Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Fidel Castro, l'assassin de Cuba

Rien de ce qu'il dit avoir fait n'est vrai. Il s'est approprié l'île, il l'a faite sienne comme si c'était une propriété de plus, comme celle de son père propriétaire terrien galicien.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Je lis partout l'éloge de celui qui a été, ni plus ni moins, l'assassin des aspirations de tout un peuple, et qui a anéanti l'âme des Cubains. Castro premier, le grand bourgeois transmué en révolutionnaire, est mort. Rien de ce qu'il dit avoir fait n'est vrai. Il s'est approprié l'île, il l'a faite sienne comme si c'était une propriété de plus, comme celle de son père propriétaire terrien galicien.

Fidel Castro est né à Cuba, mais n'a jamais compris les Cubains, ni n'a jamais su ce qu'était ce pays. Le gangster universitaire qui tua en pleine jeunesse d'un coup de feu en pleine nuque un leader étudiant, Manolo Castro, continua à faire feu et à détruire tout au long de ses quatre-vingt-dix années d'existence dévastatrices. Ses fusillades et ses bombes terroristes inspirèrent les narco-guérilleros latino-américains, les FARC, les criminels de l'ETA. Il fit raser des villages africains en utilisant des armes chimiques. Par sa faute des centaines de milliers de jeunes Cubains moururent dans des guerres qui n'avaient rien à voir avec eux, et d'autres centaines de milliers disparurent en mer, dévorés par les requins. Sans compter les prisonniers politiques. L'un d'eux, Mario Chánes de Armas, qui lutta contre Fulgencio Batista et ensuite contre Fidel Castro, fut condamné et passa trente-six ans et un jour en prison, dans les pires et inimaginables conditions. Son fils naquit et mourut en bas âge, sans que Chánes de Armas puisse jamais voir son fils, on ne le laissa pas. Mais personne ne mentionne Chánes de Armas comme l'homme qui a passé le plus d'années dans une cellule, isolé et impitoyablement torturé.

Castro n'a construit aucun hôpital, tous existaient avant 1959. Les médecins durent partir de Cuba en fuyant, car on les expulsa en fermant leurs cabinets privés. Il fit fabriquer à la chaîne des médecins et des maîtres Makarenko sur le modèle soviétique. Il expulsa aussi les Nord-Américains, en saisissant leurs biens, de là l'origine de l'embargo dont on a tant parlé, sans parler bien sûr du véritable embargo, celui que Castro imposa à son peuple. Il livra le pays aux soviétiques pendant plus de trente ans, invasion réelle et humiliante que personne ne mentionne, et qui fit des Cubains des citoyens de seconde zone.

Il mit un terme à la liberté de la presse et supprima des journaux. Il enterra l'œuvre d'intellectuels, d'historiens, de musiciens... Il interdit livres, peintures et partitions. Il ensevelit la véritable culture cubaine. Il s'appropria José Martí, le véritable révolutionnaire de Cuba, et en tira tout le parti possible, jusqu'à parvenir à imposer la figure d'un Argentin communiste qui se voua à fusiller des Cubains.

Un tyran est mort, mais je ne vois que des hommages, presque aucune condamnation. Il a exécuté massivement des innocents, il a réprimé homosexuels et lesbiennes, il a réduit à zéro écrivains, artistes, peintres, il exila plus de vingt pour cent de la population. Mais on continue à chanter ses louanges.

À l'inauguration de l'École Internationale de Cinéma de San Antonio de Los Baños, en 1989, je l'ai entendu dire dans un de ses discours interminables qu'il s'était toujours "méfié des intellectuels". Rappelons son célèbre discours au début de la Révolution à l'adresse des intellectuels : "À l'intérieur de la Révolution, tout ; contre la Révolution, rien", phrase tristement célèbre. C'est alors qu'il réduisit au silence José Lezama Lima et Virgilio Piñera. Lydia Cabrera et Guillermo Cabrera Infante durent s'exiler, et plus tard Reinaldo Arenas. Et bien d'autres.

Pour ma part, j'ai vu Fidel Castro à trois reprises. La première, j'avais douze ans. On m'avait envoyé à une école aux champs obligatoire ramasser des patates. Fidel Castro passa à midi en hélicoptère juste au moment où le soleil tapait au plus fort. Il nous lança d'en haut des bonbons et nous avons couru attraper ces friandises disparues depuis si longtemps de notre palais enfantin. Une heure plus tard Fidel Castro arriva au sillon où nous nous trouvions, mastiquant ces bonbons de pierre tout en extrayant les patates de la terre durcie. Il nous avoua que c'était lui qui nous avait lancé les bonbons (nous ne l'avons appris qu'à ce moment), et qu'il jugeait insupportable ce que nous avions fait, car nous avions abandonné notre travail pour aller ramasser ces symboles de l'impérialisme yankee. Et qu'il ne pouvait plus avoir confiance en nous, car si l'ennemi passait et nous lançait des bonbons nous serions capables de tout abandonner, même la Révolution, pour aller ramasser n'importe quoi que nous lancerait l'ennemi. Fidel avait l'air furieux, en colère. J'observais ses ongles longs et pointus sur des doigts énormes, osseux. Ses mains brassaient l'air en tous sens. Et voilà qu'un de ses ongles s'enfonça sur ma clavicule, et il m'accusa d'avoir été la première à partir en courant chercher ces bonbons. C'était vrai, je l'avais fait. Je n'ai rien pu dire, je suis restée muette. Mes camarades m'ont regardée, terrorisées. Intimidée, je n'ai pas réagi. Encore aujourd'hui je ne réagis pas et je me rappelle cet ongle aiguisé s'enfonçant dans ma peau, jusqu'à me faire mal.

Tandis que Fidel se consacrait à parcourir le pays en enfonçant ses ongles sur les clavicules des enfants cubains entre autres gracieusetés héroïques pour certains, Raúl procédait à des exécutions massives ordonnées par son frère aîné.

Le tyran est mort. Mais la dictature continue. Soutenue par les marchands et les adulateurs du monde entier, ceux qui ont collaboré à l'esclavage des Cubains. Castro II continue à assassiner des leaders de l'opposition, à asservir le peuple, et bien que très âgé, certains croient encore que ce sera lui qui, maintenant à l'ombre de son principal protecteur, autorisera Cuba à construire le capitalisme, après plus d'un demi-siècle à tenter de construire le socialisme et à détruire le pays. Qu'ils continuent à croire à cette gigantesque bulle d'air mais, lorsqu'elle leur éclatera au visage, alors les Cubains ne pardonneront pas à ceux qui pendant si longtemps les ont offensés et humiliés au nom du castro-communisme.

(traduit de l'espagnol par Albert Bensoussan)

Dernier ouvrage paru: 2015 "La Habana, mon amour"

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Fidel Castro en photos

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.