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Procès de Breivik: la parole est à l'accusé (VIDÉO)

«Oui, je le ferais de nouveau»

Anders Behring Breivik, l'extrémiste de droite qui reconnaît avoir tué 77 personnes l'an dernier en Norvège, a commencé à témoigner ce mardi devant le tribunal d'Oslo (cliquez ici pour voir le procès en direct).

"Oui, je le ferais de nouveau", a-t-il affirmé ajoutant que les adolescents tués sur Utoeya n'étaient pas des "enfants innocents" et que pour lui finir sa vie en prison ou mourir pour son peuple constituaient "le plus grand honneur". Puis le tribunal lui demande d'abréger la lecture de sa déclaration dont il avait dit avoir "allégé la rhétorique". "Les jeunes du Parti travailliste sont naïfs et endoctrinés, ils n'étaient pas des enfants innocents, mais des militants politiques", assure Breivik qui a tué 69 personnes, en majorité des adolescents, sur l'île d'Utoeya où se déroulait un camp d'été des Jeunesses travaillistes.

"Tuer 70 personnes peut empêcher une guerre civile", dit-il aussi. "Les gens qui me disent diabolique confondent le fait d'être diabolique et d'être violent", se défend l'accusé. La différence réside dans les intentions: certaines violences peuvent empêcher des violences plus grandes encore, explique-t-il en substance. "Lorsque la révolution pacifique est impossible, la seule option est la révolution violente", continue Breivik qui utilise le "nous" quand il évoque sa cause, donnant l'impression qu'il représente une mouvance plus large.

"Les attaques du 22 juillet étaient des attaques préventives pour défendre les Norvégiens de souche", a-t-il déclaré au terme d'une intervention de plus d'une heure. "J'ai agi en situation d'urgence au nom de mon peuple, de ma culture de mon pays. Et je demande donc ma relaxe", a-t-il conclu. L'extrémiste de 33 ans devrait pouvoir s'expliquer encore longuement puisque la journée de mardi et les quatre suivantes sont consacrées à son témoignage.

Quelque minutes plus tôt la juge Wenche Elizabeth Arntzen, qui préside la procédure, avait ordonné une suspension de séance pour examiner la compétence d'un de ses quatre collègues. L'accusation, la défense et les avocats des parties civiles avaient effectivement demandé la révocation d'un des cinq juges qui a reconnu avoir réclamé la peine de mort pour Anders Behring Breivik juste après les attaques du 22 juillet. Le juge a été renvoyé après des doutes sur son impartialité.

Un des trois citoyens norvégiens désignés pour assister les deux juges professionnels avait réclamé la peine de mort contre l'accusé dans un commentaire publié sur le site d'un journal après les attentats, a rapporté mardi une revue norvégienne. "La peine de mort est la seule solution juste dans cette affaire!!!!!!!!!!", écrivait-il sur le site du tabloïd Verdens Gang (VG), au lendemain du double attentat ayant fait 77 morts, selon la revue antiraciste Vepsen (La Guêpe) qui reproduit la page internet en question.

Selon Vepsen, le juge, dont elle ne précise pas l'identité, a publié ce commentaire en se connectant au site de VG grâce à un compte Facebook portant un pseudonyme, mais à partir de sa propre adresse de courrier électronique. La photo du compte Facebook correspond bien au visage du juge adjoint incriminé. Selon l'agence de presse norvégienne NTB, la police norvégienne travaille sur ce dossier depuis lundi et prépare un rapport sur le compte Facebook incriminé, pour le confier aux procureurs mardi. D'après NTB, ceux-ci pourraient demander que le juge adjoint soit remplacé par une autre personne.

VG et un autre quotidien norvégien, Bergens Tidende, ont affirmé mardi avoir obtenu la confirmation que le compte Facebook en question était bien celui d'un des trois juges adjoints. Trois citoyens ont été tirés au sort parmi des volontaires pour assister les deux juges professionnels lors du verdict. La police norvégienne a vérifié que ces personnes sont bien habilitées à de telles fonctions, hautement sensibles étant donné la gravité des actes reprochés au seul et unique prévenu, Anders Behring Breivik, un extrémiste de droite de 33 ans.

Pénalement responsable ?

L'intervention de l'accusation, lundi, a été parsemée de moments forts avec des vidéos montrant l'explosion d'une camionnette piégée près du siège du gouvernement et l'appel de détresse à la police d'une jeune fille coincée sur l'île d'Utoeya alors que retentissent les coups de feu tirés par Breivik. L'accusé, lui, n'a eu que peu d'occasions de prendre la parole si ce n'est pour récuser la Cour puis pour se déclarer non coupable. "Je reconnais les faits mais je ne reconnais pas ma culpabilité (au sens pénal du terme, ndlr). J'invoque la légitime défense", a-t-il déclaré.

Le principal point d'interrogation du procès qui devrait durer 10 semaines porte sur la santé mentale de l'accusé. Jugé psychotique et donc pénalement irresponsable par un premier rapport psychiatrique l'an dernier, l'accusé a ensuite été déclaré sain d'esprit par une contre-expertise dont les résultats ont été publiés le 10 avril. En dernier ressort, il reviendra aux cinq juges de trancher cette délicate question dans leur verdict attendu en juillet.

Si Breivik est reconnu pénalement responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourra ensuite éventuellement être prolongée aussi longtemps qu'il sera considéré comme dangereux. Dans le cas contraire, il devra subir un traitement psychiatrique dans un établissement fermé, potentiellement à vie.

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