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Primaires républicaines: Newt Gingrich tente de se présenter en héritier de Ronald Reagan

La fantôme de Ronald Reagan s'immisce dans la campagne républicaine
AFP

Après les attaques personnelles, le décorticage des déclarations de revenus ou encore les agressions verbales lors des débats télévisés, la campagne des primaires républicaines a trouvé un autre sujet de pugilat.

À quelques heures de l'issue du vote conservateur en Floride, Mitt Romney et Newt Gingrich n'ont pas trouvé mieux que de s'écharper au sujet de... Ronald Reagan.

L'ancien président américain a beau être mort depuis 2004, le débat s'oriente maintenant autour du fait de savoir si Newt Gingrich est bien l'héritier de la gloire républicaine. Le sort des citoyens viendra donc dans un second temps.

Tout est parti de la petite déclaration de Newt Gingrich distillée la semaine passée, citant une parole de Nancy Reagan, la veuve de celui à qui l'on attribue "la victoire" sur le bloc communiste. Selon Gingrich, elle l'aurait honoré en 1995, en le présentant comme l'héritier de Ronald Reagan à qui l'ancien chef d'Etat "aurait transmis le flambeau".

Newt investi par les morts? En tout cas la petite phrase a fait son effet devant son parterre de supporteurs, déjà acquis à sa cause lors du meeting. Sauf que Gingrich a oublié un petit détail: Nancy Reagan parlait de l'ensemble des membres républicains du Congrès, et pas seulement de lui. Gingrich, le "récupérateur", a été personnellement cité car il animait la conférence à laquelle Nany Reagan participait.

Regardez la vidéo, retrouvée pour l'occasion:

L'esprit de Reagan, pour gagner les cœurs conservateurs

Newt Gingrich se présente très régulièrement comme le digne représentant de celui fut président des États-Unis entre 1981 et 1989. Ronald Reagan a la particularité d'avoir été le dernier républicain élu à la responsabilité suprême en réunissant toute les qualités: une pure idéologie conservatrice couplée à une efficacité remarquable dans l'opinion.

Cette comparaison devient aujourd'hui le principal argument dans la campagne du candidat conservateur, proche du Tea Party. À tel point qu'il n'hésite pas à affirmer avoir "souvent travaillé, combattu et beaucoup appris" aux côtés de l'ancien président au cours de son mandat. On aégalement pu l'entendre dire: "nous avons aidé à vaincre l'empire soviétique" et "j'ai aidé le Congrès à mener l'effort pour vaincre le communisme"...

Pourtant, Gingrich était très virulent contre Reagan...

La réalité est cependant un peu différente. Et les preuves ressurgissent, notamment dans une déclaration adressée au Congrès le 21 mars 1986, censée juger les cinq premières années de Reagan au pouvoir.

Newt Gingrich n'avait pas hésité à comparer Reagan à Chamberlain après la rencontre avec Hitler à Munich en 1938, lorsque Reagan a proposé le sommet de Rejkiavik avec Gorbachev en 1985.

Il souligne que "l'administration Reagan a échoué (ndlr: dans sa lutte contre le communisme), échoue et, sans un changement radical dans sa stratégie, continuera à échouer (...). Le président Reagan est clairement en train d'échouer", martèle-t-il encore.

Concernant la politique menée en Afghanistan, Gingrich catégorisait "l'impuissance [et] l'incompétence" du 40e président des États-Unis.

Certains corroborent ses accents anti-Reagan

Ces quelques perles ont été rapidement commentées par d'anciens politiciens en fonction à l'époque. C'est le cas d'Elliot Abrams, ancien assistant au secrétariat d'État des administrations Reagan et Bush:

"Gingrich a régulièment voté avec le président, mais a aussi souvent craché un discours insultant à l'égard de Reagan, ses principaux conseillers et sa politique envers le communisme. Gingrich était volubile et prédisait l'échec des politiques de Reagan. L'histoire montra qu'il avait complètement faux."

Richard Williamson, ancien ambassadeur américain à l'ONU, distille également des commentaires minimisant le rôle de Gingrich:

"Il serait inexact d'affirmer qu'il était une personnalité incontournable ou de dire qu'il était un supporteur régulier. C'est mon sentiment, et je crois que c'était également celui de mes collègues."

"Newt Gingrich a fait une proposition pour geler le budget en 1983. C'était une idée tentante, s'il l'on excepte le fait qu'elle aurait paralysé notre programme de défense. Et si nous faisons une exception là-dessus, chaque groupe d'intérêt nous aurait demandé la même chose."

Un peu faible pour quelqu'un qui ne cesse de citer l'ampleur de son travail auprès de l'ancien président. Et pas si louangeur.

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