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Bachand: les Québécois doivent payer pour les services publics reçus

Bachand: les Québécois doivent payer pour les services publics reçus
CP

QUÉBEC - Un contribuable qui veut obtenir un service public doit accepter de payer de sa poche une partie de la facture, selon le ministre des Finances, Raymond Bachand. Et il devrait apprendre à le faire avec le sourire.

Lors d'une entrevue à La Presse Canadienne, qui aura duré près d'une heure et demie dans ses somptueux bureaux de la rue Saint-Louis, dans le Vieux-Québec, le ministre s'est livré à un plaidoyer en faveur de la "juste part" payée par les contribuables et d'un nécessaire changement de mentalité à cet égard, quelques jours avant la présentation de son budget.

Comment se traduira concrètement cette volonté gouvernementale de se désengager un peu plus du financement des services publics? La réponse viendra le mardi 20 mars à 16 heures.

En cette période d'effervescence pré-électorale, ce troisième budget du ministre Bachand pourrait aussi acquérir une valeur stratégique, devenant la pièce maîtresse sur laquelle le gouvernement Charest tablera pour solliciter un quatrième mandat à la population.

Chose certaine, la formule "Que chacun paye sa juste part" des services publics semble en passe de devenir le mantra du gouvernement Charest, et pas seulement pour les droits de scolarité.

Aux yeux de Raymond Bachand, il ne fait pas de doute qu'une société en santé sera fière d'affirmer ceci : "Je veux des services, mais je ne peux pas toujours demander aux autres de payer pour".

Le ministre a de la suite dans les idées, et revient à la charge avec sa "révolution culturelle" en matière de financement des services publics, un concept qu'il avait lancé en février 2010 pour annoncer les hausses à venir : 2 pour cent de TVQ, taxe sur l'essence, tarifs de toutes sortes et cotisation santé annuelle de 200$, notamment.

Et si ce n'était pas encore suffisant pour maintenir le niveau actuel de services publics?

Le principe de la " juste part " payée par le contribuable "devrait s'appliquer partout, sauf dans la santé de base, parce que la santé on a décidé comme société que c'était gratis", a précisé le ministre, toujours à la recherche de nouvelles sources de revenu.

Il faut donc que "chaque citoyen, quand il demande quelque chose à l'État, il se demande c'est quoi la juste part, comme moi je dois faire", ajoute M. Bachand, qui dit rédiger son budget en pensant à ses trois enfants. Il éprouvera un sentiment de fierté le jour où cette "révolution culturelle" deviendra réalité, car elle se fera au profit des générations futures.

Tableaux à l'appui, M. Bachand soutient qu'il est faux de prétendre que le fardeau des contribuables s'est alourdi, avec toutes ces hausses de taxes et de tarifs, puisque le gouvernement a baissé les impôts, en contrepartie.

Déficit zéro?

Quoi qu'il en soit, en attendant l'avènement de la " révolution culturelle ", la situation budgétaire du gouvernement demeure très fragile, au point où on a dû songer à repousser l'échéance du retour à l'équilibre budgétaire pour faire entrer plus d'argent dans les coffres.

"La question s'est posée", convient le ministre, car la mission première du gouvernement est de soutenir l'économie et l'emploi, quand le taux de chômage se maintient au-dessus de 8 pour cent. Mais après réflexion, le gouvernement a plutôt choisi de s'en tenir à son plan de match, tout en reportant d'un an (en 2014-2015 au lieu de 2013-2014) un montant d'un milliard $ de mesures.

Québec garde donc le cap sur le déficit zéro en 2013-2014, mais dans ce contexte mondial d'incertitude économique, atteindra-t-il son objectif? La probabilité "est très forte", croit le ministre, prudent, sachant qu'il a dans sa manche une provision de 400 millions $ pour d'éventuels coups durs, dont il croit pouvoir se passer cette année.

M. Bachand se fait rassurant, en prédisant qu'en 2015 le Québec affichera un surplus budgétaire de 2 milliards $, somme qui servira à rembourser la dette, véritable boulet des finances publiques. Car pendant que le gouvernement lutte contre son déficit, la dette brute du Québec _ la plus élevée au Canada _ dépasse les 173 milliards $ (soit 55 pour cent du PIB). On prévoit qu'elle atteindra 184 milliards $ en 2012, et 202 milliards $, en 2015.

Cap sur le Plan Nord

Dans ce contexte, la création de plus de richesse devient un ultimatum et le Plan Nord la solution privilégiée.

Sans surprise, le budget du 20 mars mettra l'accent sur l'exploitation des ressources naturelles, par diverses mesures "très ciblées et structurantes" destinées à certains secteurs d'activité porteurs, en vue de leur "donner un élan", dit le ministre, sans préciser.

Le temps est venu, selon lui, de montrer à la population que le Plan Nord n'est pas une vague idée, mais "que c'est vrai le Plan nord, que ça se passe en réalité, et que ça va bien". L'an dernier, le cadre financier du Plan Nord avait été fixé à hauteur de 1,6 milliard $ pour cinq ans, grâce à divers investissements en infrastructures, dont des routes d'accès.

"Toutes les ressources naturelles vont occuper une place importante dans le budget", confirme-t-il, avec la mise à jour du cadre financer présenté l'an passé. Le niveau de participation de l'État dans les minières, évalué l'an passé à 500 millions $ sur cinq ans, pourrait bien être revu à la hausse dans le budget.

Après avoir fixé le niveau de redevances des minières et celui prévu pour l'industrie du gaz de schiste, Québec fixera ses attentes dans le secteur de l'exploration pétrolière en matière de retombées et de redevances.

Toujours en vue de stimuler l'économie, Québec va créer un nouveau fonds de capital de risque dans un "sous-secteur" d'activité qu'il n'a pas voulu nommer. "On a identifié un maillon faible qui pourrait être renforcé", selon lui.

Tout doit être mis en oeuvre pour que le Québec demeure concurrentiel à l'échelle planétaire, dit-il, car "c'est pas en dormant au gaz qu'on va prendre notre place".

Soins à domicile pour les aînés

Sur le plan social, les personnes âgées formeront la clientèle-cible du budget Bachand 2012. Québec fera un effort particulier pour leur permettre de demeurer dans leur maison le plus longtemps possible, et ainsi soulager d'autant le réseau de la santé et des CHSLD, car "ça coûte moins cher aussi" au trésor public.

Québec mettra donc à contribution les organismes d'économie sociale prodiguant des soins à domicile aux personnes âgées, qui joueront "un rôle majeur" en vue de reporter l'échéance du grand départ vers le CHSLD. Leur rôle sera "augmenté de façon importante".

Il faut s'attendre aussi à voir les crédits d'impôts aux aidants naturels des personnes âgées bonifiés.

Les Québécois doivent aussi mieux se préparer à la retraite. M. Bachand mettra de la chair autour du projet de création d'un régime volontaire d'épargne retraite, annoncé l'an dernier, en présentant un cadre financier et "toute l'architecture" du projet destiné à ceux qui n'ont pas de régime complémentaire à la pension versée par l'État. Les employés y seront inscrits automatiquement, mais auront le droit de s'en retirer.

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