Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Guillaume Wagner fait le grand saut

Guillaume Wagner fait le grand saut
SRC

Guillaume Wagner fait le grand saut

Comme à la télévision

Dès qu'il met le pied sur scène, son petit sourire en coin met le public en garde: Guillaume Wagner n'épargnera personne. Désinvolte et juste assez frondeur, Wagner tient le micro avec l'aisance d'un vieux pro et mitraille la foule de ses observations grinçantes. Pourtant, avant son entrée à l'École nationale de l'humour, il n'avait jamais foulé les planches d'une scène, pas même lors d'un petit spectacle étudiant. C'est plutôt devant le téléviseur du sous-sol familial qu'il a appris les rudiments du métier.

« J'avais aucun plan de carrière quand j'étais ado. Plus jeune, j'ai voulu être lutteur, mais je pense que c'était pas sérieux comme plan de carrière, rigole-t-il. À un moment donné, je suis devenu un espèce de geek d'humour. Je collectionnais des DVD d'humour, j'écoutais des gars comme George Carlin, Chris Rock, Bill Hicks... C'est sûr que si je ne faisais pas d'humour aujourd'hui, je serais encore en train d'en écouter, un petit peu loser, chez nous, en joggings. »

Après s'être cherché sans se trouver sur les bancs du cégep, Guillaume Wagner s'est offert une année sabbatique qui en a duré deux. Quand il n'était pas trop occupé à ne rien faire, il a couché sur papier quelques textes humoristiques. À peu près certain d'essuyer un refus, il a tout de même tenté sa chance devant le jury de l'École nationale de l'humour.

« J'ai toujours voulu faire ça, mais j'avais pas les couilles de le faire. J'voulais juste tasser ce rêve-là. Je me suis dit "je vais l'essayer, je vais être mauvais pis après ça, je vais pouvoir passer à autre chose!" »

À sa grande surprise, sa candidature a été retenue. Et la suite a été plutôt réjouissante.

Première impression

Le succès rencontré par Guillaume Wagner a rapidement dépassé les frontières de son sous-sol. Le jeune humoriste a été sacré révélation du Grand Rire de Québec en 2010, a remporté l'Olivier Découverte en mai 2011 et a conclu son été avec le prix Révélation du Festival Juste pour rire de Montréal. Fort d'une belle présence au petit écran sur les ondes de Musique Plus, de V et d'ARTV, Wagner était maintenant prêt pour la prochaine étape : le spectacle solo.

« Un one man show, c'est comme le cours normal des choses, au Québec. Et puis c'est quand même important, faut pas le rater. »Mais entre la petite scène improvisée d'un bar douteux et la scène du Théâtre St-Denis, la marche est haute. Pour Guillaume Wagner, le défi était d'abord de trouver le bon ton.

« C'est assez difficile... Tu sais, quand tu fais des bars, tu ramasses toute sorte de matériel pour faire plaisir à certains types de personnes. Tu t'adaptes selon la salle. C'est ça qu'il faut que tu réalises avec un one man show : t'es pas là pour faire plaisir à plein de types de personnes, t'es là pour faire quelque chose qui te représente. C'est vraiment un spectacle complet que je dois bâtir. »

Pour trouver sa voix, Guillaume Wagner peut compter sur Jean-François Mercier qui retravaille les textes avec lui.

« Il veut m'aider, il croit en moi. J'pense qu'il se voit un peu en moi... J'ai comme le feeling qu'il veut me faire éviter les erreurs qu'il a faites dans sa carrière. C'est ça qui est drôle de travailler avec Jeff. Il a l'expérience et l'intelligence de réaliser les erreurs mais il a l'arrogance de les faire quand même. Il me dit : "Ça, tu peux pas mettre ça, tu vas avoir de la marde avec ça... mais ah! Laisse-le, c'est drôle !" »

Cinglant

Dans le dictionnaire Larousse, le mot « cinglant » désigne « ce qui blesse l'amour-propre par sa brutalité ». En choisissant d'intituler son premier spectacle ainsi, Guillaume Wagner avoue vouloir jouer la carte de la transparence.

« Mon humour est assez brutal. C'est pas fait volontairement pour blesser, mais en même temps, je voulais annoncer mes couleurs. Je voulais dire aux gens que justement, si c'est facile de blesser ton amour-propre et que t'es ben sensible, viens pas me voir. Je voulais pas être malhonnête et que des gens passent une mauvaise soirée. »

Cinglant est d'ailleurs le résultat d'un appel à tous lancé par l'humoriste.

« C'est un flash que j'ai eu. J'avais une couple d'idées de titres pour le spectacle, mais j'étais satisfait d'aucune d'entre elles. Alors j'ai demandé à mes fans Facebook de me décrire en un mot, en ne leur disant pas à quoi ça servirait. J'ai eu beaucoup de "Check mes pipes!" [en référence à l'un de ses numéros, présenté entre autres au Festival Juste pour rire], mais des 300 réponses que j'ai reçues, deux personnes ont répondu "cinglant". Je trouvais que ça me décrivait bien ».

Très actif sur les réseaux sociaux, Guillaume Wagner les utilise entre autres pour tâter le pouls de ses presque 13 000 fans Facebook ou... pour déconner en toute liberté.

« J'aime beaucoup Facebook parce que je me sens libre là-dessus. L'humour, c'est un des rares métiers artistiques où tu as une réponse directe. J'arrive sur scène, je dis quelque chose, je sais tout de suite s'ils aiment ça ou pas. Facebook, c'est la même chose. Je peux dire des jokes, je peux lancer des idées, je peux provoquer le monde, mettre une vidéo... Je trouve ça fascinant comme médium. »

Plan B

En attendant sa grande rentrée montréalaise le 17 et 18 octobre (spectacles qui affichent déjà complet), Guillaume Wagner ira roder son nouveau spectacle à Laval et à Magog, cet été. Et si jamais ça ne fonctionnait pas ?

« C'est important de ne pas avoir de plan B dans la vie. J'ai zéro plan B pis je pense que c'est bon comme ça. Ça fait en sorte que je mets toutes mes énergies en humour. Si je perds ça, je suis dans la "marde". J'ai aucune idée de ce que je fais! » conclut-il en rigolant.

Disons que le jeune homme n'a pas de quoi s'inquiéter pour l'instant. En plus de la tournée québécoise qui suivra, on annonce déjà des supplémentaires pour Montréal et Québec en mars 2013. Sinon, il y aura toujours le sous-sol de papa et maman... mais disons qu'on ne gagerait pas là-dessus!

Une rencontre de Karyne Lefebvre

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.