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Julien Sagot, le batteur de Karkwa, lance Piano mal, album solo

Julien Sagot en solo ce soir à La Tulipe
Patrick Cormier

Le percussionniste de Karkwa, Julien Sagot, a lancé tout récemment son premier album solo, Piano mal, au Cabaret La Tulipe. Accompagné de cinq musiciens, il a présenté son univers musical singulier, tissé à même la poésie surréaliste et un goût pour l'expérimentation sans caprices.

Les lumières de la salle ont diminué d'intensité, presque jusqu'à s'éteindre, réduisant au silence la foule nombreuse. Julien Sagot a fait son entrée sur la scène illuminée et encombrée, le visage fendu d'un large sourire. Aux premières notes de la chanson «Le trucifier», qui ouvre également l'album, l'invitation au voyage était lancée: plonger, se laisser absorber par l'inconnu d'une musique complexe et parfois éthérée.

Expérimental, atmosphérique, cinématographique. Autant d'étiquettes qu'on peut accoler à l'album de Julien Sagot. Il multiplie les textures musicales, les passages instrumentaux, les variations de genre et de ton. Les textes, composés à partir de la technique de l'écriture automatique, mettent de l'avant des images fortes, nées de mots assemblés au hasard.

«L'écriture surréaliste est un endroit confortable, explique-t-il, quelques minutes après la fin de sa prestation. C'est une place où on peut se cacher derrière une sorte de forêt, où on est à l'abri, où tout est possible.» Il crée ainsi par instinct, inspiré par le quotidien, la culture, la sculpture.

Cette influence surréaliste — il se réclame d'ailleurs d'une certaine filiation avec André Breton, figure de proue du mouvement artistique — teinte l'album d'un caractère onirique et ludique. La performance de Julien Sagot s'est d'ailleurs déroulée devant un rideau noir parfois ponctué de points de lumières, ou devant un théâtre d'ombres et d'objets. Un visage de mannequin était même planté sur un piquet à l'avant de la scène, éclairé de rouge, figé dans une expression semblable au Cri de Munch.

Julien Sagot, qui a cofondé Karkwa en 1998, estime que « Piano mal » est un projet parallèle qui lui permet d'explorer autrement sa liberté de créateur. «Ça ne sonne pas Karkwa, ce n'est pas Karkwa. Même si ça reste de la musique, de la création, un univers d'écriture que j'ai déjà exploré auparavant.»

Pour son album, il s'est entouré d'artistes dont il aimait particulièrement les univers musicaux. Il a confié la réalisation de son disque à Simon Angell (Patrick Watson), qu'il a connu à la suite du projet Karkwatson. Celui-ci signe également les arrangements, avec le chanteur folk Leif Vollebekk.

Avoir à défendre son propre matériel sur scène et le rendre avec justesse représentait ainsi un nouveau défi pour le percussionniste. «J'avais quelque chose à me prouver. On m'a souvent dit dernièrement que mon disque était “ambiance”. Je trouvais ça un peu difficile à rendre devant un public. […] Mais je suis content. Je vais peut-être y prendre goût!», lance-t-il en riant, heureux de l'accueil que lui a réservé la foule. Dans la salle, les membres du groupe de Karkwa étaient présents, venus encourager et applaudir leur ami. De nombreux enfants s'amusaient autour du bar du Cabaret, dévalant les allées et s'amusant entre les tables. Sur scène, les musiciens formaient un groupe homogène, visiblement complices. De l'aveu même de Julien Sagot, ce fut une véritable fête de famille.

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