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Stanstead: bisbille à la frontière canado-américaine pour deux éoliennes

Derrière chez nous, y a des éoliennes américaines
Courtoisie

Le maire de Stanstead, dans les Cantons de l’Est, qui alimente en eau les citoyens de la ville voisine américaine, Derby Line, se dit prêt à couper l’eau si deux éoliennes sont installées aux limites de sa ville, sur le territoire des États-Unis.

«Ce n’est pas une décision du conseil municipal, dit le maire Philippe Dutil en entrevue téléphonique. Mais, c’est une offensive que j’envisage afin de nous faire entendre.»

Le maire de Stanstead est en colère. Il y a quelques semaines, citoyens et élus du secteur apprenaient que l’entreprise Encore Redevelopment, située à Burlington, avait l’intention d’installer des éoliennes près de la frontière canado-américaine.

Or, il s’avère que les Américains veulent ériger les éoliennes à quelques mètres de la zone résidentielle de la ville canadienne, loin des maisons du secteur américain, dit le maire. Une situation qui provoque l’indignation du côté canadien.

«Ils veulent (Encore Redevelopment) construire deux éoliennes mais à 150 mètres d’une cinquantaine de maisons, dénonce le maire de Stanstead. Alors que du côté américain, il n’a pas de maison à moins de six kilomètres d’où serait les éoliennes.»

Une critique partagée par les deux députés du secteur. «[L’entreprise américaine] ne semble pas avoir tenu compte qu’il y a une ville de l’autre côté de la frontière», dénonce Pierre Reid, député provincial libéral d’Orford.

«Il ne faut pas que cette situation provoque un précédent et qu’on se retrouve avec des éoliennes tout le long de la frontière canado-américaine», estime pour sa part le député fédéral du Nouveau parti démocratique (NPD) du comté de Compton, Jean Rousseau.

Pas dans mon pays

Selon les élus, les deux éoliennes pourraient mettre en danger la sécurité des résidents du côté canadien, en plus de faire chuter la valeur des maisons. «Il y a un danger réel pour les résidents car les éoliennes frôleraient le quartier résidentiel», dénonce le député du NPD, se disant également préoccupé par la glace qui pourrait se former sur les palmes des éoliennes l’hiver.

Quant au maire Dutil, il est inquiet pour certaines espèces d’oiseaux migrateurs qui empruntent chaque année ce corridor aérien pour migrer vers le sud. Une situation que connaît déjà la compagnie américaine, dit-il. «La compagnie américaine est prête à ramasser les oiseaux morts du côté américain, illustre-t-il. Sauf qu’ils vont tomber de notre côté de la frontière.»

Des arguments contestés par Encore Redevelopment. «Il y a beaucoup de fausses informations qui circulent actuellement dans le public sur le projet et nous prenons très au sérieux les revendications au sujet des impacts sur la santé publique», a indiqué Chad Farrell, principal dirigeant de l’entreprise, via un courriel envoyé au Huffington Post Québec.

«Le fait est que les éoliennes ont été installées en toute sécurité partout dans le monde dans des endroits très similaires à notre projet de Derby Line, sans préoccupation que ce soit, ajoute-t-il. Les éoliennes modernes sont silencieuses, sécuritaires et, dans le cas de notre projet, vont fournir aux agriculteurs une source de revenus supplémentaires.»

Problème international ?

Selon les deux députés, il est primordial d’ouvrir un dialogue avec les autorités du Vermont et auprès de la Vermont Public Service Board, (structure similaire au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement).

«Nous sommes en train de déchiffrer les traités qui existent entre le Québec et le Vermont afin de trouver des canaux de communication», explique le député du NPD, laissant entendre qu’il espère ne pas devoir interpeler les autorités américaines à Washington pour dénouer la situation.

Du côté du député provincial, M. Reid dit avoir demandé l’aide du ministère des Affaires intergouvernementales afin d’obtenir une audience auprès de la Vermont Public Service Board, en plus d’avoir envoyé une lettre à l’entreprise américaine afin d’exposer les préoccupations canadienne et québécoise, le 30 avril dernier.

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Éoliennes américaines près de Stanstead

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