L'épouse du militant bahreïni Abdel Hadi al-Khawaja, en grève de la faim depuis plus de deux mois pour protester contre sa condamnation à la perpétuité, a affirmée jeudi être privée de tout contact direct avec son mari.
"Ils disent qu'il est en bonne santé mais si c'est vrai, pourquoi ne m'autorisent-ils pas à lui parler, à le voir?", a déclaré à l'AFP Khadija al-Moussawi.
Les autorités bahreïnies étaient injoignables jeudi mais le ministère de l'Intérieur a affirmé sur Twitter que Abdel Hadi al-Khawaja se portait bien.
"Abdel Hadi al-Khawaja est en bonne santé malgré les rumeurs. Il est à l'hôpital où il reçoit tous les soins nécessaires", indique le ministère dans un message posté mercredi.
Mme Moussawi a affirmé qu'elle était cette semaine sans nouvelles de son mari, précisant avoir demandé en vain jeudi aux autorités pénitentiaires de pouvoir lui parler.
Elle a ajouté que les autorités refusaient également qu'elle rende visite à sa fille, Zainab, arrêtée samedi après avoir participé à une manifestation anti-gouvernementale.
Amnesty International a réclamé mercredi "la libération immédiate et sans conditions" de Zainab al-Khawaja, dont la garde à vue a été prolongée lundi soir pour sept jours.
Mercredi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est inquiété du sort de M. Khawaja et a demandé aux autorités de Manama de régler son cas "sans délai sur la base de la justice et de considérations humanitaires".
Abdel Hadi al-Khawaja, condamné à la perpétuité, est en grève de la faim depuis le 8 févier pour réclamer sa libération.
Dans un communiqué jeudi, l'ONG Front Line Defenders a pressé le ministre bahreïni de l'Intérieur, cheikh Rached Ben Abdallah Al-Khalifa, de fournir la preuve que M. Khawaja était toujours en vie après 78 jours de grève de la faim.
L'ONG l'appelle à "autoriser les visites de famille et à rétablir les contacts téléphoniques quotidiens" avec le militant qui, rappelle-t-elle, avait décidé de s'abstenir de boire de l'eau dès le 21 avril.
"Le déni d'information à la famille et à l'avocat de Abdel Hadi est cruel et injustifiable", écrit Mary Lawlor, responsable de Front Line Defenders
M. Khawaja avait été condamné, avec d'autres opposants chiites, à la prison à vie pour avoir, selon le régime, fomenté un complot en vue de renverser la monarchie sunnite au pouvoir à Bahreïn, dans la foulée de protestations animées par des chiites, majoritaires dans ce petit pays du Golfe.
Lundi, la Cour de cassation a reporté au 30 avril l'examen de l'affaire.
ls/tm/vl