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91% des vins vendus dans le monde coûtent moins de 10 $

Boire du vin au Canada est considéré comme un vice par plusieurs personnes, dont nos gouvernements, et on vous le fait payer cher! Contrairement au reste du monde, on NE peut PAS acheter au Canada une bouteille de vins pour moins de 5$...... Et au Québec, c'est encore pire!
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pouring wine into a glass...
courtoisie
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Boire du vin au Canada est considéré comme un vice par plusieurs personnes, dont nos gouvernements, et on vous le fait payer cher! Contrairement au reste du monde, on NE peut PAS acheter au Canada une bouteille de vin pour moins de 5$...... Et au Québec, c'est encore pire!

Avant de décider quels correctifs apporter à toute situation problématique, il est toujours préférable de bien connaître la situation présente. Plus qu'un simple billet, je convie aujourd'hui les esprits curieux et critiques à prendre connaissance de cet article de fond qui brosse un portrait fidèle et concret du marché du vin à travers le monde.

C'est le 24 janvier dernier à Montréal, que M. Robert Beynat, directeur général de Vinexpo, a dévoilé au Ritz Carlton, les résultats d'une étude commandée à l'ISWR (International Wine & Spirit Research) sur le marché mondial du vin et des spiritueux.

L'ISWR a colligé pour réaliser cette étude des données en provenance de plus de 114 marchés mondiaux, soit 28 pays producteurs de vin (le Canada en est un) et 86 pays non producteurs. Le marché mondial est ainsi analysé sous toutes ses coutures et les chiffres ne manquent évidemment pas. Ce marché mondial représentera en 2016 des ventes au détail de 164.5 milliards de $US (31.5 milliards de bouteilles), soit l'équivalent de l'industrie mondiale des cosmétiques!

Récemment quelques chroniqueurs ont brièvement déjà parlé de cette étude mais je me suis pour ma part attardé à l'analyser pour vous un peu plus en profondeur.

Pour débuter, voici le tableau pour le volume de la consommation mondiale de vin exprimé en millions de caisses et par tranches de prix payés par les consommateurs en dollar US qui est présentement presque à parité avec le nôtre (1$ US = 1,03$ CAD):

À partir des chiffres de ce tableau (reproduit avec autorisation), nous pouvons calculer et affirmer que la consommation mondiale de vin en 2011 (données les plus récentes disponibles) est répartie comme suit:

69,92% de tous les vins vendus dans le monde coûtent moins de 5$ US

21,44% de tous les vins vendus dans le monde coûtent entre 5$ et 10$ US

91,36% de tous les vins vendus dans le monde coûtent moins de 10$ US

Les ventes mondiales de vin de plus de 10$ US ne représentent donc seulement 8.64% du total.

Intéressant n'est-ce pas?

Le deuxième tableau représente le volume des ventes de vin pour le Canada (les données pour le Québec y étant incluses) exprimé lui aussi en millions de caisses et par tranches de prix payés par les consommateurs en dollar US:

À partir des chiffres de ce tableau, nous pouvons calculer et affirmer que la consommation de vin au Canada en 2011 (données les plus récentes disponibles) est répartie comme suit:

0% des vins vendus au Canada coûtaient moins de 5$US (inexistant)

30.5% des vins vendus au Canada coûtaient entre 5$ et 10$ US

(certainement pas grâce au Québec en tout cas!)

69.5% des vins vendus au Canada coûtaient plus de 10$ US

Ainsi, même si 69,92% des vins vendus dans le monde coûtent aux consommateurs moins de 5$ US, cette échelle de prix est totalement absente au Canada, en faisant presque le seul pays au monde dans cette situation. Selon M. Beynat de Vinexpo, l'application de taxes très élevées sur l'alcool vendu au Canada et la présence de nombreux monopoles provinciaux (SAQ, LCBO, BCLDB, etc.) en sont les causes principales.

Et au Québec?

Il n'existe pas de chiffres dans cette étude pour la province de Québec, ceux-ci étant inclus dans ceux du Canada. Nous savons par contre qu'il existe maintenant moins de 1% des vins du répertoire de la SAQ qui sont vendus moins de 10$ et qui représentent (soyons généreux) au plus 3% de son chiffre d'affaires total (mais sans doute moins).

Le Québec, qui représente à lui seul le tiers du marché total du vin au Canada, fait donc diminuer de beaucoup la moyenne canadienne pour les vins vendus moins de 10$ puisqu'il n'y en a déjà ici presque plus. Sans le Québec, la part de marché des vins vendus au Canada pour moins de 10$ passerait vraisemblablement de 30.5% à plus de 40%.

En résumé...

