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Des soldats dans le Grand Nord pour un exercice militaire (PHOTOS/VIDÉOS)

Soldats à la conquête du Grand Nord (PHOTOS/VIDÉOS)
PC

Depuis la semaine dernière, 200 réservistes provenant de différentes unités et régions du Québec se trouvent dans le deuxième village le plus au nord du Québec, Salluit, au Nunavik, pour mener un exercice nordique.

Des deux avions devant amener des journalistes et des visiteurs, l'un a dû s’arrêter à Kuujjuaq en raison d’un problème technique. Les pistes d’atterrissage étant plutôt rares dans le Nord, il valait mieux atterrir rapidement…

Pendant ce temps, à 600 km plus au nord, le froid est vif en sortant de l’avion. Température ressentie -48°, mais il a fait jusqu’à -55° deux jours plus tôt.

Une compagnie est déjà installée à une dizaine de kilomètres du village de 1300 habitants et dort sur place. Des Rangers du 2e Groupe de patrouilles des Rangers du Canada (2e GPRC) montrent aux 200 réservistes des 35e et 34e Groupe-Brigade du Canada et aux quelques soldats de la US Army Reserve National Guard du Maine et du Vermont comment fabriquer un igloo et se protéger efficacement du froid.

GUERRIER NORDIQUE EN IMAGES (la suite ci-dessous)

Guerrier nordique

Guerrier nordique

Toute erreur est impardonnable sous ces latitudes. Le major Serge Lapointe peut l’attester, lui qui a désormais une cicatrice sur sa joue droite, résultat d’une virée en motoneige. « C’est une morsure du froid que le Nord me laisse », dit-il à la blague.

Le lieutenant-colonel Richard Bélanger, commandant du 35e Groupe-brigade du Canada explique pousser encore plus loin le niveau d’entraînement. « Les communications par exemple. Les batteries résistent mal au froid. Il faut donc prévoir plusieurs systèmes: UHF, conventionnel et même cellulaire. J’ai un gars qui a monté une grande colline et qui avait un iPhone dont la batterie est passée de 50 à 12 %!»

Cet entraînement est l’occasion pour le groupe compagnie d'intervention dans l'arctique (GCIA) du Québec de mettre en application son mandat, favoriser l'apprentissage en milieu arctique ainsi que de sa communauté. Le but est ainsi de se familiariser avec les opérations nordiques et d’évaluer la capacité des Forces canadiennes à opérer en milieu hivernal rigoureux, de tester l’ensemble du personnel et du matériel et de fournir une opportunité aux soldats pour développer une connaissance de l’environnement et des exigences uniques des opérations arctiques.

Les réservistes ont aussi pu s’exercer aux tirs de mitrailleuses C6, C7 et C9.

En visite dans le Grand Nord, le brigadier-général Richard Giguère, commandant du Secteur du Québec de la Force terrestre et de la Force Opérationnelle Interarmées (Est) est satisfait de ce qu’il a vu. « La guerre en hiver est une des cordes majeures à l’arc de nos soldats. C’est important cet aspect hivernal, car nous sommes au Canada et que nous serons appelé à intervenir plus souvent au nord du 60e parallèle dans les années à venir. »

Rencontré pendant l’exercice, Charly, qui est Ranger depuis presque 10 ans, est satisfait de voir les Forces canadiennes venir dans sa communauté « Ça fait plaisir de les voir venir et s’impliquer chez nous.

Occupons le Nord

Depuis que Stephen Harper est premier ministre, jamais le Canada n’aura autant investi dans son armée (490 milliards $ sur 20 ans) et revendiqué sa part du Nord. Les exercices des Forces canadiennes dans l’arctique se multiplient (Guerrier nordique, Nanook, Arctic Ram, etc.) et l’enjeu devient de plus en plus évident : montrer aux autres pays la puissance du Canada à intervenir sur l’ensemble de SON territoire.

Dans sa Stratégie de Défense : le Canada d’abord, le gouvernement de Stephen Harper indique que l’ouverture du passage du Nord-Ouest offrira de nouvelles opportunités, mais également de nouveaux défis comme « l’augmentation d’activités illégales lourdes de conséquences pour la souveraineté et la sécurité du Canada et pouvant entraîner la nécessité d’obtenir de nouveau le soutien des militaires. » Le gouvernement prévoit d’ailleurs investir massivement dans l’Arctique avec des avions de patrouille maritime, des radars et des satellites pour améliorer les capacités de surveillance, la construction d'un port en eaux profondes à Nanisivik, l'aménagement d'un camp d'entraînement à Resolute Bay, et la construction de navires à coques renforcées.

Mais est-ce justifié ? La réponse est non pour Stéphane Roussel, chercheur à l’Université du Québec à Montréal : « Il est faux de dire que d'autres États remettent en question des parties significatives du territoire canadien. C'est soit symbolique, soit sur des parties très limitées des eaux revendiquées par le Canada. »

Plusieurs responsables des Forces canadiennes sont favorables à la présence de militaires pour des cas de recherches et sauvetages, mais désapprouvent l’argument d’invasion par le Nord.

Avec des températures aussi basses, un territoire tellement vaste et des équipements pouvant lâcher à tout moment, il serait plus qu’étonnant qu’un pays veuille attaquer par notre Nord. « Ce serait impossible au niveau du ravitaillement et il faudrait à l’armée attaquante traverser plusieurs milliers de kilomètres de toundra et forêts. Le Nord se défend très bien tout seul », indique le lieutenant-colonel Bélanger.

Quand on s’attaque au Nord, le Nord contre-attaque!

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