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Budget du Canada: s'endetter davantage ne permettra pas une relance durable

Toute banalisation des enjeux liés à l'accroissement de la dette est une menace, car cela pourrait faire sombrer le Canada dans un déficit structurel.
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Le déficit de 18,4 G$ annoncé dernièrement par le ministre des Finances Bill Morneau risque de se révéler encore plus lourd, car le gouvernement du Canada n'a pas encore dévoilé les différents programmes qu'il entend mettre en place. Dans le contexte économique actuel, le gouvernement a tout intérêt à se pencher de façon prioritaire sur un contrôle plus strict des dépenses publiques régulières, ainsi que sur la mise en place de mesures incitatives à l'investissement dans le secteur privé, à l'accroissement de la productivité et aux exportations, qui devraient profiter au maximum de la fenêtre d'opportunité offerte par la dépréciation du huard.

Investir davantage dans les infrastructures, comme Ottawa semble privilégier, est certainement une façon incontournable d'améliorer notre compétitivité que nous encourageons. Mais ces projets doivent bénéficier aussi aux générations futures, car on ne devrait pas refiler la facture de ces plans de relance déficitaires aux contribuables de demain s'ils ne pourront pas en profiter.

Il nous semble prioritaire de le rappeler : le Canada n'est pas en récession. Rien ne justifie qu'on finance ces investissements en faisant exploser le déficit.

Retomber dans une logique d'endettement remettrait également en cause un autre objectif crucial pour améliorer la compétitivité de notre économie et notre niveau de vie : celui de réduire le fardeau fiscal. Seules des finances publiques saines permettront en effet au gouvernement fédéral de maintenir une fiscalité concurrentielle pour les entreprises et les particuliers et, ainsi, favoriser les investissements, la création d'emplois et la prospérité au pays. Le gouvernement doit faire de la révision des dépenses d'opération non essentielles une priorité s'il veut préserver sa capacité de réagir face au prochain soubresaut économique.

Pour que les investissements puissent se traduire concrètement en projets, le gouvernement fédéral devrait mettre en place des critères qui permettent leur mise en place rapide, afin d'éviter des délais en matière d'approbation - comme c'est le cas actuellement pour les investissements dans les infrastructures.

Ce qu'il devrait viser, c'est aussi une réduction du fardeau fiscal de tous, au lieu d'augmenter les impôts des plus nantis, de même qu'une révision des différents programmes payés par les cotisations sur la masse salariale. Celles-ci constituent en effet un fardeau important qui nuit à la création d'emplois.

Il devrait miser sur des investissements dans la productivité et l'innovation, car le Canada fait encore piètre figure en matière de financement en R&D parmi les pays de l'OCDE, ainsi que dans la commercialisation des produits innovants, pour que ces derniers puissent atterrir dans le marché.

En outre, une participation dans Bombardier, comme l'a fait Québec, serait garante d'un essor du secteur aéronautique canadien, secteur grandement innovant qui est responsable d'une très grande partie de nos exportations.

Il devrait encourager l'exploitation responsable de nos ressources naturelles, qui passe aussi par la construction d'infrastructures de transport modernes et sécuritaires, qui permettraient un approvisionnement d'hydrocarbures canadiens partout au pays.

Il devrait réglementer le commerce en ligne, d'où échappent des montants considérables de taxes au fédéral et aux provinces, et qui soumet nos entreprises à une sorte de concurrence déloyale.

Il importe qu'il révise davantage le programme des travailleurs étrangers temporaires, où les changements apportés, bien que louables, représentent un obstacle majeur à l'obtention de contrats pour les entreprises et au maintien d'emplois pour les Canadiens.

Il devrait poursuivre ses efforts en matière d'allégement administratif et réglementaire pour les entreprises et les particuliers, en revoyant entre autres le dédoublement d'organismes et de processus aux deux paliers gouvernementaux (pensons aux agences de revenu ou aux organismes d'analyse des grands projets économiques), car cela cause indéniablement des coûts et une complexité supplémentaires pour le gouvernement, les entreprises et l'ensemble des contribuables.

Il est nécessaire de renforcer l'économie canadienne de façon durable, en prônant des politiques soucieuses de léguer aux générations futures un pays en pleine santé financière. Toute banalisation des enjeux liés à l'accroissement de la dette est une menace, car cela pourrait faire sombrer le Canada dans un déficit structurel, alors qu'il faut améliorer la performance de notre économie et notre niveau de vie afin de renouer pour de bon avec la prospérité.

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