Seulement 8.64% des vins du monde entier coûtent plus de 10$ US

Mais .........60% des vins vendus dans le reste du Canada coûtent plus de 10$ US

Et pire.......97% des vins vendus au Québec coûtent plus de 10$ US

Le célèbre dicton « On se regarde on se désole, on se compare, on se console » ne s'applique pas à nous, car au Québec c'est plutôt « On se compare...et on se désole encore plus! »

À la lumière de ces statistiques, on peut conclure que si le Canada est un parent pauvre de la commercialisation mondiale du vin, le Québec est lui, un dernier de classe. Les Québécois(e)s ont l'insigne honneur d'avoir la seule économie parmi les pays occidentaux, à avoir à ce point imposé la ghettoïsation au commerce du vin sur leur territoire.

Peut-on alors être vraiment surpris si de plus en plus des citoyens cessent de se croiser les bras et réagissent par le biais de pétitions, de lettres à leurs députés, et même de recours collectif afin d'amorcer un changement de cap vers une certaine normalité?

Il est fort dommage de constater que notre gouvernement provincial défend bec et ongles sa vieille idéologie dépassée de vase clos, et utilise la peur de risques fictifs qui menaceraient la population si le présent système changeait le moindrement, pour convaincre celle-ci qu'il a raison d'agir ainsi, que c'est leur politique qui est la bonne, et que c'est le reste du monde au complet qui est dans l'erreur. Le déni total et l'isolationnisme c'est entre autres ça.

L'étude indépendante citée ci-dessus démontre hors de tout doute que le Québec fait maintenant complètement bande à part avec le reste du monde avec son mode de sélection, de tarification et de distribution des vins vendus dans notre province. C'est le seul point que je veux apporter ici. Pas que l'on se fait baiser à l'os avec des prix surévalués sous le faux prétexte que c'est pour payer nos services sociaux. Pas qu'il faille absolument privatiser ou moderniser la SAQ. Et ni que nous devenons peu à peu la risée du monde entier.

Mais seulement vous démontrer, chiffres et preuves à l'appui, qu'au Québec, nos vins LES MOINS CHERS (soit 10$ environ puisque les vins de moins de 10$ sont en voie de disparition), se vendent PLUS CHERS que 91% de la totalité des vins qui se vendent dans le monde. C'est tout. Au moins, maintenant, vous le savez. Faites-en ce que vous en voulez.

Il est très dommage que plusieurs personnes refuseront d'examiner et d'accepter ces faits pourtant irréfutables et préfèreront continuer de garder, comme le fait si bien l'autruche, la tête dans le sable afin de ne pas voir la réalité. C'est leur droit le plus strict. Il n'est pas donné à tout le monde de réaliser qu'il est préférable qu'un esprit, tout comme un parachute, soit ouvert. Mais je dois les aviser que cette attitude d'aveuglement volontaire comporte cependant un risque à long terme, celui de mourir étouffé.

Merci à Marie-Claude Journault

pour son illustration!

Adresse courriel: joure20@hotmail.com

Fin du billet.....Maintenant faisons une mise à jour sur quelque chose d'important et qui a un lien direct avec le sujet d'aujourd'hui:

Suivi de la promesse de la SAQ

Suite à mon billet du 9 janvier dernier où je prédisais à moyen terme la disparition des vins vendus pour moins de 10$ à la SAQ, dès le lendemain, soit le 10 janvier, celle-ci a déclaré publiquement qu'elle n'avait pas l'intention de les faire disparaître et qu'elle était même pour ajouter de 5 à 10 vins cette année qui seraient vendus 10,95$ (??) ou moins.

63 jours plus tard, où en sommes-nous rendus?

À ma connaissance et sauf erreur, aucun nouveau produit de 10,95$ ou moins n'a été ajouté à date. Si c'est le cas, notre monopole d'état ne m'en a pas avisé tel que je lui en avais fait la demande. Malheureusement cependant, alors que 91% de vins vendus dans le reste du monde (format 750 ml) coûtent moins de 10$, ceux-ci continuent de fondre comme neige au soleil au Québec, surtout et ironiquement depuis le 10 janvier dernier, date où l'on avait pourtant déclaré vouloir en augmenter le nombre.

Voici les chiffres (format 750 ml):

Nombre de vins de moins de 10$ en janvier 2009 : 175

Nombre de vins de moins de 10$ en janvier 2013 : 63

Nombre de vins de moins de 10$ en mars 2013 : 43

Une diminution de près du tiers ou 33% en seulement deux mois!

Sans commentaires. Je vous laisse vous-mêmes tirer vos propres conclusions.

Suggestions de la semaine :

Si ce billet ne vous a pas complètement découragé d'acheter du vin au Québec, voici quelques recommandations de produits qui proposent qualité et originalité:

Vin blanc

Doral Expression, La Côte, Uvavins-Cave de la Côte, 2010, Suisse, 23,25$(voir ici)

Vins rouges

Marquès de Marialva Reserva, Bairrada, 2009, Portugal, 11,40$ (voir ici)

Fixin, Frédéric Magnien, 2009, France, 27,30$ (voir ici)

Cavaliere, Michele Satta, Toscane, 2006, Italie, 38,00$(voir ici)

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