Les femmes seront les stars de la prochaine saison 2012-2013 du Théâtre du Nouveau Monde (TNM). S'il se cache une femme derrière chaque grand homme, c'est elle, cette fois, qui occupera l'avant-scène, avec bagout, bonheur et parfois dérision.
Les femmes qui lisent sont-elles dangereuses? Denis Marleau pose son regard particulier sur Les femmes savantes, de Molière, qui démarre la saison régulière du TNM. Transportées dans notre monde moderne (des années 50 jusqu'au 21e siècle, nous dit la directrice Lorraine Pintal), ces femmes qui ont soif d'apprendre mais qui se laissent entourlouper par de faux savants réussiront-elles à se libérer de leur carcan? Mettant en vedette Christiane Pasquier (en Philaminthe) et Noémie Godin-Vigneau, la pièce sera baptisée à l'été 2012 en Europe, au Château de Grignan, avant de fouler les planches du TNM en septembre.
Céline Bonnier se glissera ensuite dans la peau de Christine, la reine-garçon. «C'était presque la Lady Gaga de l'époque,» a imagé l'auteur Michel Marc Bouchard en rencontre de presse. Inspiré par le personnage historique de la reine de Suède, il en fait ressortir l'excentricité, l'indépendance d'esprit et la soif de liberté. «Renier tout ce que je suis pour être ce que je veux être», clame la reine.
En milieu de saison, Benoît McGinnis viendra tuer le souverain. Personnage central de Le roi se meurt, de Ionesco, il sera confronté à sa mort, pris entre ses deux reines, Marie qui l'incite à nier la réalité, et Marguerite, qui tente de le rassurer. Tout ça à travers l'univers comico-absurde de l'auteur. Critique de sa génération, qui se laisse encore trop imposer des diktats, Frédéric Dubois, qui met en scène la pièce, constate qu'on peut mourir à tout âge, en tant qu'individu et en tant que peuple.
Jocaste reine, a été créée en Suisse en 2009, mais vient d'être présentée avec succès au Théâtre de la Bordée de Québec (en coproduction avec le TNM) dans une version mise en scène par Lorraine Pintal. Jocaste, femme d'Oedipe, est revisitée par la plume habile et parfois provocante de Nancy Huston. Le mythe est décortiqué et revu d'un point de vue entièrement féminin, sans oublier le regard psychanalytique qui pourrait bien être chamboulé. Avec Louise Marleau dans le rôle principal. «Dans le mythe d'Oedipe, Jocaste se pend sans dire un mot. C'est bien qu'elle prenne la parole pendant toute une pièce», commente Lorraine Pintal. Selon la metteure en scène, on ose y aborder sans détour et avec un regard typiquement féminin la question du pouvoir des femmes et de la sexualité féminine.
La saison se terminera avec un nouveau théâtre musical qui risque d'être très attendu. René-Richard Cyr et Daniel Bélanger se sont replongés dans l'univers de Michel Tremblay et créeront Le chant de Sainte Carmen de la Main. Maude Guérin sera Carmen et elle sera entourée de France Castel, Normand D'Amour, Éveline Gélinas et Benoît McGinnis pour cette version chantée. C'est avant tout un chant d'affirmation, selon la vision de René-Richard Cyr. Carmen, reine du western, vient assumer haut et fort qui elle est.
En hors programme, avant le début officiel de cette saison qui s'annonce riche, le TNM recevra Dominique Blanc et le metteur en scène et réalisateur français Patrice Chéreau. Avec son co-metteur en scène Thierry Thieû Niang, il a monté le récit autobiographique de Marguerite Duras, La douleur. Un solo où une femme, pendant la Deuxième Guerre, vit avec difficulté l'absence de son mari, incarcéré dans un camp de concentration.
Les détails sur la programmation et les abonnements sont disponibles sur le site du TNM.
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