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SQDC et SAQ: deux monopoles, deux philosophies

Voici pourquoi l'approche-clientèle de la future Société québécoise du Cannabis (SQDC) sera différente de celle de la SAQ.
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On a appris le 14 février, que le gouvernement québécois aurait l'intention de modifier l'acronyme de la future société d'État, jusqu'alors désignée comme la SQC. On s'est rendu compte que la SQC existait déjà, soit la Société québécoise de la Construction! Ça commence bien.

Bien que le projet de loi 157 visant à créer la Société québécoise du Cannabis ne soit pas encore adopté, on en a déjà eu un aperçu, lors d'une récente entrevue accordée par M. Alain Brunet (Voir: Le pari aventureux de la SAQ avec le cannabis).

Le gouvernement du Québec a en effet décidé qu'à compter du 1er juillet prochain, la commercialisation de cette drogue sera confiée à une nouvelle société d'État, la SQDC, laquelle sera une filiale de la SAQ.

Il faut dire que le gouvernement du Québec se devait de procéder rapidement puisque le gouvernement fédéral avait décidé de légaliser pour cette date la vente du cannabis au Canada.

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Certains ont déjà émis l'opinion que de confier la vente au détail du cannabis à la SAQ par l'entremise d'une nouvelle filiale étatique et monopolistique n'était pas la plus prometteuse à long terme.

Malgré le fait que la SQDC et la SAQ aient comme priorité de préserver la santé de leur clientèle avec de saines habitudes de consommation, il y aura cependant entre ces deux monopoles, d'importantes différences dans la manière de vendre leurs produits.

Comparaison

SQDC: ne fera pas de marketing

SAQ: publication régulière de circulaires, publicités à la télé, promotions diverses, carte Inspire, etc.

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SQDC: n'a pas comme mission de faire de l'argent

SAQ: avec plus d'un milliard de profit par année, c'est plutôt le contraire

SQDC: fera de la communication pour former les gens

SAQ: propose des pastilles de goût pour éduquer sa clientèle

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SQDC: proposera sans doute les meilleurs prix au Canada (voir ici)

SAQ: malgré une récente amélioration, il y a encore loin de la coupe aux lèvres

Il n'y a pas si longtemps

Ceux et celles d'un certain âge se rappelleront probablement que jusque vers la fin des années 80, la SAQ adhérait pourtant à plusieurs des principes de la future SQDC.

Le but premier était de vendre du vin et de l'alcool tout en faisant de l'argent, alors que de nos jours on veut faire de l'argent en vendant du vin et de l'alcool. Il y a bel et bien ici une nuance importante.

Je n'ai rien contre le virage un peu plus commercial amorcé dans les années 90, mais il faut convenir que cela a mené à plusieurs dérapages, dont certains (mais pas tous) sont heureusement en voie d'être corrigés.

Avec ses circulaires, ses rabais et sa carte-fidélité, la SAQ est devenu un commerçant comme un autre, à l'exception que celle-ci détient le monopole de l'achat et de la distribution du vin et des spiritueux.

Que réserve l'avenir à la SQDC?

Si le passé est garant de l'avenir, on peut prédire que plusieurs choses seront différentes d'ici quelques années, si un monopole gouvernemental existe toujours pour le cannabis.

Si au départ les prix au Québec seront parmi les meilleurs au monde (la 20è place sur 120 pays), c'est pour s'accaparer le plus rapidement possible une grande part du marché illégal du cannabis, soit 30% dès la première année.

Le prix du cannabis sera établi notamment en fonction de celui qui a cours sur le marché illicite.Le cabinet du ministre des Finances, Carlos Leitão

Il vous a été expliqué en avril 2017 que c'est l'absence de concurrence qui a été la cause de nombreux inconvénients pour les consommateurs en ce qui concerne la SAQ (Voir: 10 pratiques que la SAQ n'utiliserait plus avec un minimum de concurrence).

La SQDC devrait d'ici quelques années venir à bout du marché noir. Devenant ainsi la seule à pouvoir vendre du cannabis, les prix augmenteront forcément par la suite.

Et que se passera-t-il après?

Extrapolons et hallucinons un peu

Il est fort probable par la suite que le gouvernement exigera de plus en plus de dividendes de la SQDC. Celle-ci n'aura d'autres choix que d'emprunter les manières de faire de la SAQ pour augmenter son chiffre d'affaires, ainsi que ses profits.

Déjà le jupon dépasse un peu, car malgré le fait que la loi fédérale autorise les particuliers à cultiver un maximum de 4 plants de cannabis par résidence, le gouvernement du Québec ne le permettra pas à ses citoyens. Si vous voulez de la marijuana, il vous faudra donc absolument vous la procurer par l'entremise de la SQDC.

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Je sais que le gouvernement provincial a déclaré que tous les profits générés par la vente de cannabis seront dédiés à la prévention, mais n'oublions pas que le patron de la SQDC sera le ministre des Finances, pas celui de la santé.

Il serait plutôt incroyable que l'on ne succombe éventuellement pas à la tentation de profiter d'une autre vache à lait, surtout si les profits à la clé risquent d'être stupéfiants!

Déjà en décembre 2015, la chaîne Musique Plus avait déjà imaginé qu'afin de satisfaire les goûts d'une clientèle de plus en plus sophistiquée, le futur détaillant de cannabis, à l'instar de l' Espace Cellier de la SAQ, finira bien par créer celui-ci:

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Les beaux principes de ne pas faire de marketing afin de ne pas faire augmenter la consommation ayant pris le bord, pourquoi s'arrêter en si bon chemin?

Elle pourrait proposer, pour les paresseux ou les moins doués, du cannabis en joints. "Arrêtez de rouler et laissez-nous vous rouler", serait alors un bon slogan.

Et pourquoi pas des rabais dans la même veine qu'offre la SAQ avec sa carte Inspire? "Achetez 200 joints et obtenez-en un gratuitement".

Si la clientèle de la SAQ se contente de pastilles de goût comme outil d'éducatif pourquoi celle de la SQDC n'en ferait-elle pas autant? Musique Plus y a déjà pensé.

www.musiqueplus.com

Nous pourrions tous être bien surpris de l'évolution que prendra la vente au détail du cannabis au Québec.

N'oublions pas que le projet de loi C-45 du gouvernement fédéral permettra dès 2019 la mise en marché de produits dérivés du cannabis (plats cuisinés, bières et boissons alcoolisées aromatisées au cannabis, etc.).

Quelque chose me dit que nous en verrons éventuellement de toutes les couleurs et que cela ne sera pas uniquement dû à l'effet de ce psychotrope.

www.moziru.com

Si le cannabis a la réputation de stimuler l'appétit, pour ma part, en parler me donne soif! J'ai 5 recommandations de vins pour vous cette semaine, en provenance de France, de l'Espagne, du Portugal, et de l'état de Washington, à des prix variant de 12,20$ à 20,00$.

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