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NPD: Le parcours de francisation des députés québécois du NPD

NPD: de candidats poteaux à députés engagés
PC

La députée de Berthier Maskinongé, Ruth Ellen Brosseau, est de plus en plus à l’aise en français et peut même blaguer dans la langue de Molière.

À la question de savoir si les conservateurs devraient répondre en anglais à une question posée en français lors de la période des questions à Ottawa, Mme Brosseau lance du tac au tac: « Le gouvernement devrait faire des efforts. Le français est difficile, mais je peux les aider s’ils ne peuvent pas.»

Il y a huit mois, cette jeune députée néodémocrate n’aurait osé parler ainsi. Elle venait d’arriver sur la colline parlementaire, une parmi les 58 députés néodémocrates résultants de la vague orange au Québec.

Une arrivée des plus controversées, non seulement parce que Mme Brosseau vivait en Ontario, qu'elle avait passé une bonne partie de sa campagne électorale en vacances à Las Vegas, mais aussi parce que son français était quasi inexistant. Il s’en est ensuite suivie une rentrée fort houleuse, parce qu’elle ne connaissait pas bien sa nouvelle circonscription, et qu’elle s’exprimait mal dans la langue de ses électeurs.

Déterminée, elle a débuté son immersion française immédiatement; elle voulait prouver qu’elle était capable de remplir ses fonctions d’élue. «Je ne voulais pas lâcher », dit-elle.

Depuis les huit derniers mois, elle suit des cours intensifs de français, à raison de trois heures par jour, deux fois par semaine. «Je travaille exclusivement en français, dans mon bureau à Ottawa et dans mon bureau de comté», dit-elle.

Mme Brosseau affirme avoir une motivation particulière: son professeur de français était aussi celui de feu Jack Layton, l’ancien chef du NPD. Elle avoue toutefois ne pas avoir assez de temps pour la lecture, «sauf peut-être les journaux et les revues», confie-t-elle, ou bien «les livres de classe de mon fils de 11 ans qui étudie dans une école à Gatineau».

Mme Brosseau écoute les chansons françaises et préfère naturellement Fred Pellerin «parce qu’il vient de mon comté».

Des talents d'acteur utiles

Son collègue, le député de Jeanne-Le Ber, Tyrone Benskin, suit un parcours presque similaire. Avant même son arrivée à Ottawa, le français laborieux de M. Benskin avait fait objet d’une controverse, puisque durement critiqué par l’ancien chef bloquiste Gilles Duceppe.

Trois mois après son élection, M. Benskin avait été écorché par ses adversaires, qui l’accusaient d’avoir envoyé un document comportant des fautes de français à ses électeurs.

Depuis, il affirme se consacrer entièrement à ses cours de français. «Le vocabulaire s’améliore beaucoup, c’est la conjugaison qui est plus difficile. C’est plus facile de parler au présent, c’est difficile lorsqu’il s’agit du conditionnel, ou du subjonctif.»

M. Benskin affirme d’ailleurs que ses talents d’ancien acteur lui viennent en aide. «En ce moment, c’est comme lorsqu’un directeur te demande de lâcher ton texte et de commencer ta performance. Je suis en train d’apprendre à parler sans l’aide de mes livres, à parler plus lentement, plus correctement.»

Et à ceux qui le critiquent de poser les questions en anglais lors des débats aux Communes, M. Benskin réplique «J’avais un portefolio national comme porte-parole du parti en matière de patrimoine, dans ce sens là je dois faire un choix de poser mes questions ou de faires mes déclarations en anglais ou en français.»

Tant Mme Brosseau que M. Benskin affirment que la qualité de leur français n’entrave en rien leur travail de parlementaires. Ils étaient peut-être des candidats poteaux, mais assurent qu'ils ne seront pas des députés poteaux.

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