers des voix (des députés) sera une lourde tâche".

Une partie de poker-menteur

"Il faut qu'elle se montre très dure avant les élections en Rhénanie-du-Nord", estimait un diplomate européen sous couvert d'anonymat avant le scrutin. Le scrutin passé et ses positions fragilisées, la chancelière devrait désormais infléchir quelque peu son discours. En fin de semaine dernière, elle avait déjà concédé un report du calendrier de ratification du pacte budgétaire européen.

Mardi, pour sa première rencontre avec le Président François Hollande, Angela Merkel devrait toutefois afficher le même visage de fermeté qu'elle a offert depuis plusieurs mois. Mais passés les messages d'affection et autres amabilités d'usage, la partie de poker-menteur pourra débuter.

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