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Stephen Harper votera contre la motion sur l'avortement

Stephen Harper votera contre la motion sur l'avortement
CP

OTTAWA - Stephen Harper avait fait la promesse de ne pas rouvrir le débat sur l'avortement, mais l'opposition l'accuse d'avoir brisé sa parole en permettant à un de ses députés de présenter une motion sur la définition «d'être humain».

Les députés fédéraux ont débattu pendant une heure jeudi d'une motion de l'Ontarien Stephen Woodworth, qui propose de créer un comité parlementaire qui se questionnerait sur le moment où un foetus devient un «être humain».

Il s'agit-là d'une tentative détournée de s'attaquer aux droits des femmes et de briser la paix sociale sur la question, se sont désolés les partis d'opposition.

«Pourquoi le premier ministre a-t-il permis que soit rouvert le débat sur l'avortement?», a demandé le chef néo-démocrate Thomas Mulcair à la période de questions.

Mais le premier ministre s'est clairement dissocié de l'initiative de son député.

«C'est le droit de n'importe quel député de déposer une motion. Les chefs des partis ne contrôlent pas cela. C'est un comité, formé de tous les partis, qui décide si ces motions seront votées ou non. Ce comité, composé des trois partis, a décidé, malheureusement — à mon avis — qu'il y aura un vote», a expliqué M. Harper.

Le chef conservateur n'a d'ailleurs laissé planer aucun doute sur ses intentions lorsque viendra le temps, en juin ou à l'automne, de voter sur cette motion.

«Personnellement, je voterai contre cette motion.»

Plaidoyer pour le libre-choix

Le débat s'est ouvert en fin d'après-midi avec une déclaration du député pro-vie de Kitchener-Centre, qui a rappelé la définition actuelle d'être humain prévue au sens de la loi.

Le Code criminel stipule qu'un «enfant devient un être humain au sens de la présente loi lorsqu'il est complètement sorti, vivant, du sein de sa mère».

Selon M. Woodworth, il est nécessaire de revoir cette définition à la lumière de la science moderne.

«Lorsque vous voyez un enfant avant sa naissance, voyez-vous une nouvelle vie humaine, avec un coeur qui bat, et des mains complètes comme chez tout être humain? Ou bien ne voyez-vous qu'un objet, un obstacle, voire un parasite?», a demandé M. Woodworth aux députés participant au débat en Chambre.

Il a lui-même admis par ricochet que sa motion visant à mettre sur pied un comité était liée à l'avortement.

«Si les preuves vous disent qu'un enfant est un être humain avant le moment de sa naissance complète, allez-vous fermer vos yeux devant la vérité simplement pour justifier l'avortement?», a-t-il déclaré.

Tous les députés qui ont pris la parole après lui ont dénoncé cette tentative de rouvrir le débat sur l'avortement, y compris le whip du gouvernement, Gordon O'Connor, qui a d'ailleurs été chaudement applaudi, même par l'opposition.

Pour M. O'Connor, la motion est «une tentative pour remonter dans le temps», et elle «mènera seulement à plus de conflits».

«Je veux que toutes les femme continuent de vivre dans une société où les décisions concertant l'avortement peuvent être faites d'un côté ou de l'autre, avec les conseils de leur famille et de leur médecin, sans la menace de conséquences judiciaires», a fait valoir M. O'Connor.

Il a d'ailleurs brandi le spectre d'un retour à des jours plus sombres, où l'avortement était pratiqué en cachette avec des moyens dangereux et parfois mortels pour les femmes.

«Je ne veux pas que les femmes reviennent à une ère passée où certaines étaient obligées d'obtenir un avortement de façon illégale et dangereuse. Cela ne devrait jamais arriver dans une société civilisée», a tranché M. O'Connor.

La néo-démocrate Françoise Boivin a de son côté insisté sur le fait que la décision d'une femme de poursuivre ou non sa grossesse ne regardait qu'elle. La députée de Gatineau, tout comme sa collègue libérale Hedy Fry, ont mis en garde contre une invasion encore plus profonde dans le mode de vie des femmes enceintes si le débat sur l'avortement était rouvert.

Thomas Mulcair a déjà annoncé que tout son caucus allait voter contre la motion de M. Woodworth et ce sera le même scénario au Bloc québécois. Le libéral Bob Rae laisse pour sa part à ses troupes le choix de voter comme elles le veulent.

Les conservateurs refusent de révéler si une ligne de partie sera imposée, mais tout porte à croire que le vote sera libre.

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